Étude sur l'Hydatidose: Diagnostic, Traitement et Prophylaxie

Étude sur l'Hydatidose: Diagnostic, Traitement et Prophylaxie

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Langue French
Format | PDF
Taille 1.54 MB
  • hydatidose
  • traitement chirurgical
  • santé publique

Résumé

I.Aspects Cliniques et Radiologiques de l Hydatidose Pulmonaire chez l Enfant

Cette étude, menée au CHU Med VI Marrakech de janvier 2001 à décembre 2007, a analysé 91 cas d'hydatidose pulmonaire chez l'enfant. Le poumon est la première localisation du kyste hydatique chez les enfants. Les signes pathognomoniques, tels que la vomique hydatique et l'hydatidoptysie, ne sont présents que dans 45% des cas. L’échographie thoracique, la radiographie thoracique, la TDM thoracique, et l’IRM sont utilisées pour le diagnostic de l’hydatidose pulmonaire. L'échographie est limitée pour les kystes centraux ou volumineux. La TDM est utile pour les cas ambigus. L’IRM est réservée aux localisations médiastinales ou pariétales. La taille des kystes varie, avec des kystes géants possibles chez l'enfant en raison de la grande élasticité du parenchyme pulmonaire. Une étude échographique a permis de distinguer trois types de lésions. L'hydatidose pulmonaire multiple, primitive ou secondaire, est également décrite. Des tests biologiques, dont la réaction de Casoni et des tests sérologiques (IFI, ELISA, hémagglutination indirecte), sont utilisés mais manquent de spécificité et de sensibilité.

1. Présentation Clinique de l Hydatidose Pulmonaire chez l Enfant

L'hydatidose pulmonaire, une maladie parasitaire due à Echinococcus granulosus, représente un problème de santé publique, particulièrement au Maroc. Chez l'enfant, le poumon est le principal site d'infection. Les signes cliniques sont variables et souvent discrets, même avec des kystes de grande taille, en raison de l'élasticité du parenchyme pulmonaire. Seuls 45% des patients présentent des signes pathognomoniques, à savoir la vomique hydatique et/ou l'hydatidoptysie. Des signes digestifs, tels que des douleurs abdominales et des vomissements, ont été observés chez un faible pourcentage (3.2%) des enfants de l'étude, sans localisation hydatique abdominale associée. La prédominance masculine est légère (sex-ratio de 1.27). L’âge de survenue est variable, la plupart des auteurs situent l'âge de survenue entre 2 et 16 ans, avec une moyenne de 8 à 13 ans et demi, même si une atteinte précoce avant un an est possible. La maladie est souvent diagnostiquée après 5 ans. L'incidence au Maroc est d'environ 8.42/100 000 habitants, plus élevée dans les zones rurales et d'élevage. Les kystes peuvent rester asymptomatiques tant qu'ils sont intacts et fermés, les symptômes apparaissant surtout en cas de kystes volumineux ou compliqués, comme une rupture dans la plèvre (détresse respiratoire, douleurs thoraciques) ou une surinfection (suppuration bronchopulmonaire, fièvre, toux).

2. Hydatidose Pulmonaire Multiple et Taille des Kystes

L'hydatidose pulmonaire multiple, pouvant être primitive (infestation massive et répétée) ou secondaire (ensemencement échinococcique de la circulation pulmonaire), est décrite. La taille des kystes à la découverte varie généralement entre 3 et 13 cm, mais peut dépasser ces valeurs, notamment chez l'enfant où des kystes géants sont fréquents du fait de la grande élasticité pulmonaire et d'un retard diagnostique lié à la latence clinique. La croissance du kyste est estimée à 1 à 5 cm par an. L'étude détaille également les différents stades évolutifs du kyste hydatique pulmonaire selon Larbaoui (6 stades), du kyste frais à l'état séquellaire avec différentes caractéristiques radiologiques. La description des lésions à l'échographie est précisée : un kyste hydatique pulmonaire fermé se présente comme une plage anéchogène, arrondie ou ovalaire. Une étude tunisienne mentionne que l'échographie transthoracique n'a pu montrer que 52,3% des kystes dans une série de 232 enfants.

