
Analyse des Langues Agglutinantes : Le Cas du Hongrois
Informations sur le document
Auteur | Anna Sőrés |
École | Université De Limoges |
Spécialité | Linguistique |
Lieu | Limoges |
Type de document | Livre |
Langue | French |
Format | |
Taille | 868.26 KB |
- typologie des langues
- langues agglutinantes
- flexion et agglutination
Résumé
I.Classifications historiques des langues et la typologie morphologique
Ce document explore les différentes tentatives de classification des langues, notamment selon leur structure morphologique, en se concentrant sur la distinction entre langues agglutinantes et flexionnelles. Le XIXe siècle a vu émerger des approches comme celles de Friedrich Schlegel et August Schleicher, qui ont essayé de distinguer l'agglutination (où les affixes grammaticaux sont ajoutés au radical avec peu de changements phonologiques) de la flexion (où les morphèmes sont fusionnés et subissent des changements importants). Ces classifications précoces, souvent biaisées en faveur des langues indo-européennes, ont été critiquées pour leur hiérarchisation implicite des langues et leur manque de nuance. Wilhelm von Humboldt a introduit la notion de langues incorporantes, tandis que les travaux ultérieurs de Sapir et Greenberg ont cherché à affiner ces classifications en utilisant des critères quantitatifs comme le nombre de morphèmes par mot et le degré de fusion des morphèmes, ouvrant la voie à une approche plus quantitative de la typologie morphologique.
1.1 Les classifications du XIXe siècle Schlegel et Schleicher
Dès le XIXe siècle, l'étude croissante des langues du monde a conduit les grammairiens et les philosophes à observer des similarités et des différences dans la structure des mots, notamment le rapport entre les mots et les affixes grammaticaux. Friedrich Schlegel (1808), figure importante du romantisme allemand, propose une première distinction entre groupes de langues. Cependant, le classement qui prévaut encore aujourd'hui est celui d'August Schleicher (1861), qui tente de clarifier la distinction entre agglutination et flexion. Schleicher définit l'agglutination par l'utilisation d'affixes marquant les catégories grammaticales de manière analysable (par exemple, nombre + cas), avec peu de changements phonologiques lors de leur ajout au radical. La flexion, quant à elle, implique une fusion des morphèmes exprimant les catégories grammaticales, avec des changements phonologiques considérables lors de la combinaison. Schleicher propose une hiérarchisation des langues, considérant les étapes isolant-agglutinant-flexionnel comme des stades d'évolution, une vision aujourd'hui jugée inacceptable en raison de son biais et de sa rigidité. Cette approche, bien que critiquée pour son eurocentrisme et sa vision évolutionniste linéaire, a posé les bases de la typologie morphologique. Schleicher, malgré une analyse correcte des faits, aboutit à la conclusion inadmissible de la suprématie des langues indo-européennes, soulignant un biais que les études ultérieures chercheront à corriger.
1.2 L apport de Humboldt et les limites des classifications précoces
Wilhelm von Humboldt (1825) introduit un quatrième type linguistique : les langues incorporantes, observées dans certaines langues amérindiennes. Ces langues se caractérisent par l'ajout d'un nombre élevé d'affixes à un lexème, souvent traitant l'objet direct et le verbe comme une unité. Les classifications du XIXe siècle sont critiquées pour deux raisons principales : premièrement, la notion même de « classe » est problématique, car peu de langues utilisent un seul procédé morphologique. Deuxièmement, l'idée d'une hiérarchisation des langues, avec les langues flexionnelles considérées comme supérieures, est inacceptable. Humboldt lui-même a contribué à ce biais en attribuant un rôle primordial à la forme linguistique dans la perception du monde et au niveau culturel d'un peuple, valorisant implicitement les langues à flexion comme le sanskrit et le grec. Le principe même de ces classifications était de situer les langues indo-européennes parmi les langues du monde tout en démontrant leur supériorité, un biais méthodologique fondamental car il tente de classer des familles de langues entières selon des types structuraux, sans considérer que l'appartenance à une famille linguistique est une notion diachronique qui ne coïncide pas toujours avec le caractère structural. L’analyse des approches du XIXe siècle met en évidence la difficulté de concilier les regroupements génétiques et les classifications typologiques, tout en soulignant les limites de ces premières tentatives de classification des langues.
