
Traitement Neurochirurgical de la Maladie de Parkinson
Informations sur le document
Auteur | Mr. Agarram Abdessamad |
École | Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie Marrakech |
Spécialité | Médecine |
Lieu | Marrakech |
Type de document | Thèse |
Langue | French |
Format | |
Taille | 2.03 MB |
- Maladie de Parkinson
- Neurochirurgie
- Stimulation cérébrale
Résumé
I.I Anatomie du système extrapyramidal et des structures cibles en neurochirurgie de la maladie de Parkinson
Cette section détaille l’anatomie du système extrapyramidal, impliqué dans le contrôle moteur. Elle décrit les noyaux gris centraux (NGC), notamment le thalamus (avec ses noyaux antérieur et ventrolatéral), le striatum (divisé en territoires sensori-moteur, associatif et limbique), le globus pallidus (GPi, GPe), et le noyau sous-thalamique (NST). L’importance de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour le repérage précis de ces structures, notamment via des atlas comme ceux de Schaltenbrand et Talairach, est soulignée pour la planification de la chirurgie stéréotaxique dans la maladie de Parkinson.
1. Le système extrapyramidal et ses composantes
Le texte introduit le système extrapyramidal comme un système moteur essentiel. Ses voies nerveuses, originaires des aires corticales extrapyramidales (1, 2, 3, 5, 6, 8 et 22) voisines de l'aire 4 de Brodman, transitent par les noyaux gris centraux (NGC) avant de rejoindre la moelle épinière. L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est présentée comme l'outil principal pour le repérage clinique de ces structures grises, son interprétation facilitée par la connaissance de l'anatomie sérielle. La visualisation bi ou tridimensionnelle issue de l'IRM, combinée aux données morphologiques et anatomiques, a permis la création d'atlas précieux tels que ceux de Schaltenbrand et de Talairach et Tournoux, des outils indispensables pour la neurochirurgie fonctionnelle.
2. Description anatomique du thalamus et du striatum
Le thalamus, situé de part et d'autre du troisième ventricule, est décrit comme ayant une organisation nucléaire complexe. Malgré l'absence de consensus sur sa nomenclature et son organisation, les classifications de Hassler (utilisée dans l'atlas de Schaltenbrand paru en 1977) et de Jones (1989) sont fréquemment citées. Ses fonctions sont principalement de relais sensitif et sensoriel pour la projection corticale, mais certains noyaux, comme le noyau antérieur et le noyau ventrolatéral, jouent un rôle moteur extrapyramidal. Le striatum, porte d'entrée des ganglions de la base, reçoit de nombreuses afférences corticales et de la substance noire (SNc). Ses projections corticostriatales massives mènent à une subdivision fonctionnelle (sensori-moteur, associatif, limbique) maintenue le long de l'axe principal des ganglions de la base. Chaque territoire striatal contribue de manière complémentaire à l'acte moteur : contrôle du mouvement (sensorimoteur), planification et anticipation (moteur), gestion des aspects motivationnels et émotionnels (limbique).
II.II Physiologie et physiopathologie des ganglions de la base dans la maladie de Parkinson
La section explique les voies directe et indirecte des ganglions de la base. Dans la maladie de Parkinson, la dégénérescence des neurones dopaminergiques de la SNc perturbe ces voies, entraînant une hyperactivité du NST et une inhibition excessive de l'activité thalamo-corticale. Ceci se traduit cliniquement par la bradykinésie, l’akinésie, le tremblement au repos et la rigidité, symptômes clés de la maladie de Parkinson. L'âge moyen de début est situé entre 58 et 62 ans, avec une incidence plus élevée chez les hommes. Des facteurs génétiques et environnementaux semblent jouer un rôle dans le développement de la maladie.
1. Voies directes et indirectes des ganglions de la base
Cette section décrit le fonctionnement des ganglions de la base via deux voies principales : la voie directe et la voie indirecte. La voie directe, impliquant le striatum, exerce une influence sur les structures de sortie (noyaux pallidal interne et réticulé de la substance noire) en inhibant leur activité inhibitrice sur le thalamus, ce qui résulte en une excitation corticale. La voie indirecte, impliquant un relais au niveau du noyau sous-thalamique (NST), a un effet inverse : l'activation de cette voie augmente l'inhibition du thalamus, et ainsi, déprime l'activité corticale. Ce système complexe d'excitations et d'inhibitions contribue au contrôle fin du mouvement.
2. Physiopathologie de la maladie de Parkinson
La physiopathologie de la maladie de Parkinson est expliquée par la dégénérescence massive des neurones dopaminergiques de la substance noire (SNc), responsables de l'innervation du striatum. Cette perte dopaminergique affecte le fonctionnement des neurones striataux, à l'origine des voies directe et indirecte. Chez les personnes atteintes de la maladie, l'inhibition normale des neurones striataux de la voie indirecte par la dopamine est absente, conduisant à une hyperactivité du NST. Ceci, à son tour, augmente l'inhibition des neurones thalamo-corticaux, diminuant l'excitation corticale nécessaire à l'initiation et à l'exécution du mouvement. Cette cascade d'événements neuronaux est responsable des symptômes moteurs caractéristiques de la maladie, principalement la bradykinésie ou akinésie, accompagnée de tremblements au repos et de rigidité. L'âge moyen du début de la maladie se situe entre 58 et 62 ans, avec une incidence plus élevée chez les hommes. Des différences significatives d'incidence sont observées entre les régions du monde, laissant supposer un rôle des facteurs environnementaux et/ou génétiques.
