Dans la carrière des mots: hommage à Jean-Christophe Pellat

Hommage Pellat: Carrière des mots

Informations sur le document

Auteur

Nathalie Gettliffe

École

Université de Strasbourg

Spécialité Linguistique
Lieu Strasbourg
Type de document Mélanges
Langue French
Format | PDF
Taille 3.67 MB

Résumé

I.L Orthographe Française Histoire Réformes et Défis

Ce document explore les aspects sociolinguistiques de l'orthographe française, en mettant en lumière son évolution historique et les débats entourant les réformes orthographiques. Il analyse en détail le rôle des accents français et leur importance dans la distinction des phonogrammes et morphogrammes. L'étude aborde les réactions souvent vives face aux changements proposés, soulignant la résistance au changement inhérente à la société et l'importance de la dimension culturelle de l'écriture. Des exemples comparatifs avec d'autres langues (anglais, roumain, italien) illustrent la diversité des approches orthographiques et la spécificité du système français. Le travail de Jean-Christophe Pellat sur la grammaire française et son engagement pour la réforme sont également mis en avant.

1. L Orthographe comme Fait Social et Historique

Cette section initie la réflexion sur l'orthographe française en la présentant non pas comme un simple code, mais comme un fait social porteur d'histoire culturelle. Jaffré souligne le caractère social de l'orthographe, la comparant à un escargot portant sur son dos toute l'histoire de la langue. Rioul illustre ce point en abordant la destinée des accents français, symboles d'un héritage linguistique riche mais fragile. L’accent aigu, grave, circonflexe, si caractéristiques du français, sont présentés comme potentiellement porteurs du génie même de la langue, mais aussi comme fréquemment menacés. L’étude de l’orthographe roumaine par Hilgert offre une perspective comparative, montrant comment un équilibre entre phonographie et sémiographie sert de marquage identitaire. Cette introduction pose les bases d'une analyse sociolinguistique de l'orthographe, soulignant son évolution constante et sa relation complexe avec l'identité linguistique.

2. Réactions au Changement Orthographique et leur Enracinement Historique

Le texte explore les réactions systématiquement négatives face aux tentatives de réforme orthographique. L'exemple des années 1980 en France, avec la levée de boucliers face aux propositions de simplification, est mentionné. La résistance au changement est mise en perspective avec des exemples internationaux, comme la réforme de l’orthographe allemande. L'hostilité au changement est analysée comme profondément ancrée dans l’histoire même des systèmes d’écriture. L'adoption de l'alphabet latin par les clercs du Moyen Âge est présentée non seulement comme un acte technique, mais aussi comme un “cheval de Troie culturel”, influençant durablement la morphographie du français. L’étroite relation entre la culture latine et l’apparition de la morphographie dans les premiers textes du français médiéval est soulignée. Cette section met en évidence le conservatisme inhérent à l’orthographe et l’influence des facteurs sociologiques sur sa stabilité.

3. Exemples Comparatifs Orthographe en Extrême Orient et dans l ex URSS

L'analyse s'étend à des exemples en Extrême-Orient, notamment la Corée et le Vietnam. Les efforts de ces pays pour se doter d'écritures originales sont interprétés comme une volonté de s'affranchir d'une colonisation culturelle. L'expérience vietnamienne, avec le remplacement du chu nom (inspiré du chinois) par le quoc ngu (basé sur l'alphabet latin) sous la colonisation française, sert d’illustration. Après 1990, les changements orthographiques dans l'ex-URSS sont examinés. L'adoption forcée de l'alphabet cyrillique sous l'influence russe est contrastée avec le retour au latin au Tatarstan après la chute de l'URSS. Ces exemples illustrent les liens étroits entre l'écriture, l'identité nationale et les enjeux politiques, montrant comment les choix orthographiques peuvent refléter des luttes pour l'affirmation culturelle et la libération d'influences étrangères.

