Profil épidémiologique, clinique et thérapeutique des péritonites aiguës

L'article aborde la problématique des péritonites aiguës généralisées (PAG), une condition médicale grave qui se caractérise par une inflammation diffuse et soudaine du péritoine. Il souligne l'importance d'une prise en charge thérapeutique rapide en raison de la nature potentiellement mortelle de cette condition. Bien que la mortalité liée aux infections intra-abdominales ait diminué au cours des dernières décennies, l'article souligne qu'il n'y a pas eu de progrès significatifs dans le traitement des PAG récemment. Les proportions de décès sont particulièrement élevées dans les infections nosocomiales et postopératoires, atteignant respectivement 25% et 21% selon Sotto et Dupont. Le pronostic des PAG est influencé par plusieurs facteurs, notamment l'étiologie de la péritonite, la rapidité du traitement, l'état de santé général du patient et l'âge. Les péritonites appendiculaires et celles résultant de la perforation d'un ulcère, affectant principalement les jeunes, affichent un taux de mortalité inférieur à 10%, tandis que les péritonites postopératoires présentent un taux beaucoup plus élevé, atteignant 68,8%.

L'étude menée au CHU Mohamed VI de Marrakech s'est penchée sur 360 cas de PAG sur une période de deux ans. L'analyse révèle une prédominance masculine avec un sex-ratio de 9,9, l'âge moyen des patients étant de 39,2 ans. Les perforations d'ulcères gastroduodénaux représentent la cause la plus fréquente de PAG (53,8%), suivies des appendicites compliquées (32,7%). Les autres causes, telles que les péritonites post-traumatiques, post-opératoires, par perforation tumorale, biliaires et les pélvipéritonites, ne représentent que 13,5% des cas. L'article met en évidence l'impact de facteurs socio-économiques sur la fréquence des perforations d'ulcères gastroduodénaux, expliquant que l'accès limité à la fibroscopie et au traitement médical antisecrétoire, ainsi qu'un régime alimentaire riche en sel, contribuent à l'augmentation de ces cas au Maroc.

La prise en charge des PAG nécessite une approche multidisciplinaire incluant la réanimation, la chirurgie et l'antibiothérapie. La réanimation vise à corriger l'hypovolémie et à stabiliser l'état hémodynamique du patient. La chirurgie est essentielle pour contrôler la source infectieuse et drainer le pus. L'article discute des différentes techniques chirurgicales utilisées, notamment la laparotomie et la coelioscopie, en fonction de l'étiologie et de l'état du patient. L'antibiothérapie joue un rôle crucial dans le traitement des infections bactériennes. L'antibiothérapie empirique est initiée en préopératoire, basée sur la connaissance des germes habituellement en cause en fonction du site anatomique. L'article aborde les différentes classes d'antibiotiques utilisées et souligne l'importance d'adapter le traitement en fonction des résultats des cultures. Il souligne également la difficulté d'accès à certains antibiotiques en urgence dans certains contextes, ce qui peut influencer les choix thérapeutiques.

L'étude révèle que les perforations d'ulcères gastroduodénaux et les appendicites compliquées sont les causes les plus fréquentes de PAG. Le taux de mortalité, bien qu'il se soit amélioré, reste significatif et est principalement lié au choc septique et à la défaillance multiviscérale. L'article met en avant la nécessité d'une prise en charge rapide et efficace pour améliorer le pronostic des patients. L'absence de progrès thérapeutiques significatifs dans le traitement des infections intra-abdominales ces dernières années souligne l'importance de la recherche et du développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. L'article ouvre des pistes de réflexion pour améliorer la prise en charge des PAG, notamment en améliorant l'accès aux soins, en sensibilisant la population aux facteurs de risque et en développant de nouvelles stratégies thérapeutiques plus efficaces.