3. Caractéristiques du tremblement parkinsonien
Le texte décrit en détail les caractéristiques cliniques du tremblement parkinsonien, en le définissant comme un mouvement oscillatoire rythmique apparaissant au repos, disparaissant au relâchement musculaire complet ou pendant le sommeil. Il affecte souvent les extrémités des membres (mains, doigts, pieds), pouvant également impliquer les lèvres, la mâchoire et la langue. Ce tremblement est initialement intermittent et fluctuant, aggravé par la fatigue, les émotions, ou l'effort mental. Ces caractéristiques sont importantes pour le diagnostic et l'évaluation de l'efficacité des traitements, sa disparition définitive étant le seul critère pertinent. L'apparition d'un tremblement de repos, même isolé, est un fort argument en faveur du diagnostic de maladie de Parkinson, selon une étude anatomoclinique. Cependant, selon les critères de la UKPDBB, un tremblement de repos isolé ne suffit pas à établir ce diagnostic.
III.III Diagnostic de la maladie de Parkinson et évaluation clinique
Le diagnostic de la maladie de Parkinson repose principalement sur des critères cliniques, notamment le tremblement de repos, l'asymétrie des symptômes et la réponse à la L-Dopa. Des examens complémentaires comme l’IRM sont utilisés en cas de doute diagnostique ou pour différencier la maladie de Parkinson d'autres syndromes parkinsoniens. L’UPDRS est une échelle d'évaluation multidimensionnelle utilisée pour suivre l'évolution de la maladie et l'efficacité des traitements. Le MMS et le test de Mattis sont des outils d'évaluation cognitive. Une étude rétrospective de la UKPDSBB (Société de la Maladie de Parkinson du Royaume-Uni) a montré une concordance entre le diagnostic clinique et neuropathologique dans 76% des cas de maladie de Parkinson.
1. Critères cliniques de diagnostic de la maladie de Parkinson
Le diagnostic de la maladie de Parkinson repose principalement sur des observations cliniques. Des critères spécifiques sont mentionnés, comme la présence d'un tremblement de repos et une asymétrie initiale des symptômes. L'absence de signes atypiques est cruciale pour exclure d'autres syndromes parkinsoniens dégénératifs ou des syndromes parkinsoniens secondaires. La réponse à la L-Dopa, bien qu'un critère important, n'est pas significative au stade initial (« de novo ») du diagnostic. En cas de doute, des examens complémentaires peuvent être nécessaires pour affiner le diagnostic et écarter d'autres pathologies. Une étude rétrospective de la UKPDSBB (Société de la Maladie de Parkinson du Royaume-Uni) a analysé 100 cas diagnostiqués cliniquement, confirmant le diagnostic neuropathologique de maladie de Parkinson idiopathique (MPI) dans seulement 76 cas. Les 24 autres cas comportaient diverses pathologies, dont 6 cas de paralysie supranucléaire progressive (PSP), 6 cas de maladie d'Alzheimer, 5 cas d'atrophie multisystématisée (AMS), et d'autres.
2. L échelle UPDRS et l évaluation de la fonction cognitive
L'Unified Parkinson's Disease Rating Scale (UPDRS) est présentée comme une échelle d'évaluation multidimensionnelle essentielle pour le suivi de la maladie de Parkinson. Développée par la Movement Disorder Society, elle vise à évaluer les fluctuations motrices diurnes et les complications du traitement médicamenteux (effet « on-off »). L'évaluation cognitive, bien que mentionnée, est jugée superficielle dans le document, avec seulement quatre items abordant l'efficience intellectuelle, la capacité d'initiation et l'intensité d'un syndrome dépressif. Des tests complémentaires, comme le Mini-Mental State Examination (MMS), un test générique rapide mais peu adapté aux démences légères, et le test de Mattis, plus complet mais plus complexe et chronophage, sont évoqués. Le choix des échelles doit être adapté aux questions posées, servant à quantifier l'effet des traitements, qu'ils soient médicamenteux (test à la L-Dopa) ou neurochirurgicaux. Le document souligne l’importance de l’interrogatoire et de l’examen clinique, qui ne peuvent être entièrement remplacés par des échelles d’évaluation.
