
Bilan de Cinq Années d'Activité du Service de Neurochirurgie du CHU Mohammed VI
Informations sur le document
Langue | French |
Format | |
Taille | 2.59 MB |
- neurochirurgie
- bilan d'activité
- doctorat en médecine
Résumé
I.I Infrastructure Sanitaire de la Région Marrakech Tensift Al Haouz
La région Marrakech-Tensift-Al Haouz, au centre-ouest du Maroc, compte 336 établissements sanitaires de base et onze hôpitaux, totalisant 2021 lits. Le CHU Mohammed VI de Marrakech concentre à lui seul 31,12% de ces lits. L’accès à l’eau courante et à l’assainissement est plus important en milieu urbain (respectivement 77% et presque 100% pour l’électricité) qu’en milieu rural (2,6%, presque inexistant et 6% pour l’électricité). Le CHU Mohammed VI dessert plus de 7 millions d'habitants de plusieurs régions, notamment Marrakech-Tensift-Al Haouz, Souss-Massa-Darâa, et d’autres régions du sud du Maroc.
1. Présentation de la région Marrakech Tensift Al Haouz
La région Marrakech-Tensift-Al Haouz est présentée comme l'une des 16 régions administratives du Maroc, créée suite à la loi n°47/96 et au décret n°2-97-246. Située au centre-ouest du royaume, elle est délimitée par les régions de Doukkala-Abda, Chaouia-Ouardigha, Tadla-Azilal, Souss-Massa-Darâa et l'océan Atlantique. Elle occupe la 3ème place au niveau national en termes de superficie, couvrant 4,3% du territoire national soit 31 160 km². L’étude souligne une disparité significative entre les zones urbaines et rurales en termes d'accès aux infrastructures essentielles. En milieu urbain, 77% des ménages sont connectés au réseau d'eau potable, comparé à seulement 2,6% en milieu rural. De même, l'accès à l'assainissement est quasi-total en milieu urbain, mais presque inexistant en zone rurale. Concernant l'électricité, le taux de couverture est de 87% en milieu urbain contre seulement 6% en milieu rural. Ces données mettent en lumière les inégalités d'accès aux services de base dans la région, un facteur important à considérer dans le contexte de l'infrastructure sanitaire.
2. Infrastructure Sanitaire de la Région
La région dispose de 336 établissements sanitaires de base répartis sur l’ensemble de son territoire. On compte également onze établissements hospitaliers avec une capacité totale de 2021 lits, dont 629 lits fonctionnels. Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Mohammed VI de Marrakech joue un rôle prépondérant dans la région, abritant à lui seul 31,12% de la capacité litière régionale, soit une part significative des ressources hospitalières. Le CHU Mohammed VI dessert un vaste bassin de population dépassant les 7 millions d’habitants, englobant les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz, Souss-Massa-Darâa, Guelmim-Smara, Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, Oued Eddahab-Lagouira, et des parties des régions de Doukala-Abda et Tadla-Azilal. Cette large couverture géographique du CHU souligne l'importance de son rôle dans la fourniture de soins de santé à une population importante et dispersée géographiquement, posant ainsi des défis logistiques et organisationnels pour la gestion des ressources et l'accès aux soins.
II.II L Hôpital Ibn Tofail Situation et Activité
L’Hôpital Ibn Tofail, situé à Guéliz (Marrakech), dispose de 15 salles d’opération et d’un équipement radiologique complet (IRM, scanner, mammographie, etc.). L’étude se concentre sur le service de neurochirurgie de cet hôpital sur une période de cinq ans (2002-2006).