4. L Accentuation Une Comparaison entre le Français et d autres Langues Européennes

Cette partie compare l’utilisation des accents dans plusieurs langues européennes. L'absence d'accents en anglais est soulignée, contrastant avec leur importance en français pour la distinction des homophonogrammes. La difficulté pour les anglophones à comprendre la prononciation de mots français en l'absence de ces marques diacritiques est mise en avant. L'étude examine aussi l'usage des accents en néerlandais et en italien, montrant des approches différentes de la notation de l'accent tonique. L'accent tonique en italien n'est marqué que sur les finales, par un signe similaire à l'accent grave français. L'espagnol est présenté comme utilisant les accents toniques selon des critères mécaniques. La conclusion de cette section met en lumière la diversité des pratiques en matière d'accentuation et la relative complexité, voire l'inutilité dans certains cas, du système français.

5. L Origine et l Évolution des Accents Français

L'origine des accents français est explorée, notamment leur héritage grec à travers Aristophane de Byzance. L'utilisation sporadique des accents dans les textes latins anciens est contrastée avec leur introduction plus systématique à partir du XVIe siècle, notamment par Alde Manuce. L'accentuation graphique est analysée comme une réponse à des besoins phonologiques spécifiques au français, notamment pour la distinction de phonèmes comme [e], [ɛ] et [ə]. Le développement de l'accentuation au XVIe siècle est qualifié d'« événement typographique et phonographique majeur ». Le rôle du circonflexe, initialement utilisé pour marquer des contractions ou des effacements de lettres, et son évolution vers une fonction plus logographique et morphogrammique sont détaillés. Cette section retrace l’histoire de l’accentuation française, expliquant son développement et son évolution au fil du temps.

6. L Évolution Phonétique et la Perte de Valeur du Circonflexe

L'évolution récente de la phonétique française est abordée, avec l'élimination progressive des oppositions entre voyelles ouvertes et fermées. Les modifications de prononciation affectant les phonèmes /O/ et /a/ sont examinées, soulignant l'ambiguïté croissante créée par l'absence de distinction phonétique entre certains mots (jeune/jeûne par exemple). L'incohérence entre l'accentuation graphique et les changements phonétiques est soulignée, montrant comment le circonflexe perd sa valeur étymologique, phonogrammique et morphogrammique, ne contribuant plus à manifester l’identité du radical du mot. L’opposition aux rectifications orthographiques de la fin du XXe siècle est expliquée notamment par l'attachement au circonflexe, considéré comme possédant une forte valeur symbolique et culturelle.

7. Les Rectifications Orthographiques de 1990 et leur Adoption

Cette section examine l'impact des rectifications orthographiques de 1990 et leur adoption lente et inégale. La résistance au changement est à nouveau mise en avant, interprétée comme une réaction viscérale aux habitudes et aux croyances intimes liées à l'orthographe. L'apparition historique du circonflexe est replacée dans un contexte religieux. L'auteur mentionne l'adoption de la nouvelle orthographe par Jean-Christophe Pellat et ses collaborateurs dans la réédition de la Grammaire méthodique du français en 2009, contrasting with the author’s personal choice not to adhere to these changes. L'enquête sur l'adoption des rectifications montre un taux d'observation supérieur dans les pays francophones qu'en France même. L’analyse conclut en soulignant la nécessité de révisions régulières et non seulement de réformes ponctuelles.

II.La Grammaire Française Analyse des Connecteurs et Accord du Participe Passé

Une section importante se concentre sur la grammaire française, notamment sur la classification des mots et les difficultés liées à l'accord du participe passé. L'analyse des connecteurs, particulièrement l’expression « c’est-à-dire (que) », met en évidence les frontières floues entre les catégories grammaticales et la complexité de leur classification. L'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir est examiné, soulignant les difficultés rencontrées par les apprenants, notamment à cause de la neutralisation des oppositions phonétiques entre l'imparfait, l'infinitif et le participe passé. Les erreurs fréquentes sont analysées, pointant vers des phénomènes de surgénéralisation des règles.

1. L analyse des connecteurs le cas de c est à dire que

Cette partie explore la complexité de la classification grammaticale des connecteurs en français, en prenant comme exemple l'expression « c’est-à-dire (que) ». Les auteurs soulignent l'ambiguïté de ce type de mots, souvent difficiles à classer dans les catégories grammaticales traditionnelles (conjonction de coordination, conjonction de subordination, adverbe). L'analyse montre que la classification dépend étroitement du contexte et du lien avec les éléments grammaticaux environnants. La présence optionnelle de « que » après « c’est-à-dire » est discutée, soulignant l'ambivalence fonctionnelle du mot « que » et son rôle ambigu de marqueur propositionnel. Plusieurs classifications possibles sont évoquées, reflétant le caractère hybride de ce type de mots et l'insuffisance des catégories grammaticales existantes pour en rendre compte totalement. L'étude souligne la difficulté à assigner une fonction grammaticale précise à ces éléments, souvent considérés comme des « inanalysables des grammaires ». La discussion s’appuie sur des exemples d’usage pour illustrer la complexité de la question.

