Étude sur l'Énurésie chez l'Enfant : Analyse de 154 Cas

Étude sur l'Énurésie chez l'Enfant : Analyse de 154 Cas

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Langue French
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  • énurésie
  • pédiatrie
  • traitement

Résumé

I.Définition de l énurésie

L'énurésie, ou miction involontaire répétée au lit ou sur les vêtements chez l'enfant de plus de 5 ans, est un sujet complexe. On distingue l'énurésie primaire (jamais propre) de l'énurésie secondaire (perte de la propreté acquise). Ce trouble, fréquent et touchant plus les garçons, peut avoir des causes variées, incluant des facteurs vésicaux (immaturité vésicale, instabilité vésicale), hormonaux (déficit en ADH), psychologiques (stress, troubles du sommeil, problèmes familiaux), et parfois des causes organiques à exclure. L'énurésie nocturne est la forme la plus courante.

1. Définition générale de l énurésie

Le texte introduit la notion d'énurésie comme un sujet controversé, soulignant qu'il n'existe pas une seule forme mais des énurésies. La définition classique repose sur une perte involontaire d'urine, d'origine fonctionnelle, chez l'enfant de plus de cinq ans. Il s'agit d'une miction incontrôlée, mais normale dans son déroulement, survenant plus fréquemment la nuit. Il est crucial d'exclure toute cause organique, neurologique ou métabolique. L'énurésie n'est pas considérée comme une maladie, mais plutôt comme une simple prolongation d'un fonctionnement vésico-sphinctérien. L'Association Américaine de Psychiatrie, quant à elle, définit l'énurésie comme des mictions répétées au lit ou dans les vêtements, qu'elles soient involontaires ou délibérées, avec une fréquence clinique significative (au moins deux fois par semaine pendant trois mois consécutifs) ou une souffrance significative impactant le social, scolaire ou professionnel. La classification de l'énurésie selon le DSM IV est mentionnée comme plus précise.

2. Classification de l énurésie Primaire et Secondaire

La distinction entre énurésie primaire et énurésie secondaire est fondamentale. L'énurésie primaire caractérise un enfant qui n'a jamais été propre, à l'exception de brèves périodes. A l'inverse, l'énurésie secondaire apparaît après une période de propreté diurne et nocturne (au moins six mois), avant l'âge de cinq ans. Dans ce dernier cas, la recherche d'un facteur déclenchant de nature affective ou sociale est cruciale. Le texte met l'accent sur la prévalence de l'énurésie à travers le monde, touchant toutes les classes sociales, avec une incidence familiale souvent observée. L'histoire de l'énurésie est évoquée, soulignant la diversité des traitements, reflétant la richesse des hypothèses pathogéniques explorées au cours des siècles, souvent focalisées sur le psychisme, le sommeil, la fonction vésicale et les troubles de la diurèse.

3. L énurésie un trouble multifactoriel

Bien que le texte mette l'accent sur la définition de l'énurésie, il aborde implicitement son caractère multifactoriel. La simple définition d'une perte involontaire d'urine ne suffit pas à appréhender toute la complexité du phénomène. Les différentes hypothèses mentionnées, liées au psychisme de l'enfant, à la qualité de son sommeil, à la fonction de sa vessie et à d'éventuels troubles de la diurèse, suggèrent une étiologie complexe. L'absence d'unanimité autour de la définition même de l'énurésie, mentionnée au début du document, confirme le caractère multifactoriel et la nécessité d'une approche holistique pour comprendre et traiter ce trouble. L'énurésie n'est pas simplement une question de fonctionnement vésico-sphinctérien, mais un phénomène pouvant impliquer des facteurs physiques, psychologiques, et environnementaux.

II.Facteurs liés à l énurésie

Plusieurs facteurs contribuent à l'énurésie. L'immaturité vésicale, caractérisée par une capacité vésicale réduite et une instabilité, est fréquente. Un déficit de sécrétion d'ADH (hormone antidiurétique) peut entraîner une polyurie nocturne. La qualité du sommeil joue un rôle crucial, un sommeil profond empêchant le réveil en cas de besoin. Enfin, des facteurs psychologiques et socio-familiaux (divorce, stress, naissance d'un frère/sœur) sont souvent impliqués, particulièrement dans l'énurésie secondaire.