1. Situation Géographique et Conception Architecturale de l Hôpital Ibn Tofail
L'hôpital Ibn Tofail est situé au centre-ville de Marrakech, dans le quartier de Guéliz, sur une superficie de 5 hectares. En 2006, il se composait de deux bâtiments distincts. Le premier, construit en 1938 sur trois étages, abritait la maternité, les services de cardiologie, de chirurgie cardiovasculaire et d'oncologie-hématologie. Le second, construit en 1980 sur quatre étages, regroupait les services chirurgicaux, de gastro-entérologie, de neurologie, de médecine interne, de rhumatologie, de dermatologie et d'endocrinologie. L'hôpital disposait de 15 salles d'opération réparties entre le bloc central, le bloc porte et le bloc gynéco-obstétrical, ainsi qu'une salle dédiée à la chirurgie cardiovasculaire. Son équipement radiologique était complet, incluant un appareil d'IRM, un scanner, un appareil de mammographie, un appareil de radiologie télécommandé, deux appareils de radiologie conventionnelle, trois amplificateurs de brillance, trois appareils d'écho-doppler, sept échographes et un appareil de radiologie mobile. Cette description met en évidence l'infrastructure de l'hôpital Ibn Tofail, notamment l'étendue de ses services et la sophistication de son équipement radiologique, éléments importants pour comprendre le contexte de l'étude sur le service de neurochirurgie.
2. Activité du Service de Neurochirurgie de l Hôpital Ibn Tofail 2002 2006
L'étude porte sur l'analyse de l'activité du service de neurochirurgie de l'hôpital Ibn Tofail sur une période de cinq ans, de 2002 à 2006. Pendant cette période, le service a hospitalisé 7519 patients. La pathologie traumatique représentait la principale cause d'admission, avec 5129 cas (soit 68,21%), dont 4491 cas de traumatismes crânio-encéphaliques (59,72%) et 638 cas de traumatismes vertébro-médullaires (8,49%). D'autres pathologies ont également été observées, telles que les pathologies dégénératives disco-vertébrales (7,33%, principalement des hernies discales), les pathologies tumorales (6,32%, incluant des tumeurs intracrâniennes et vertébro-médullaires), les pathologies neuro-vasculaires (4,40%, notamment des hématomes intracérébraux et des hémorragies méningées spontanées), les pathologies infectieuses (2,58%) et les pathologies malformatives (1,65%). Les 715 cas restants (9,51%) concernaient d'autres pathologies diverses. Ces données quantitatives détaillées permettent une analyse précise de l'activité du service et de son rôle dans la prise en charge des pathologies neurochirurgicales dans la région.
III.III Activité du Service de Neurochirurgie du CHU Mohammed VI 2002 2006
Durant cette période, le service de neurochirurgie du CHU Mohammed VI de Marrakech a hospitalisé 7519 patients. La pathologie traumatique était prédominante, représentant 68,21% des admissions, avec 4491 cas de traumatismes crânio-encéphaliques (TCE) et 638 cas de traumatismes vertébro-médullaires (TVM). D’autres pathologies comme les hernies discales, les tumeurs intracrâniennes, les hématomes intracérébraux, et les infections ont également été traitées. L'activité chirurgicale a été intense mais contrainte par le nombre limité de neurochirurgiens et de blocs opératoires.
1. Données sur les Admissions et les Pathologies
Entre janvier 2002 et décembre 2006, le service de neurochirurgie du CHU Mohammed VI de Marrakech a enregistré 7519 hospitalisations. La pathologie traumatique dominait largement l'activité, représentant 68,21% des admissions (5129 cas). Au sein de cette catégorie, les traumatismes crânio-encéphaliques (TCE) étaient les plus fréquents, avec 4491 cas (59,72%), suivis des traumatismes vertébro-médullaires (TVM) avec 638 cas (8,49%). D'autres pathologies étaient également représentées, notamment les pathologies dégénératives disco-vertébrales (7,33%, principalement des hernies discales), les pathologies tumorales (6,32%, avec une prédominance des tumeurs intracrâniennes), les pathologies neuro-vasculaires (4,40%, incluant des hématomes intracérébraux), les pathologies infectieuses (2,58%) et les pathologies malformatives (1,65%). Le reste des admissions (9,51%) concernait des pathologies diverses. Cette répartition des pathologies permet de mettre en lumière le profil spécifique de l'activité du service, marqué par une forte proportion de traumatismes crânio-encéphaliques, et la nécessité d'adapter les ressources et le personnel en fonction de ces besoins.