3. Imagerie par résonance magnétique IRM et autres examens complémentaires
L'IRM encéphalique est de plus en plus utilisée, apportant une contribution significative au diagnostic différentiel, notamment dans les cas de Parkinson « plus ». Le texte mentionne des aspects IRM évocateurs pour les atrophies multisystématisées (atrophie du pont et du cervelet), la paralysie supranucléaire progressive (atrophie mésencéphalique), et la dégénérescence corticobasale (atrophie corticale frontopariétale asymétrique). L'analyse multiparamétrique de la posture et de la marche, combinée à l'IRM, offre des informations précieuses sur les déficits moteurs. L'étude évoque une réduction des forces propulsives dans l'initiation de la marche chez les patients parkinsoniens, conduisant à une diminution de la longueur du pas. L'utilisation de réafférences visuelles améliore ces paramètres. Les examens complémentaires sont principalement utilisés pour le diagnostic différentiel, la meilleure évaluation des symptômes cliniques, et la compréhension de leurs mécanismes physiopathologiques, dans un objectif de recherche.
IV.IV Traitements neurochirurgicaux de la maladie de Parkinson Thalamotomie Pallidotomie et Stimulation du Noyau Sous thalamique NST
Face aux limites du traitement médicamenteux par L-Dopa, les interventions neurochirurgicales jouent un rôle important. La thalamotomie, ciblant le noyau Vim, améliore principalement le tremblement controlatéral. La pallidotomie, visant le globus pallidus, traite l'akinésie, la rigidité et les dyskinésies liées à la L-Dopa. La stimulation du NST offre une amélioration significative de l'ensemble des symptômes moteurs, incluant le tremblement, la rigidité, l'akinésie, et réduit les dyskinésies. Les équipes de Créteil et Lund sont mentionnées pour leurs travaux sur la greffe de neurones embryonnaires dopaminergiques, une approche expérimentale encore en développement. L'efficacité de chaque technique est discutée, ainsi que les risques chirurgicaux (hémorragie, ischémie) et les effets secondaires. Le choix du traitement dépend des symptômes dominants, de l’âge du patient et des préférences de l'équipe chirurgicale.
1. Thalamotomie Amélioration du tremblement limites et indications
La thalamotomie, une technique lésionnelle, a été utilisée pour traiter le tremblement dans la maladie de Parkinson. Initialement ciblant la partie ventrolatérale du thalamus, elle a montré des résultats positifs pour le tremblement de repos controlatéral. Cependant, le pallidum, une autre cible initialement explorée, s'est révélé moins efficace. L'introduction de la stéréotaxie a permis une meilleure précision des lésions. Des études (Svennilson, Riechert, Kelly et Gillingham, Matsumoto) ont rapporté une abolition du tremblement et une réduction de la rigidité dans 80 à 90% des cas sur le long terme. Cependant, l'amélioration est principalement limitée au tremblement. La bradykinésie, l'akinésie, et les problèmes de marche ne sont pas significativement améliorés. En raison d'effets secondaires après lésion bilatérale, la thalamotomie unilatérale du noyau Vim est désormais limitée aux formes tremblantes sévères unilatérales non évolutives, en cas de contre-indication à la stimulation cérébrale profonde.
2. Pallidotomie Traitement de l akinésie de la rigidité et des dyskinésies
La pallidotomie, réhabilitée par Laitinen, cible le pallidum interne, plus spécifiquement sa partie ventropostérolatérale. Contrairement à la thalamotomie, elle vise principalement l'amélioration de l'akinésie, de la rigidité, et surtout, la réduction des dyskinésies induites par la L-Dopa. L'amélioration motrice est chiffrée à environ 45%, insuffisante pour réduire significativement le traitement dopaminergique, qui doit souvent être augmenté. Le principal avantage de cette méthode réside dans la réduction considérable des dyskinésies (80 à 90%), un effet qui persiste sur plusieurs années selon des études à long terme. L'objectif est de créer une lésion minimale, bien circonscrite pour minimiser les effets secondaires, souvent liés à un œdème périlésionnel. Différentes techniques lésionnelles sont mentionnées (chimiques, électrolytiques, thermiques, mécaniques), incluant la cryothalamectomie de Cooper.
3. Stimulation du Noyau Sous thalamique NST Amélioration globale et réduction de la médication
La stimulation du noyau sous-thalamique (NST) est présentée comme une technique de stimulation cérébrale profonde qui permet une amélioration significative des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Elle réduit les scores moteurs de l'échelle UPDRS d'environ 60%, améliorant le tremblement, la rigidité et l'akinésie. Les dyskinésies de la phase « off » et les symptômes moteurs axiaux dopadépendants sont également améliorés. L'amélioration de la réponse motrice à la L-Dopa avant l'intervention est prédictive du succès de la stimulation du NST. La durée des phases « off » est réduite de plus de 90%, avec une amélioration de la qualité de vie. De plus, les doses de traitement dopaminergique peuvent être réduites de 50 à 80%, contribuant à diminuer les dyskinésies à long terme. La stimulation du NST, contrairement aux lésions, est réversible et adaptable. Le protocole de stimulation, incluant la fréquence (130 Hz), la largeur d'impulsion, et l'amplitude, est détaillé. Des effets secondaires (dysarthrie, déséquilibre, dystonie) sont mentionnés mais souvent modérés et réversibles. Une étude européenne a rapporté quatre décès postopératoires, sans lien direct établi avec la procédure. La greffe de neurones embryonnaires dopaminergiques est mentionnée comme une approche expérimentale, avec des résultats variables et des complications rapportées.