Étude Rétrospective sur la Néphrectomie Laparoscopique pour Hydronéphrose Géante

Étude Rétrospective sur la Néphrectomie Laparoscopique pour Hydronéphrose Géante

Informations sur le document

Auteur

Mr. Elhassan Aachari

instructor Mr. D. Touiti, Professeur d’urologie
École

Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie

Spécialité Médecine
Lieu Marrakech
Type de document Thèse
Langue French
Format | PDF
Taille 1.21 MB
  • Néphrectomie
  • Laparoscopie
  • Hydronéphrose

Résumé

I.Techniques de Néphrectomie Laparoscopique

Ce document présente une étude rétrospective sur 35 néphrectomies laparoscopiques simples (19 gauches, 16 droites) réalisées au CHU Mohammed VI entre avril 2005 et novembre 2007 pour traiter principalement des cas d'hydronéphrose majeure. L'étude compare les approches transpéritonéale et rétropéritonéale, soulignant les bénéfices de la laparoscopie en termes de diminution de la morbidité, de la douleur et de la durée d'hospitalisation. La technique chirurgicale, incluant l'utilisation de trocarts et la dissection pédiculaire, est décrite. L'équipe chirurgicale, composée de 3 médecins seniors, a développé une expertise significative dans ce domaine. Des figures clés comme Clayman, pionnier de la néphrectomie laparoscopique en 1991, sont mentionnées.

1. Historique et Évolution de la Néphrectomie Laparoscopique

Le texte retrace l'histoire de la néphrectomie laparoscopique, soulignant son importance comme l'une des premières interventions laparoscopiques en urologie. Il cite Clayman en 1991 pour le premier cas de néphrectomie par laparoscopie, utilisant la voie transpéritonéale pour une néphrectomie élargie droite. L'évolution de la laparoscopie en urologie est mise en perspective, mentionnant l'essor significatif depuis 1991 et l'élargissement considérable des indications. Des contributions antérieures sont également mentionnées, comme la description de la coelioscopie ouverte par Hasson en 1974, la première cholécystectomie laparoscopique par Philippe Mouret en 1987 et les premières interventions urologiques limitées dans les années 80 (varicocèles, ectopies testiculaires, curages ganglionnaires). L'étude souligne le rôle de l'équipe de Ferry à Dijon, ayant réalisé un cas similaire quelques mois après Clayman. L’historique plus lointain inclut les contributions de Bozzini (premier endoscope en 1805), George Kelling (terme de coelioscopie en 1901), Edouard Jacobeus (laparothorascopie en 1911), Bernhein (organoscopie au John Hopkin’s Hospital en 1911) et Veress (aiguille pour pneumopéritoine en 1938). Ces informations contextuelles permettent de situer l'étude rétrospective au sein du développement global de la technique.

2. Étude Rétrospective au CHU Mohammed VI

L'étude se concentre sur une série rétrospective de 35 néphrectomies laparoscopiques simples effectuées au service d'urologie du CHU Mohammed VI entre avril 2005 et novembre 2007 par une équipe de trois chirurgiens seniors. La répartition des néphrectomies est précisée : 19 à gauche et 16 à droite. Le profil des patients est détaillé : 12 hommes (34,3%) et 23 femmes (65,7%), avec un âge moyen de 41 ans (extrêmes : 14 à 70 ans). L'imagerie préopératoire (échographie rénale, AUSP, UIV et uroscanner) est analysée, révélant une prédominance d'hydronéphrose majeure (97% des cas) et la présence de calculs rénaux chez 20% des patients. L’étude détaille la présence ou l’absence de certaines analyses (UIV, uroscanner) chez les patients, et leurs résultats respectifs. Ces données démographiques et cliniques sont essentielles pour contextualiser les résultats de l'étude et caractériser la population étudiée. La précision des chiffres et des pourcentages renforce la crédibilité de l'analyse.