2. Analyse des Traumatismes Crânio Encéphaliques TCE
Parmi les 7519 patients hospitalisés, 943 (21,47%) ont été admis pour un traumatisme crânio-encéphalique grave, nécessitant initialement une hospitalisation en service de réanimation chirurgicale. Le score de Glasgow à l'admission permettait de classer la gravité des cas : 69,01% des patients présentaient un score entre 9 et 13, tandis que 9,52% avaient un score entre 14 et 15. Différentes lésions locorégionales étaient associées aux TCE : plaies du scalp (43,51%), écoulements anormaux (épistaxis, otorragies, rhinorrhées, écoulements de LCR) (27,39%), et lésions oculopalpébrales (20,42%). Les lésions traumatiques à distance étaient aussi fréquentes : 65,45% des TCE étaient isolés, tandis que des traumatismes du rachis, de la face, des membres, du thorax, de l'abdomen et du bassin étaient associés dans des proportions variables. 5,45% des cas concernaient des polytraumatismes. L'accès au scanner, acquis seulement fin 2002, a influencé la réalisation de tomodensitométrie crânio-cérébrale (TDM), avec seulement 9,73% des patients ayant bénéficié de cet examen en 2002, contre 74,81% au cours des cinq années suivantes. Cette analyse détaillée des TCE met en évidence la complexité des cas traités et l'importance de l'équipement et des techniques d'imagerie pour un diagnostic précis.
3. Traitements et Résultats
Le traitement des patients était médical ou chirurgical, ou une combinaison des deux. 1484 patients (27,8%) ont nécessité une prise en charge en service de réanimation chirurgicale, dont 943 (21,47%) une intubation-ventilation artificielle. Les traitements médicaux comprenaient l'administration d'antalgiques, d'antiépileptiques, de mannitol et de sérum antitétanique. La kinésithérapie était proposée aux patients présentant un déficit moteur. L'étude mentionne également les hématomes sous-duraux chroniques (HSDC), représentant 3,47% des admissions, avec une distinction entre les HSDC post-traumatiques (62,07%) et non traumatiques (37,93%). L'analyse des traumatismes vertébro-médullaires (TVM) indique que les chutes (50,63%) et les accidents vasculaires cérébraux (AVP) (40,6%) étaient les causes principales, avec des délais de consultation variant d'un mois à deux ans. Ces informations sur les traitements et les types de pathologies abordées, ainsi que les statistiques associées, permettent d'évaluer l'efficacité des approches thérapeutiques et les résultats obtenus par le service de neurochirurgie.
IV.IV Contraintes et Suggestions d Amélioration
Le service de neurochirurgie fait face à plusieurs contraintes: capacité limitée de réanimation, importante proportion de patients indigents, manque de personnel la nuit et les weekends, absence de secrétaire. Des améliorations sont suggérées, notamment concernant les secours pré-hospitaliers (SAMU, SMUR), l’équipement et la formation du personnel des urgences.
1. Contraintes internes au service de neurochirurgie
L'étude identifie plusieurs contraintes affectant le bon fonctionnement du service de neurochirurgie du CHU Mohammed VI. La limitation des places en réanimation chirurgicale force l'hospitalisation de patients lourds directement au sein du service de neurochirurgie, malgré des moyens limités pour leur prise en charge. L'importance de la population indigente parmi les patients impacte les délais de prise en charge, notamment en raison des retards d'examens et de la lenteur des procédures administratives. Une insuffisance d'effectif du personnel est constatée, particulièrement la nuit, les week-ends et pendant les vacances, périodes pourtant marquées par un afflux important d'admissions, notamment pour des pathologies traumatiques neurochirurgicales urgentes. L'absence d'un secrétaire médical, dont les tâches sont assumées par l'infirmière majeure, surcharge cette dernière et nuit à l'efficacité administrative du service. Ces difficultés internes affectent directement la qualité et la rapidité des soins prodigués, soulignant le besoin urgent d'amélioration des ressources humaines et de l'organisation interne.