3. Imagerie de l Hydatidose Pulmonaire

Plusieurs techniques d'imagerie sont utilisées pour le diagnostic de l'hydatidose pulmonaire. L'échographie thoracique, accessible par différentes voies selon la localisation du kyste (sus-claviculaire, sous-costale, intercostale), est limitée en cas de kystes centraux ou volumineux à cause des artefacts liés à l'air pulmonaire. La tomodensitométrie thoracique (TDM), bien que non systématique dans les pays endémiques, est précieuse pour différencier les kystes hydatiques des affections tumorales ou inflammatoires, en particulier lorsque le sérodiagnostic est négatif. Son introduction a permis de réduire significativement les erreurs diagnostiques et topographiques. L'imagerie par résonance magnétique (IRM) a des indications limitées, principalement pour les localisations médiastinales, rachidiennes ou pariétales associées à une atteinte pulmonaire. Le bilan d’extension, pour rechercher d’autres localisations concomitantes, inclut une échographie abdominale systématique, la deuxième localisation la plus fréquente étant hépatique (taux variant de 9% à 28%, et 34% dans cette étude).

4. Examens Biologiques dans l Hydatidose Pulmonaire

Des examens biologiques complémentaires sont utilisés pour le diagnostic et le suivi de l'hydatidose pulmonaire. L'éosinophilie sanguine, bien que non constante et non spécifique, peut être présente dans les cas compliqués. L'intradermoréaction de Casoni, un test d'hypersensibilité immédiate, est mentionnée mais son utilisation est de plus en plus abandonnée en raison de faux positifs et faux négatifs. Les réactions utilisant des antigènes solubles, comme l'hémagglutination indirecte, offrent une meilleure sensibilité mais restent non spécifiques. Les tests sérologiques (IFI, ELISA, hémagglutination indirecte…) sont importants, mais leur sensibilité et spécificité varient selon la localisation, l'âge et la vitalité du kyste. Les kystes pulmonaires sont moins souvent séropositifs que les kystes hépatiques. Chez l'enfant, la positivité est globalement diminuée. Une sérologie négative n'élimine pas le diagnostic. Au total, les tests biologiques sont utiles pour les cas radiologiques peu évocateurs et le suivi thérapeutique, une combinaison de techniques quantitatives et qualitatives étant recommandée.

II.Traitement de l Hydatidose Pulmonaire Médicamenteux et Chirurgical

Le traitement médical repose sur le mébendazole, un benzimidazole avec une faible absorption intestinale, administré à des doses variables (30 à 200 mg/kg/jour). Le traitement chirurgical est le plus efficace pour l'hydatidose pulmonaire. Les techniques chirurgicales conservatrices, comme la kystectomie, l'énucléation (technique d'Ugon), et la périkystectomie, sont privilégiées chez l'enfant pour préserver le parenchyme pulmonaire. Des techniques plus invasives comme la résection pulmonaire ou la lobectomie sont envisagées en cas de kystes compliqués (rupture, infection, grande taille). La thoracoscopie est une approche moins invasive pour certains cas. La sternotomie médiane est une option pour les kystes bilatéraux, mais controversée. L'anesthésie, la prévention de la rupture intra-opératoire, et le choix des scolicides sont des aspects cruciaux de l'intervention chirurgicale.