3. Technique Opératoire et Position du Patient

La technique opératoire est expliquée étape par étape. L'intervention commence par une mini-laparotomie (coelioscopie ouverte) de 2 cm en para-ombilicale, suivie de l'introduction d'un premier trocart de 10 mm et de l'insufflation de CO2. Les autres trocarts (10 mm, 5 mm, 5 mm) sont placés sous contrôle visuel. La majorité des patients (68,6%) ont été opérés avec 4 trocarts, certains nécessitant un 5ème trocart. Les étapes clés de la néphrectomie laparoscopique sont détaillées: décollement colique homolatéral (avec précautions particulières à gauche pour éviter de blesser la rate), abord pédiculaire et sa dissection (avec repérage de la veine rénale), contrôle vasculaire (clipage et section de l'artère rénale, section urétérale), et extraction du rein. Différentes options de dissection sont décrites, et le processus d’extraction est expliqué en détail. La fin de l'intervention inclut la fermeture de l'orifice d'extraction, la vérification de l'hémostase, une toilette et la mise en place d'un drain. L'importance du contrôle visuel à chaque étape est soulignée, notamment lors du retrait des trocarts pour prévenir les saignements pariétaux. La description précise de la technique chirurgicale rend l'étude accessible aux professionnels de la chirurgie.

4. Difficultés Chirurgicales et Complications

Le document mentionne des difficultés chirurgicales rencontrées chez 48,5% des patients, liées à des aspects vasculaires (7 cas avec deux artères rénales et une veine) ou à des reins très adhérents. Les complications postopératoires sont analysées, avec un taux global de 20% (7 patients). Deux patients ont nécessité une reprise chirurgicale : un cas d'hémorragie nécessitant l'exploration d'un hématome et un cas d'anurie due à une ligature accidentelle de l'uretère du rein controlatéral. Cinq patients ont présenté des complications mineures : 3 cas d'emphysème sous-cutané et 2 cas de retard de reprise du transit avec vomissements. L'absence d'infection du site opératoire est notée. L’analyse des complications permet d’évaluer les risques associés à la néphrectomie laparoscopique et souligne la nécessité d’une expertise chirurgicale approfondie. La description détaillée de chaque complication contribue à la compréhension des potentiels risques liés à la procédure. La comparaison avec des données de la littérature (taux de complications similaires ou légèrement supérieurs) contextualise les résultats.

II.Indications et Contre indications de la Néphrectomie Laparoscopique

La néphrectomie laparoscopique est indiquée pour diverses pathologies bénignes du rein, notamment les reins non fonctionnels symptomatiques, les pyélonéphrites chroniques, et les dysplasies rénales. Des adhérences périnéphrétiques importantes peuvent constituer une contre-indication relative. Les contre-indications absolues incluent les troubles de la coagulation non contrôlés, les infections du site opératoire et l'insuffisance cardiorespiratoire sévère. L’étude ne rapporte aucune contre-indication chez les 35 patients.

1. Indications de la Néphrectomie Laparoscopique

Le texte identifie un large éventail d'indications pour la néphrectomie laparoscopique, couvrant diverses pathologies bénignes du rein nécessitant une chirurgie d'exérèse. Il mentionne spécifiquement les reins non fonctionnels symptomatiques, les pyélonéphrites chroniques, les néphropathies par reflux, les dysplasies multikystiques rénales, l'hypertension artérielle d'origine rénovasculaire avec rein détruit, la polykystose rénale évoluée, les traumatismes rénaux, et la dysplasie congénitale. En essence, toute pathologie bénigne du rein justifiant une ablation chirurgicale est considérée comme une indication potentielle. La présence d'adhérences périnéphrétiques est nommée comme contre-indication relative, particulièrement après pyonéphrose, tuberculose rénale, pyélonéphrite xanthogranulomateuse, ou atrophie rénale post-traumatique ou post-embolisation. Dans de tels cas, une approche alternative est recommandée, passant par le plan de la néphrectomie élargie plutôt qu'au contact direct du rein, selon les recommandations de Hemal et Shekarrriz. L'obésité est mentionnée comme un sujet de controverse, certains chirurgiens la considérant comme une contre-indication à l'abord rétropéritonéal. Il est important de noter que l'étude rétrospective ne signale aucune contre-indication chez les patients inclus dans l’échantillon.

2. Contre indications de la Néphrectomie Laparoscopique

Malgré les nombreuses indications, le document précise des contre-indications spécifiques à la voie d'abord laparoscopique. Les troubles de la coagulation non contrôlés sont mentionnés comme contre-indication absolue, tout comme l’infection du site opératoire et l’insuffisance cardio-respiratoire sévère. Ces éléments mettent l'accent sur la nécessité d'une évaluation préopératoire rigoureuse pour identifier les patients pour lesquels la laparoscopie serait inappropriée et risquée. L'étude cite les résultats de deux grandes études multicentriques (Gill et l'association allemande d'urologie) qui rapportent des taux de complications et de conversions variables, soulignant les aspects techniques et les risques potentiels de la procédure. L’étude souligne que, dans leur série de 35 patients, aucune contre-indication absolue ou relative n'a été relevée. Cette absence de contre-indication dans leur échantillon pourrait être liée à la sélection des patients ou à d'autres facteurs. La comparaison des taux de complications et de conversions dans différentes séries souligne la nécessité d’une évaluation spécifique à chaque patient avant de recourir à une néphrectomie laparoscopique.