2. Suggestions d amélioration de l infrastructure et des soins
Pour pallier aux contraintes identifiées, l'étude propose plusieurs améliorations. Il est crucial d'améliorer le système des secours pré-hospitaliers en augmentant le nombre d'ambulances médicalisées et en créant des services de SAMU et de SMUR afin d’assurer une prise en charge rapide et efficace des patients en urgence. Au niveau du service des urgences, l'amélioration de la qualité de l'accueil passe par l'acquisition d'équipements conformes aux normes et par la qualification du personnel. Ces suggestions visent à optimiser la chaîne de soins, de l'arrivée du patient aux urgences jusqu'à sa prise en charge au bloc opératoire, en passant par le diagnostic et la réanimation. Le service de neurochirurgie, jeune et fonctionnant dans un contexte difficile, nécessite des investissements significatifs en ressources humaines et matérielles pour répondre à la forte demande et garantir une prise en charge optimale des patients.
V.V Résumé et Conclusion
Cette étude rétrospective sur cinq ans d’activité du service de neurochirurgie du CHU Mohammed VI de Marrakech a permis de dresser un bilan complet de son activité (7519 patients hospitalisés), mettant en évidence la forte demande en neurochirurgie et les contraintes liées aux ressources humaines et matérielles. Des propositions d’améliorations sont formulées pour optimiser le fonctionnement du service et améliorer la prise en charge des patients, notamment en ce qui concerne les traumatismes crânio-encéphaliques (TCE) et les traumatismes vertébro-médullaires (TVM).
1. Synthèse des résultats et principales contraintes
Cette étude rétrospective, couvrant cinq années d'activité (2002-2006) du service de neurochirurgie du CHU Mohammed VI de Marrakech, a analysé 7519 hospitalisations. L'étude a mis en évidence une activité intense et variée, dominée par la pathologie traumatique neurochirurgicale, notamment les traumatismes crânio-encéphaliques (TCE) et les traumatismes vertébro-médullaires (TVM). Cependant, plusieurs contraintes ont été identifiées, limitant le bon fonctionnement du service. Ces contraintes concernent notamment la limitation des places en réanimation chirurgicale, obligeant l'hospitalisation de patients graves au sein même du service de neurochirurgie, mal équipé pour ce type de patients. La forte proportion de patients indigents influence également les délais de prise en charge, rallongeant les examens et les démarches administratives. L’insuffisance de personnel, exacerbée la nuit, les week-ends et pendant les vacances (périodes de forte affluence), représente un autre défi majeur. Enfin, l’absence d’un secrétaire médical, dont les tâches sont assurées par l’infirmière majeure, alourdit considérablement la charge de travail et la gestion administrative du service.
2. Propositions pour améliorer les performances du service
Pour améliorer les performances du service de neurochirurgie, l'étude formule des recommandations axées sur l'amélioration des infrastructures et de la gestion des ressources. L'augmentation du nombre d'ambulances médicalisées et la mise en place de services de SAMU et de SMUR sont essentielles pour optimiser les secours pré-hospitaliers. Au niveau des urgences, l’amélioration de l'équipement et une meilleure qualification du personnel sont cruciales pour une prise en charge plus efficiente des patients. Ces suggestions visent à améliorer la qualité de l'accueil et de la prise en charge des patients dès leur arrivée jusqu'à leur hospitalisation et leur traitement au sein du service de neurochirurgie. L'objectif principal est de permettre au service, encore jeune et confronté à un fort taux d'activité et à un contexte difficile, d'optimiser son fonctionnement et d'améliorer ses performances globales. Les améliorations proposées permettront une meilleure réponse aux besoins d'une population importante et un meilleur accès aux soins de neurochirurgie.