1. Traitement Médicamenteux de l Hydatidose Pulmonaire

Le traitement médical de l'hydatidose pulmonaire repose principalement sur l'utilisation du mébendazole, un benzimidazole à large spectre. L'administration se fait par voie orale, mais la posologie n'est pas standardisée, variant selon les études de 30 à 200 mg/kg/jour. La durée du traitement est également variable, allant de 1 à 24 mois. Un inconvénient majeur du mébendazole est sa faible absorption intestinale, conduisant à de faibles concentrations plasmatiques et intra-kystiques. Malgré cela, il est généralement bien toléré aux doses recommandées (40-50 mg/kg/jour), même sur de longues périodes. Une surveillance clinique et biologique rapprochée est cependant nécessaire, incluant le contrôle de la fonction hépatique et rénale, ainsi que l'hémogramme, tous les 10 à 15 jours. Les effets secondaires sont généralement bénins, mais le risque de rupture et de surinfection du kyste reste une complication redoutable, même en cas de bonne réponse thérapeutique. La rétention de membrane intra-pulmonaire représente un handicap majeur du traitement médical, augmentant le risque d'infection récurrente. Dans un cas spécifique de l'étude, le traitement exclusif par antiparasitaires sur 14 mois a donné un résultat jugé bon, avec une hépatomégalie persistante mais sans manifestation clinique. Les kystes pulmonaires sont restés stables.

2. Traitement Chirurgical de l Hydatidose Pulmonaire

Le traitement chirurgical est considéré comme le plus efficace pour l'hydatidose pulmonaire, surtout chez l'enfant. La chirurgie conservatrice est privilégiée pour préserver au maximum le parenchyme pulmonaire. Différentes techniques sont décrites: la pneumotomie avec énucléation selon Ugon, la kystectomie selon Barrett et la périkystectomie de Pérez Fontana. Ces techniques permettent l'éradication du parasite tout en minimisant les dommages au poumon. L'anesthésie, avec intubation par une sonde à double courant (type Carlens) est recommandée pour assurer le confort chirurgical et éviter les complications en cas de rupture du kyste. Une dissection minutieuse est primordiale pour éviter l'ouverture accidentelle du kyste. L'utilisation de solutions scolicides (initialement formolées, puis éthanol, citromonium, polyvidone-iodée, et solutions salines hypertoniques) est discutée, leur efficacité étant relative et leur utilisation remise en question par certains auteurs. Pour les kystes de grande taille, même sans complications, l'énucléation peut être remplacée par une ponction-aspiration de Barrett ou une périkystectomie. Des techniques plus radicales, comme la résection pulmonaire ou la lobectomie, sont indiquées pour les kystes compliqués (rupture, infection, bronchectasies avec hémoptysies), ou en cas de destruction pulmonaire importante. La thoracoscopie et la sternotomie médiane (pour les kystes bilatéraux) sont des approches plus récentes, mais la sternotomie médiane reste une technique controversée.

3. Approches Chirurgicales Spécifiques et Complications

Le choix de la technique chirurgicale dépend de l'état du parenchyme pulmonaire, de l'atteinte des bronches, et de la présence de complications. Pour les kystes unilatéraux, l'énucléation ou la périkystectomie sont possibles, les cavités résiduelles étant laissées ouvertes pour éviter les complications. Une lobectomie peut être nécessaire si plusieurs kystes sont regroupés dans un même lobe. La pneumonectomie est une intervention exceptionnelle, réservée aux cas de destruction pulmonaire massive. En cas d'atteinte pleurale, une décortication avec exérèse limitée ou, plus rarement, une pleuropneumonectomie, est envisagée. Les kystes hydatiques hépatiques associés nécessitent une stratégie adaptée, souvent en commençant par le traitement du kyste pulmonaire pour éviter les complications lors de la chirurgie hépatique. Une thoracophrénolaparotomie est possible si les localisations sont du même côté. Les suites opératoires sont généralement simples, avec une bonne évolution clinique et radiologique dans la majorité des cas. La morbidité postopératoire est variable selon la complexité du kyste. La persistance de cavités résiduelles est une complication tardive fréquente, exposant à des surinfections. La mortalité, grâce aux progrès de la chirurgie et de la réanimation, est très faible.