2. L accord du participe passé difficultés et analyse des erreurs

Cette section traite des difficultés liées à l'accord du participe passé en français, notamment avec l'auxiliaire avoir. L'auteur rappelle l'histoire de cet accord, soulignant le changement de règle au cours des siècles : au XVIe siècle, l'accord se faisait toujours avec le complément d'objet direct (COD), contrairement à la règle actuelle. Cette évolution historique est présentée pour expliquer la complexité de la règle actuelle et la persistance des erreurs. L'exemple de l'accord avec le verbe « laisser » suivi d'un infinitif est détaillé, montrant les divergences entre les grammaires de référence et les rectifications orthographiques de 1990, ainsi que la persistance de l'arrêté Leygues de 1901. L'analyse des erreurs des étudiants révèle une tendance à l'omission de l'accord et à des accords erronés, liée à des problèmes de compréhension de la règle d'accord et à l'influence de l'oral. La neutralisation de certaines formes verbales (imparfait, infinitif, participe passé) dans certains contextes phonétiques est pointée comme un facteur aggravant.

3. Analyse des erreurs d accord et mécanismes cognitifs

Cette section analyse plus précisément les erreurs d'accord du participe passé commises par les étudiants, en lien avec leurs processus cognitifs. L'étude montre que ces erreurs ne sont pas dues à un manque d'attention, mais à une mauvaise interprétation des règles grammaticales enseignées. Les élèves mobilisent activement les règles apprises, mais ils les appliquent de façon sur-généralisée, sans prendre en compte la spécificité de chaque contexte. Ce phénomène de surgénéralisation est comparé à celui observé chez les jeunes enfants en phase d'apprentissage de la langue. L'étude d'exemples concrets d'erreurs d'accord souligne les difficultés à identifier le donneur d'accord et la tendance à appliquer des règles de manière trop simplifiée ou incomplète, même pour des configurations grammaticales complexes. L'analyse propose une explication des erreurs commises, basées sur les processus de récupération en mémoire et la sur-généralisation des règles grammaticales.

III.L Orthographe Roumaine et son Évolution sous Influence Soviétique

Le document examine l'évolution de l'orthographe roumaine, soulignant l'influence de la politique linguistique soviétique sur son alphabet. L'orthographe étymologique de Cipariu (1841) et la réforme de 1953 sont analysées, mettant en lumière le contexte idéologique et politique qui a influencé ces changements. La réforme de 1953, inspirée par le modèle russe, est présentée comme un exemple de l'impact politique sur les choix orthographiques. L'objectif était une standardisation de l'écriture, mais cela a aussi impliqué l'abandon de certaines graphies et la création d'ambiguïtés.

1. L orthographe étymologique de Cipariu 1841

La section commence par présenter l'orthographe étymologique élaborée par T. Cipariu en 1841 pour l'imprimerie de Blaj. Son alphabet, composé de seulement 21 lettres latines (excluant q, k, x, y), visait à refléter l'image d'une langue romane. Pour les sons spécifiques au roumain, Cipariu proposait des transcriptions à partir de graphies latines correspondantes. L’exemple de la graphie latinisante « ti » pour représenter à la fois [ts] et [tʃ] illustre une source d’ambiguïté inhérente à ce système. Cipariu rétablissait également des graphies savantes correspondant à l'étymologie latine, même si cela créait des complexités orthographiques. Le choix de graphies comme « punu » (au lieu de « puniu »), « audiu » (au lieu de « audu »), ou « vediu » (au lieu de « vedu ») s'explique par le désir de coller à l'écriture latine originelle (« pono », « audio », « video »). Cette approche étymologique, bien qu'ambitieuse, présentait donc des limitations pratiques et générait des ambiguïtés.

