L'Identité et l'Exil dans la Littérature Algérienne

L'Identité et l'Exil dans la Littérature Algérienne

Informations sur le document

Langue French
Format | PDF
Taille 2.05 MB
  • Identité
  • Exil
  • Littérature algérienne

Résumé

I.La Pluralité de la Littérature Algérienne Francophone

Cette étude explore la diversité de la littérature algérienne francophone, mettant en lumière la contribution des auteurs arabes et berbères, mais aussi des écrivains pieds-noirs et judéo-maghrébins. Elle questionne les discours critiques existants sur ces différentes littératures, notamment les travaux de chercheurs comme Guy Dugas (spécialiste de la littérature judéo-maghrébine) et Lucienne Martini (spécialiste de la littérature pied-noir). L'objectif est de déterminer si des spécificités esthétiques et thématiques irréductibles existent entre ces productions littéraires et de proposer une redéfinition de la littérature algérienne de langue française qui ne la réduise pas à une vision monolithique.

1. La Question de la Pluralité Littéraire

L'étude se concentre sur la pluralité de la littérature algérienne francophone, remettant en question les approches critiques qui ont souvent privilégié une vision monolithique, axée principalement sur la production arabo-berbère. Le texte souligne la contribution significative d'auteurs juifs et pieds-noirs, créant une littérature remarquable et complexe. L'analyse vise à dépasser les classifications simplistes et à explorer les points de convergence et de divergence entre les littératures arabe, juive et pied-noir. L'objectif principal est d'interroger un corpus de textes « mixtes » pour identifier les éléments de rapprochement et de différence, permettant ainsi de redéfinir la littérature algérienne francophone dans toute sa richesse et sa complexité, en incluant les productions pieds-noirs et judéo-maghrébines comme des composantes essentielles et non des exceptions. L'étude se base sur des analyses préalables de critiques littéraires et des travaux de chercheurs spécialisés, tels que Guy Dugas et Lucienne Martini, pour mieux comprendre les classifications établies et les questionner.

2. Approches Critiques et Questionnement des Discours Dominants

L'étude s'attache à déconstruire les discours critiques dominants concernant la littérature algérienne, notamment en ce qui concerne les productions arabes, juives et pieds-noirs. Elle met en avant un manque d'analyse nuancée de la pluralité des voix littéraires. Les chercheurs mentionnés, Guy Dugas et Lucienne Martini, servent de points de référence pour analyser les perspectives déjà existantes sur la littérature judéo-maghrébine et pied-noir. Le travail se propose de dépasser les classifications préexistantes en analysant des œuvres qui mélangent ces différentes influences. L'objectif est de cerner les spécificités esthétiques et thématiques de chaque groupe d'auteurs, sans pour autant les isoler dans des compartiments étanches. Il s'agit de comprendre si ces spécificités sont irréductibles ou si des ponts existent entre les différentes traditions littéraires. Cette analyse permet de proposer une lecture plus juste et complète de la littérature algérienne de langue française.

3. Redéfinition de la Littérature Algérienne Francophone

Le but ultime de cette recherche est de proposer une nouvelle compréhension de la littérature algérienne de langue française, une approche qui ne se limite pas à une seule et unique production, mais qui intègre la pluralité de ses composantes. En se focalisant sur les littératures pied-noir et judéo-maghrébine, l'étude vise à remettre en perspective la place majoritaire souvent attribuée à la production arabo-berbère. Il ne s'agit pas de nier l'importance de cette dernière, mais plutôt de la situer au sein d'un paysage littéraire plus large et plus diversifié. La redéfinition proposée est une tentative d'inclusivité, reconnaissant les contributions distinctes mais interreliées de différents groupes culturels. L’étude met l'accent sur une analyse comparative pour identifier les points communs et les différences, contribuant ainsi à une vision plus complète et nuancée de la littérature algérienne francophone.

II.Identité et Mémoire Collective dans les Sciences Humaines

Le document analyse la notion d'identité dans les sciences sociales, en particulier à partir des années 1990. Il examine les théories de penseurs clés comme Samuel P. Huntington ( The Clash of Civilizations), Edward W. Said (Orientalisme), Paul Ricœur (Soi-même comme un autre), Jean-Claude Kaufmann (L'invention de soi), et d'autres, pour comprendre l'impact de la mondialisation et des événements majeurs (guerre du Golfe, 11 septembre 2001, attentats de Charlie Hebdo) sur les dynamiques identitaires et les conflits mémoriels. L'ouvrage explore aussi le rôle de la sociologie et de l'anthropologie dans l'analyse de l'identité, et les débats autour de l'universalisme et du communautarisme, notamment en France. Des figures importantes telles qu'Amin Maalouf et Hélé Béji sont évoquées pour leurs analyses sur l'identité et la culture.

1. L essor des réflexions identitaires années 1990 et au delà

L'étude souligne que la réflexion sur l'identité a connu un essor important à partir des années 1990, suite à la chute du mur de Berlin et à la redéfinition de l'ordre géopolitique mondial. L'ancienne opposition entre le bloc communiste et le monde capitaliste ne suffit plus à analyser la nouvelle configuration internationale. De nouveaux antagonismes émergent, entraînant une interrogation sur la définition des relations internationales. Des événements majeurs comme les guerres du Golfe et les attentats du 11 septembre 2001, ainsi que l'attaque contre Charlie Hebdo en 2015, ont profondément bouleversé le panorama mondial, notamment avec l'essor d'une identité arabo-musulmane perçue comme menaçante. Cette évolution a poussé les intellectuels à se confronter à des notions complexes comme la civilisation, la culture et l'identité, pour tenter de comprendre les nouveaux rapports entre les nations. Samuel P. Huntington et son livre The Clash of Civilizations sont cités comme une illustration de cette nouvelle approche, avec son hypothèse controversée d'un conflit entre civilisations.