III.Résultats du Traitement et Complications

Pour les 78 enfants opérés, le résultat final était satisfaisant dans 88,4% des cas. Le traitement médical par mébendazole, évalué sur 14 mois, a montré de bons résultats dans un cas. Les complications post-opératoires incluent les fistules, les surinfections, et l'atélectasie. Les complications tardives concernent principalement la persistance de cavités résiduelles, exposant au risque de surinfection. La mortalité est faible grâce aux progrès de la chirurgie et de la réanimation. Un suivi radiologique et sérologique régulier est essentiel pour détecter les récidives ou complications tardives. L'étude a noté une légère prédominance masculine (sex-ratio de 1,27). L'âge des patients variait, avec une moyenne dans la plupart des études entre 8 et 13 ans et demi.

1. Résultats du Traitement Chirurgical

Sur les 78 enfants ayant bénéficié d'une intervention chirurgicale pour kyste hydatique pulmonaire (KHP), 69 (soit 88,4%) ont présenté un résultat final estimé satisfaisant, sans symptomatologie clinique persistante. Dans 95,2% des cas, la radiographie thoracique de contrôle était normale. Cependant, une persistance de cavités résiduelles a été observée chez 4 enfants (4,8% des cas). L'étude souligne que le traitement chirurgical est efficace dans la grande majorité des cas, même si une surveillance post-opératoire reste nécessaire pour détecter les complications tardives telles que la persistance de cavités résiduelles. Dans un autre cas, l'évolution d'un kyste hydatique traité exclusivement par un traitement médical à base d'antiparasitaires pendant 14 mois a été jugée favorable. Une hépatomégalie persistante a été notée, mais sans manifestation clinique abdominale ou respiratoire. La TDM de contrôle a révélé une réduction significative de la taille et du nombre de kystes hépatiques, tandis que les kystes pulmonaires sont restés inchangés. Dans cette série, aucune récurrence n'a été observée.

2. Complications Postopératoires et Tardives

Les suites opératoires des KHP sont généralement simples, avec un retour à la normale du poumon et une réexpansion convenable dès le lendemain de l'intervention dans la majorité des cas (taux de bonne évolution variant de 74,6% à 98,6% selon les auteurs). Cependant, des complications postopératoires peuvent survenir, dont les plus fréquentes dans cette étude sont les fistules et les surinfections. Un seul cas d'atélectasie a été rapporté. La morbidité postopératoire est influencée par l'état du kyste au diagnostic ; les kystes compliqués s'accompagnent plus fréquemment de complications postopératoires. Le taux de morbidité varie selon les études, ne dépassant généralement pas 10%, mais pouvant atteindre 25,4% dans les cas de KHP rompus. Les complications tardives sont majoritairement liées à la persistance d'une cavité résiduelle séquellaire, souvent asymptomatique et découverte lors d'un contrôle radiologique. Cette cavité résiduelle représente un risque de surinfection, de greffe aspergillaire et d'hémoptysie, complications minimisées par un bon capitonnage et un effacement progressif de la cavité. La mortalité liée à l'hydatidose pulmonaire est très faible, inférieure à 1,25% selon la plupart des auteurs, grâce aux progrès de la chirurgie et de la réanimation. Les causes de décès sont principalement des accidents aigus (pneumothorax suffocant, hémorragie, embolie pulmonaire).

3. Suivi et Contrôle Biologique

Un suivi régulier après le traitement, qu'il soit chirurgical ou médical, est crucial. Un contrôle radiologique et sérologique permet de détecter toute complication tardive ou récurrence. Après l'intervention chirurgicale, une élévation du taux d'anticorps sériques est observée pendant les 4 à 6 semaines suivant l'opération, suivie d'une décroissance sur plusieurs mois, avec disparition en 12 à 24 mois (voire jusqu'à 5 ans). La persistance d'un taux élevé d'anticorps ou une remontée après négativation suggèrent une intervention incomplète ou une échinococcose secondaire. Le suivi sérologique permet donc d'évaluer l'efficacité du traitement et de dépister précocement les récidives. Un contrôle biologique régulier est donc préconisé pour assurer un suivi optimal et une prise en charge rapide des éventuelles complications. La cinétique des anticorps permet d'apprécier l'efficacité du traitement.