2. La réforme orthographique de 1953 et son contexte idéologique

Cette partie se concentre sur la réforme orthographique roumaine de 1953, expliquée et appliquée par le Micul dicţionar ortografic. La préface de ce dictionnaire est analysée pour mettre en lumière le contexte idéologique dominant à l'époque. Les linguistes roumains sont d’abord réprimandés pour ne pas avoir suivi l'exemple de la réforme orthographique russe, présentée comme un modèle à suivre. Cette critique est liée à une volonté d'aligner l'orthographe roumaine sur les normes de la jeune puissance soviétique et de valoriser ainsi les œuvres des classiques du marxisme et la littérature russe. L’apparition de l’ouvrage de Staline, Le marxisme et les problèmes de la linguistique, est présentée comme un élément déclencheur de cette réforme orthographique, symbolisant l'influence politique sur les choix linguistiques. La préface du dictionnaire de 1953 illustre ainsi l’importance de la dimension politique et idéologique dans les réformes orthographiques.

IV.L Apprentissage de l Orthographe et les Difficultés des Apprenants Allophones

La section sur l'apprentissage de la langue française met l'accent sur les difficultés spécifiques rencontrées par les apprenants allophones en orthographe. L'étude souligne l'importance du développement simultané des consciences épilinguistique et métalinguistique et les conséquences d'un cheminement contraire à l'apprentissage naturel. Elle propose des recommandations pour les enseignants de FLE, notamment la sensibilisation aux différentes zones de l'orthographe et l'exploitation de supports comme les chansons et poèmes pour faciliter l'apprentissage phonographique. Des exemples d'erreurs liées à l'accord du participe passé et aux confusions entre catégories grammaticales sont analysés.

1. Difficultés orthographiques des apprenants allophones

Cette section aborde les difficultés spécifiques rencontrées par les apprenants allophones en orthographe française. Il est souligné que ces difficultés sont aussi importantes en orthographe qu'en langue orale. Les apprenants allophones sont particulièrement exposés aux erreurs phono- et morphogrammiques. L'étude met en avant la nécessité de développer simultanément les consciences épilinguistique et métalinguistique, ce qui pose des défis pour les élèves allophones qui n'ont pas encore une conscience épilinguistique suffisante de la langue cible. La section souligne qu'un apprentissage qui privilégie la conscience métalinguistique avant l'épilinguistique est contraire au cheminement naturel observé dans l'apprentissage de la langue maternelle, excepté dans les classes d'immersion précoce. L'obligation de maîtriser la métalinguistique avant d'avoir une compréhension épilinguistique minimale révèle une inadéquation des méthodes d'enseignement pour les apprenants allophones.

2. Recommandations pédagogiques pour l enseignement de l orthographe

Face aux difficultés identifiées, la section propose des recommandations pédagogiques pour les enseignants de FLE. Trois conseils principaux sont formulés: (1) proposer des activités qui sensibilisent les apprenants aux quatre zones de l'orthographe ; (2) privilégier les chansons et les poèmes comme supports pédagogiques, mettant en lumière le versant phonographique de la langue ; (3) encourager les étudiants à établir des rapprochements entre les mots de la langue cible et d'autres langues qu'ils connaissent pour améliorer la mémorisation de la forme graphique. Ces recommandations visent à adapter les méthodes d'apprentissage aux besoins spécifiques des apprenants allophones, en combinant des approches variées et en tenant compte de leur bagage linguistique préexistant. L’objectif est de faciliter la mémorisation et de réduire les erreurs phono- et morphogrammiques.

V.Varron et la Rhétorique Une Critique de l Ars Dicendi

Le document explore le jugement critique de Varron sur la rhétorique dans ses écrits de jeunesse. L'analyse des Satires Ménippées révèle une distanciation envers les techniques rhétoriques, mettant en lumière l'importance pour Varron du contenu sur la forme. La critique s'étend à des figures spécifiques comme L. Plotius Gallus et ses innovations dans l'enseignement de la rhétorique à Rome. L'opposition à la rhétorique est replacée dans le contexte de l'époque et des positions philosophiques de Varron, notamment son orientation stoïcienne.