2. Approches théoriques de l identité Sociologie et Anthropologie

Le texte explore différentes approches théoriques de l'identité, en commençant par la sociologie. Jean-Claude Kaufmann et son ouvrage L'invention de soi sont analysés pour leur approche de l'identité dans les sociétés contemporaines, en mettant l'accent sur la critique de la notion même d'identité. L'influence de Claude Lévi-Strauss est mentionnée, soulignant la nécessité d'une mise en question constante de ce concept. La théorie de l'identité, développée notamment par Stryker, introduit les notions d'« identity salience » et de « commitment », pour illustrer l'aspect individuel et social de la construction identitaire. L'anthropologue Amselle est ensuite évoqué pour sa déconstruction de la notion d'ethnie et de la « raison ethnologique » dans le contexte colonial, proposant plutôt un « syncrétisme originaire » et un appel à des logiques métisses. L'influence de la mondialisation sur l'accentuation des revendications identitaires et la relation ambiguë entre ethnologie et colonialisme sont également soulignées. Amselle critique la French Theory tout en reconnaissant son importance pour la théorie postcoloniale.

3. Identité narration et temporalité La perspective de Paul Ricœur

L'œuvre de Paul Ricœur, notamment Soi-même comme un autre, est analysée pour sa contribution à la compréhension de l'identité. Ricœur distingue le « soi » et le « je », et différencie l'identité au sens d'« idem » (mêmeté) et d'« ipse » (ipséité). Son herméneutique du soi se distingue des philosophies du Cogito. L'identité est envisagée comme un processus narratif dynamique, une construction et une reconstruction constantes à travers le temps, rejetant toute conception substantialiste et fixe de l'identité. La question du rapport entre identité et temporalité est centrale chez Ricœur, développant le thème de l'identité narrative en lien avec la philosophie analytique et l'herméneutique. Son analyse se base sur la notion d'homme agissant et souffrant. Derrida est également mentionné pour sa réflexion sur le rôle de la langue dans la définition de l'identité, son expérience personnelle en Algérie servant d'exemple de l'appropriation non naturelle d'une langue.

4. Communautarisme Universalisme Républicain et Intégration

La section discute des conceptions du communautarisme et de l'universalisme républicain, en particulier dans le contexte français. L'analyse de Bayart dans L'Illusion identitaire est présentée, remettant en question les interprétations culturalistes et fatalistes des conflits interculturels. Bayart souligne les erreurs de méthode du culturalisme et propose un « éthos philosophique moderne » pour dépasser l'impasse entre universalisme et relativisme, promouvant le métissage et le mélange des valeurs. Hélé Béji et son ouvrage L'imposture culturelle sont également mentionnés pour leur analyse critique du culturalisme dans les pays décolonisés. La vision de Dominique Schnapper sur l'universalisme républicain comme seule protection des minorités est contrastée avec la perspective critique de Michel Wieviorka, qui souligne la nature souvent mythifiée et imparfaite de l'intégration républicaine française, mentionnant l'échec du modèle républicain et l'émergence de formes de communautarisme.

III.Histoire Algérienne Mémoire Collective et Exil

Cette section examine les enjeux mémoriels et identitaires liés à l'histoire de l'Algérie contemporaine, notamment la Guerre d'Algérie et l'exil massif de la population européenne et juive après l'indépendance. Elle souligne les conflits mémoriels entre les différentes communautés (Pieds-Noirs, Juifs d'Algérie, Harkis) et leurs récits divergents sur la guerre. L'impact de la loi française de 2005 sur la mémoire du conflit est également abordé. L'étude cite des travaux d'historiens comme Benjamin Stora et Claude Liauzu, qui éclairent des aspects moins connus de l'histoire franco-algérienne, comme le sort des Pieds-Noirs restés en Algérie après 1962 (études de Pierre Daum) et le rôle des Européens engagés auprès des nationalistes algériens (Liauzu).

IV.Littérature Exil et Mémoire Collective en Algérie

Cette partie analyse la façon dont la littérature algérienne francophone reflète les expériences de l'exil et les conflits de mémoire collective. Elle explore l'œuvre d'auteurs importants comme Albert Bensoussan (dont l'œuvre est analysée en détail, notamment son attachement à ses origines judéo-maghrébines), et d'autres écrivains représentant différentes communautés. L'étude mentionne l'importance des toponymes dans l'écriture de Bensoussan et explore le début du roman algérien de langue française en 1920 avec des auteurs comme Mohammed Bencherif. L'analyse considère également le rôle de l'Alliance Israélite Universelle (AIU) dans l'émancipation des Juifs d'Algérie et l'évolution de la littérature après 1962. Le travail de Leïla Sebbar, qui fait dialoguer les récits pluriels des communautés algériennes en exil, est également mentionné.

Référence du document