1. Facteur Vésical L immaturité vésicale

L'immaturité vésicale ou l'instabilité vésicale est identifiée comme une cause majeure des fuites urinaires chez les enfants. Le document souligne que l'enfant traverse une période de transition variable avant d'atteindre la maturité mictionnelle complète, l'acquisition de la propreté se situant généralement entre 2 et 5 ans. L'instabilité vésicale, observée chez des enfants neurologiquement normaux ayant atteint l'âge théorique de la propreté, concerne plus fréquemment les filles. Une activité sphinctérienne intense augmente la pression endovésicale, provoquant un débit urinaire explosif et une impériosité mictionnelle. Des études, notamment une étude suédoise (7,9% de fuites urinaires diurnes chez les écoliers de 7 à 15 ans), et une étude anglaise (20 à 40% d'instabilité vésicale), sont citées pour illustrer la fréquence des anomalies mictionnelles diurnes chez les enfants d'âge scolaire. Ces chiffres diffèrent significativement des études européennes antérieures, mettant en lumière la variabilité des résultats selon les études et les populations. Le lien entre immaturité vésicale et énurésie nocturne est explicité : ce qui se produit le jour chez un enfant avec une vessie immature s'aggrave la nuit, pendant les phases de sommeil profond, pouvant entraîner plusieurs fuites urinaires par nuit.

2. Facteur Sommeil La profondeur du sommeil

L'énurésie nocturne, survenant la nuit, est étroitement liée au sommeil. Le document mentionne l'observation d'Aristote sur ce lien, déjà établi il y a 300 ans avant notre ère. L'interrogatoire des parents d'enfants énurétiques révèle fréquemment un sommeil profond qui empêche l'enfant de se réveiller à temps pour uriner. Trois aspects du sommeil sont mis en avant : la profondeur du sommeil, l’hyperpression vésicale aggravée par le sommeil profond (liée à l'immaturité vésicale), et le rythme des cycles de sommeil (4 à 5 fois par nuit environ), déterminant la fréquence des fuites. La qualité du sommeil est donc un élément clé dans le développement de l'énurésie nocturne.

3. Facteur Hormonal Déficit en ADH

L'hypothèse d'un trouble de la sécrétion nocturne de l'ADH (hormone antidiurétique) est avancée comme facteur contributif à l'énurésie nocturne. Depuis 1952, Poulton a suggéré ce lien, la réduction du volume urinaire nocturne étant liée à une augmentation de la sécrétion nocturne d'ADH. Chez les enfants énurétiques, une diminution de l'amplitude du rythme circadien de sécrétion d'ADH semble être responsable de la polyurie nocturne relative. Ce facteur hormonal, en interaction avec d'autres, joue un rôle dans le mécanisme physiologique de l'énurésie.

4. Facteurs Psychologiques et Socio Familiaux

Le texte souligne l'importance des facteurs psychologiques et socio-familiaux, particulièrement dans le cadre de l'énurésie secondaire. Des exemples cliniques sont donnés : 3 enfants ont développé une énurésie suite à un divorce parental, 2 autres suite à un échec scolaire. D'autres facteurs sont mentionnés : maladie chronique (maladie cœliaque), déménagement après un tremblement de terre, violence conjugale, remariage de la mère, ou travail de l'enfant. La naissance d'un frère ou d'une sœur, ou des événements plus graves comme la disparition de parents, peuvent également être des facteurs déclenchants. Des attitudes éducatives rigides ou négligentes peuvent également perturber la sécurité affective nécessaire à l'acquisition du contrôle sphinctérien. Le rôle du contexte familial et émotionnel est donc capital dans la compréhension et la prise en charge de l'énurésie, notamment dans les formes secondaires.

III.Diagnostic et Traitement de l énurésie

Le diagnostic repose sur un interrogatoire précis des parents et de l'enfant, ainsi qu'un examen clinique pour éliminer les causes organiques. Une étude menée à l'hôpital Ibn Nafis de Marrakech (Septembre 2003 - Décembre 2006) a révélé une prévalence de l'énurésie de 3,28%, avec une prédominance masculine (62,3%). Le traitement est multiforme. Des mesures hygiéno-diététiques sont toujours recommandées. Un traitement médicamenteux (oxybutynine, desmopressine) peut être envisagé en cas d'échec des autres méthodes. Les alarmes d'énurésie et la psychothérapie sont également efficaces, notamment pour traiter les aspects psychologiques associés. L'approche thérapeutique doit être personnalisée et adaptée à chaque enfant.

1. Diagnostic de l énurésie

Le diagnostic de l'énurésie commence par un interrogatoire approfondi et méticuleux des parents et de l'enfant. Cet interrogatoire, mené séparément si possible, est crucial pour comprendre l'histoire de l'énurésie, identifier les facteurs déclenchants et établir une relation de confiance. Un examen clinique complet est ensuite réalisé pour rechercher d'éventuelles anomalies des organes génitaux externes, de la région sacrée, ou abdominales (rétention stercorale, globe vésical). Un examen neurologique simple permet d'exclure une pathologie neurologique. L'évaluation du jet urinaire et des conséquences des fuites (irritation périnéale) est également importante. En général, des examens complémentaires ne sont pas nécessaires sauf si une cause organique est suspectée. Une étude à l'hôpital du jour de Marrakech (2003-2006) a impliqué 154 enfants. L'examen clinique était normal pour 95,4% des cas. 69,5% des enfants présentaient des signes associés (pollakiurie, constipation, encoprésie).