1. Le jugement négatif de Varron sur la rhétorique

L'analyse commence par le jugement globalement négatif porté par Varron sur la rhétorique dans ses écrits de jeunesse. Les Satires Ménippées sont présentées comme révélatrices de cette distanciation critique envers les techniques rhétoriques. Une satire en particulier, Bimarcus (Le double Marcus), est examinée. Ce dialogue philosophique met en scène Varron lui-même, accusé d'incapacité dans l'utilisation des tropes et l'explication des poètes. Varron se justifie en affirmant sa maîtrise de la sémantique, de l'étymologie et de la poésie, compétences qu'il juge néanmoins non nécessaires pour vivre, sauf si elles sont mises au service de la vertu. Son rejet de la rhétorique, et plus largement des arts libéraux, est présenté comme une position assumée, motivée par son souci d'édification morale des classes dirigeantes romaines plutôt que par une simple instruction intellectuelle.

2. La critique de Varron et son contexte philosophique

La critique de Varron envers la rhétorique est replacée dans son contexte philosophique. Le texte souligne que cette attitude n'était pas isolée, les cyniques, les épicuriens et les stoïciens partageant un rejet des sciences et des arts considérés comme des conquêtes pernicieuses du progrès. Pour Varron, cet anti-intellectualisme s'accorde avec son rôle de satirique, soucieux de remettre ses contemporains « dans le droit chemin ». Son objectif dans les Ménippées était moins l'instruction que l'édification morale des classes dirigeantes romaines, dont il cherchait à corriger les mœurs corrompues. Cette critique générale de la rhétorique s’accompagne d’attaques personnelles contre certains rhéteurs, notamment L. Plotius Gallus.

3. L attaque contre L. Plotius Gallus et la branche épidictique de l éloquence

L'attaque contre le rhéteur L. Plotius Gallus est détaillée. Le texte souligne le caractère résolu de l'opposition de Varron envers lui, tant pour ses innovations pédagogiques que pour son engagement politique. Un fragment de la satire Manius évoque l'action consolatrice d'un esclave cocher ayant appartenu à Plotius, soulignant le mépris de Varron pour le chef de file des rhetores Latini. Plotius Gallus, en rompant avec la tradition d'enseignement de la rhétorique par des Grecs, avait ouvert une école où les élèves déclamaient en latin. La satire Papia papae est citée, où le dénigrement des élèves de Plotius sert de contrepoint à l'éloge des amateurs de poésie nouvelle. Le terme péjoratif de rabula (criailleur, déclamateur) est utilisé pour exprimer l'aversion de Varron pour le magistère oratoire de Plotius. Varron critique notamment la branche épidictique de l'éloquence, jugée superficielle, mensongère et destinée à séduire une foule ignare.

4. La rhétorique comme moyen au service de la vertu

Malgré sa critique virulente, le texte précise que Varron, comme les cyniques, n’hésitait pas à user de la rhétorique. Son rejet se concentre sur l'utilisation de la rhétorique indépendamment de toute référence axiologique. Il critique l'excès de subtilités oratoires, les divisions et subdivisions à l'infini, jugés pédants et déconnectés de la vie. Il est opposé à une culture purement formelle, se rapprochant ici de la critique de Cicéron envers les sophistes grecs. Le texte mentionne les écrits de Varron destinés à conseiller les responsables de l’état, comme les Discours pour conseiller (œuvre parénétique) et l’E„sagwgikÕj ad Pompeium, soulignant ainsi que Varron utilisait la rhétorique, mais pour des fins spécifiques et moralisatrices, au service de la vertu et de la bonne conduite des affaires publiques. Son approche est finalement résumée comme un chemin stoïcien, “sûr mais lent”, privilégiant le contenu sur la forme.

VI.Grammaires Anciennes du Français Traité d Orthographe et de Grammaire

Enfin, le texte analyse deux traités d'orthographe français des XIVe et XVe siècles, montrant qu'ils dépassent une simple approche orthographique. Il souligne l'intégration de réflexions grammaticales (morphologie et syntaxe) et l'influence de la grammaire latine. L'auteur analyse des exemples spécifiques et met en évidence le lien étroit entre phonétique et graphie, illustrant ainsi une approche précoce de la grammaire normative en français. La comparaison entre les approches de Thomas Hoccleve et Coyfurelly est faite pour mettre en lumière l'évolution de la pensée grammaticale.

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