III.Complications et Conversion Chirurgicale

Les complications peropératoires peuvent inclure des lésions vasculaires (artères et veines rénales), des plaies viscérales (foie, côlon), et des lésions liées à la mise en place des trocarts. Dans l'étude, le taux de complications peropératoires était de 11,4% (4 cas) incluant une blessure de l’artère épigastrique, une brèche de la séreuse colique, une plaie accidentelle du foie, et une lésion de l’artère lombaire. Le taux de conversion en laparotomie était faible (2,8%, 1 cas). Les complications postopératoires comprenaient une hémorragie secondaire et une anurie nécessitant une reprise chirurgicale. L'étude compare ces résultats à d'autres études multicentriques (Gill, association allemande d'urologie, Rassweiller, Peyromaure), notant des taux de complications et de conversions variables.

1. Complications Peropératoires

Le document détaille les complications potentielles survenant pendant la procédure de néphrectomie laparoscopique. Les complications vasculaires, telles que les lésions artérielles ou veineuses au niveau du pédicule rénal, sont identifiées comme les plus fréquentes. Bien que potentiellement sérieuses, toutes les lésions vasculaires ne nécessitent pas forcément une conversion en laparotomie. En abord transpéritonéal, les lésions de viscères creux sont possibles, causées par un traumatisme direct par un trocart ou un instrument, ou par électrocoagulation. Les lésions du foie ou du pancréas sont également mentionnées comme complications potentielles, que l'approche soit transpéritonéale ou rétropéritonéale. L'étude rapporte un taux de complications peropératoires de 11,4% (4 cas sur 35), incluant une plaie de l'artère épigastrique, une brèche de la séreuse colique, une plaie accidentelle du foie, et une lésion de l'artère lombaire. Ces complications spécifiques illustrent les risques inhérents à la technique laparoscopique, et soulignent la nécessité d'une expertise chirurgicale adéquate. La comparaison avec les résultats de l’étude de Gill (3,3% de conversion, 12,3% de complications), qui mentionne des complications liées à la mise en place des trocarts, permet de contextualiser ces données.

2. Complications Postopératoires et Conversion

Le document examine les complications postopératoires survenues après la néphrectomie laparoscopique. Un taux de 20% (7 patients sur 35) de complications postopératoires est rapporté. Deux patients ont nécessité une intervention chirurgicale supplémentaire. Le premier cas concernait une hémorragie postopératoire due à un saignement du péritoine pariétal, avec un hématome de la loge rénale. Le deuxième cas présentait une anurie et une douleur abdominale suite à une ligature accidentelle de l'uretère du rein controlatéral. Cinq autres patients ont présenté des complications mineures, notamment un emphysème sous-cutané (3 cas) et un retard de reprise du transit avec vomissements (2 cas). L'absence d'infection du site opératoire est soulignée. Le taux de conversion (passage à une chirurgie ouverte) est de 2,8% (1 cas), inférieur aux taux rapportés dans d'autres études multicentriques (de 7% à 17%), bien que la cause de cette conversion soit attribuée à une panne de bistouri électrique. L'étude souligne que, malgré le faible taux de conversion dans leur série, le risque hémorragique demeure présent, même avec une expérience accrue des chirurgiens. L'analyse comparative avec les données des études de Gill, Rassweiller et Peyromaure met en lumière la variabilité des taux de complications et de conversions dans différentes séries de néphrectomies laparoscopiques.

IV.Résultats et Comparaison avec la Néphrectomie Conventionnelle

La durée moyenne d’hospitalisation était de 5,9 jours. Des études comparatives (Kerbl, Rassweiller, Doublet, Fornara) entre la néphrectomie laparoscopique et la néphrectomie conventionnelle (à ciel ouvert ou lombotomie) démontrent des avantages de la laparoscopie concernant la durée d'hospitalisation, la consommation d'antalgiques et le résultat cosmétique, malgré une durée opératoire parfois plus longue. Cependant, le risque hémorragique reste présent, comme le soulignent les études de Dauleh, Parra et Ono. La voie d'abord (transpéritonéale vs rétropéritonéale) influence également les résultats, avec des débats sur la meilleure approche pour la néphrectomie laparoscopique pour pathologie bénigne du rein. L’étude souligne l’importance de l’expérience chirurgicale pour minimiser les complications.