2. Traitements de l énurésie Approche non médicamenteuse

Le texte souligne qu'une approche non médicamenteuse est privilégiée en première intention. Des mesures hygiéno-diététiques sont recommandées pour tous les enfants. Des stratégies comme la gymnastique mictionnelle (mictions régulières espacées dans la journée, arrêt et reprise volontaire du jet) sont décrites, ainsi que la rééducation nocturne (réveil nocturne pour une miction volontaire). Les alarmes d'énurésie sont présentées comme un traitement efficace (70 à 95% de succès), avec un faible taux de rechutes, mais nécessitent une motivation de l'enfant et un suivi régulier (2 à 4 mois). Le document précise également que le réveil doit être complet et régulier pour que l'alarme d'énurésie soit efficace. Le traitement par alarme est conseillé pour les enfants de plus de 7-8 ans, capables de gérer l'appareil. La psychothérapie est également mentionnée comme un élément essentiel de la prise en charge, avec un soutien psychologique pour l'enfant et sa famille.

3. Traitements médicamenteux de l énurésie

Le recours au traitement médicamenteux pour l'énurésie est considéré comme une seconde intention, après l'échec des traitements non médicamenteux. L'oxybutynine est citée comme anticholinergique le plus utilisé, diminuant la pression intra-vésicale et augmentant la capacité vésicale. La desmopressine (voie endonasale) est également présentée, avec une efficacité démontrée pour diminuer le nombre de nuits mouillées (50 à 70%, voire 90% de succès). Cependant, des effets secondaires (épistaxis, céphalées, hypertension artérielle) sont mentionnés, ainsi que le risque d'intoxication hydrique. Les antidépresseurs tricycliques (imipramine) sont déconseillés en raison de leur efficacité limitée et de leurs effets secondaires importants (risques cardiaques et hépatiques en cas de surdosage). Une étude randomisée comparant la desmopressine et l'alarme sonore montre une supériorité à court terme de la desmopressine, mais à long terme, l'alarme se révèle plus efficace pour la prévention des rechutes.

IV.Étude sur l énurésie à Marrakech

Une étude réalisée à l'hôpital Ibn Nafis de Marrakech entre septembre 2003 et décembre 2006 a porté sur 154 enfants âgés de 5 à 16 ans. L'étude a révélé une prévalence de l'énurésie de 3,28%, avec une prédominance masculine (62,3%). L'énurésie primaire était plus fréquente (68,2%) que l'énurésie secondaire (31,8%). Des facteurs socio-familiaux ont été identifiés dans 33,1% des cas. Dans la plupart des cas (95,4%), l'examen clinique était normal. Un traitement médicamenteux (principalement oxybutynine) a été prescrit dans 33,8% des cas.

1. Méthodologie de l étude Marrakchie

Une étude sur l'énurésie a été menée au service de pédiatrie A de l'hôpital Ibn Nafis de Marrakech entre septembre 2003 et décembre 2006. L'étude a porté sur 154 enfants et adolescents âgés de 5 à 16 ans ayant consulté à l'hôpital de jour. Seuls les enfants répondant aux critères diagnostiques de l'énurésie de l'Association Américaine de Psychiatrie (DSM IV) ont été inclus. Les données collectées comprenaient les caractéristiques de l'énurésie, les signes cliniques et les modalités thérapeutiques. L'étude a permis d'inventorier les caractéristiques de l'énurésie chez les enfants, tels que la prévalence de l'énurésie primaire par rapport à l'énurésie secondaire, la fréquence de l'énurésie nocturne isolée, et l'implication de facteurs socio-familiaux. Le texte mentionne des exemples de facteurs déclenchants observés : divorce parental (3 enfants), échec scolaire (2 enfants), maladie chronique, déménagement, violence conjugale, remariage, travail de l'enfant.

2. Résultats de l étude Marrakchie

L'étude à Marrakech a révélé une prévalence de l'énurésie de 3,28% au sein de l'hôpital de jour, avec une nette prédominance masculine (62,3%). L'énurésie primaire était plus fréquente (68,2%) que l'énurésie secondaire (31,8%). La forme la plus courante était l'énurésie nocturne isolée (66,2%). Dans 33,1% des cas, des facteurs socio-familiaux ont été incriminés. Dans la grande majorité des cas (95,4%), l'examen clinique était normal. Cependant, 69,5% des enfants présentaient des signes associés, tels que la pollakiurie, la constipation, ou l'encoprésie. Concernant le traitement, des mesures hygiéno-diététiques ont été appliquées à tous les enfants, tandis qu'un traitement médicamenteux (oxybutynine) a été prescrit à 33,8% des enfants. Ces données permettent de mieux cerner le profil épidémiologique et les caractéristiques cliniques de l'énurésie dans le contexte Marrakchi.