1. Résultats de l Étude Rétrospective

L'étude rétrospective menée au CHU Mohammed VI sur 35 néphrectomies laparoscopiques simples révèle une durée moyenne d'hospitalisation de 5,9 jours (3 à 10 jours). Seul un cas de conversion en chirurgie ouverte a été nécessaire (2,8%). Le taux de complications peropératoires était de 11,4% (4 cas), incluant des lésions de l'artère épigastrique, une brèche de la séreuse colique, une plaie du foie et une lésion de l'artère lombaire. Les principales complications postopératoires étaient une hémorragie secondaire et une anurie nécessitant une reprise chirurgicale. Le faible taux de conversion et la durée d'hospitalisation relativement courte suggèrent une bonne faisabilité de la technique laparoscopique dans cette série. Cependant, le taux de complications, bien que ne dépassant pas significativement celui de séries plus larges, souligne la nécessité d'une expertise chirurgicale pointue et d’une surveillance postopératoire attentive. La consommation d’antalgiques était modérée, avec une moyenne de 2,9g/j de paracétamol et 90mg/j d’AINS, pendant une durée moyenne de 2,95 jours. Aucun patient n’a eu besoin d’antalgiques de deuxième palier ou de morphiniques.

2. Comparaison avec la Néphrectomie Conventionnelle

L'étude compare implicitement les résultats de la néphrectomie laparoscopique à ceux de la néphrectomie conventionnelle (à ciel ouvert) en citant plusieurs études. Kerbl a comparé 20 néphrectomies laparoscopiques par voie transpéritonéale à des néphrectomies ouvertes, constatant une durée d'intervention plus longue pour la laparoscopie, mais une consommation d'antalgiques moindre, une durée d'hospitalisation plus courte et une durée de convalescence plus réduite. Cependant, le taux de complications était plus élevé dans le groupe laparoscopique. Rassweiller et Doublet ont également réalisé des comparaisons, avec des résultats similaires quant à la durée d'hospitalisation plus courte pour la laparoscopie, mais des taux de complications variables. Fornara a comparé 131 néphrectomies laparoscopiques à 118 néphrectomies par lombotomie, trouvant des durées opératoires comparables, mais la laparoscopie présentait des avantages en termes de pertes sanguines, de reprise de l'alimentation, de consommation d'antalgiques, et de durée d'hospitalisation et de convalescence. Malgré l’absence d’étude prospective randomisée, l’analyse de ces études suggère que la néphrectomie laparoscopique offre des avantages postopératoires significatifs, même si la durée opératoire peut être plus longue et le risque hémorragique persiste. Les taux de complications et de saignements varient selon les études, soulignant l'importance de l'expérience chirurgicale et de la complexité des cas.

V.Séquelles Esthétiques

L'étude mentionne les bénéfices esthétiques de la néphrectomie laparoscopique, appuyés par les travaux de Peyromaure et d’autres études sur des patients adultes et enfants, mettant en avant la réduction du nombre de cicatrices. La réduction du nombre de trocarts améliore le résultat esthétique et fonctionnel.

1. Analyse des Séquelles Esthétiques

L'aspect esthétique postopératoire est abordé dans ce segment du document, mettant en avant les bénéfices de la néphrectomie laparoscopique. Peyromaure, dans une étude portant sur 21 patients, a utilisé un questionnaire pour évaluer la satisfaction des patients concernant leurs cicatrices. Tous les répondants ont jugé leurs cicatrices belles et indolores, plus de la moitié estimant qu'elles étaient invisibles. Ces résultats soulignent le caractère mini-invasif de la procédure et son impact positif sur l'esthétique corporelle. Une autre étude, réalisée auprès de 26 enfants ayant subi une néphrectomie ou une néphrourétérectomie, a également rapporté d'excellents résultats esthétiques dans tous les cas. La réduction du nombre de trocarts utilisés au cours de l'intervention est identifiée comme un facteur contribuant à un meilleur résultat esthétique et fonctionnel, en minimisant les incisions et le risque de complications pariétales. La laparoscopie apparaît ainsi comme une technique promettant un excellent résultat cosmétique, contribuant à une meilleure qualité de vie pour les patients après l'intervention chirurgicale. L’amélioration esthétique est donc un argument supplémentaire en faveur de cette technique mini-invasive.