1.3 Les approches de Sapir et Greenberg vers une quantification de la typologie morphologique
L'approche de Sapir introduit une perspective sémantique plus nuancée, étudiant comment les langues expriment différents types de concepts (concrets et abstraits). Il distingue les types « fusionnel » (flexionnel), où la segmentation est difficile, et le type « symbolique », représenté par l'arabe, où la fusion aboutit à l'apophonie ou à des modifications internes. Cependant, la classification de Sapir, comme celles de ses prédécesseurs, est critiquée pour classer une langue entière dans un seul type sans considérer les sous-systèmes. Sapir reconnaît lui-même que l'agglutination est un procédé répandu. Greenberg (1954), quant à lui, propose une approche plus statistique et quantitative, utilisant deux critères principaux: le nombre de morphèmes par mot et le degré de fusion des morphèmes. Il mesure le degré de synthèse par un indice morphème par mot, démontrant la gradation entre langues analytiques, faiblement synthétiques, synthétiques et polysynthétiques, remettant en question les limites strictes entre ces catégories. Greenberg critique l'approche sémantique de Sapir, la considérant comme implicitement formelle. Ses deux autres critères, malgré l’absence de définition précise du « mot », restent pertinents, soulignant l’importance de considérer à la fois le nombre de morphèmes et le degré de modification phonologique. Greenberg propose un système plus souple tenant compte des états transitoires possibles, par exemple, le vietnamien est considéré comme isolant et faiblement agglutinant.
II.L approche de Greenberg et ses indices
Joseph Greenberg propose une méthode statistique pour classer les langues, introduisant des indices quantitatifs pour évaluer le degré de synthèse (nombre de morphèmes par mot), l'indice d'agglutination (proportion de constructions agglutinantes), et d’autres critères. Cette approche, bien que pertinente, présente des difficultés, notamment en ce qui concerne la définition du « mot » et la segmentation des morphèmes. Son approche est critiquée pour sa nature formelle plutôt que sémantique. L’analyse selon les indices de Greenberg révèle des nuances et remet en question les classifications trop rigides en types morphologiques (analytique, synthétique, polysynthétique). L’étude diachronique de langues comme le grec ancien, homérique et moderne illustre l’évolution de la synthèse vers l’analyse.
2.1 Les indices de Greenberg une approche quantitative
L'approche de Greenberg (1954) se distingue par son introduction d'indices quantitatifs pour analyser la structure morphologique des langues. Il propose une méthode statistique pour rendre compte des variations morphologiques, remplaçant les classifications qualitatives par une approche plus objective et mesurable. Greenberg s'intéresse principalement à deux paramètres : le nombre de morphèmes par mot et le degré de fusion des morphèmes. Le premier paramètre, le degré de synthèse, est mesuré par l'indice morphème par mot, permettant d'établir une échelle graduelle plutôt que des catégories rigides (analytique, synthétique, polysynthétique). Il constate, à partir d'un échantillon de cent mots dans huit langues, que le vietnamien a un indice de 1,06, l'anglais de 1,68, le sanskrit de 2,59 et l'esquimau de 3,72. Ces résultats suggèrent que l’on peut envisager les langues sur une échelle plutôt que de les classer dans des catégories fixes. L’étude de l’évolution de l’anglais ancien (indice 2,12) à l’anglais moderne (indice 1,68) illustre l’évolution de la synthèse vers l’analyse. Un deuxième indice, l'indice d'agglutination, mesure la proportion de constructions agglutinantes par rapport au nombre de jointures entre morphèmes. Une valeur élevée indique une langue agglutinante, tandis qu'une valeur basse indique une langue fusionnelle. Malgré la pertinence de ces critères, Greenberg omet de définir précisément le « mot », ce qui limite la portée de son analyse.
2.2 Critiques et limites de l approche de Greenberg
Malgré son apport significatif, l’approche de Greenberg fait l'objet de critiques. Tout d'abord, son test est qualifié de formel plutôt que sémantique, car le concept même du « pluriel », par exemple, peut appartenir à des classes formelles différentes selon la langue étudiée. La classification de Greenberg, basée sur un comptage de morphèmes, ne rend pas totalement compte de la complexité des phénomènes morphologiques. Elle ne tient pas compte des sous-systèmes d’une langue, ce qui est une limite importante. La définition du « mot » elle-même reste floue, posant un problème méthodologique. De plus, l'approche de Greenberg, tout comme celle de Sapir, est critiquée pour son incapacité à rendre pleinement compte des phénomènes complexes de la morphologie. Le document souligne que la plupart des langues utilisent l'agglutination, comme illustré par des exemples en anglais (goodness), ce qui remet en question l’efficacité d’une classification trop binaire. L'anglais, selon les indices de Greenberg, est classé comme une langue plutôt analytique, même s'il présente des traits agglutinants. Greenberg lui-même admet la complexité de sa classification et reconnaît l’importance de dissocier le nombre de morphèmes par mot et le degré de modification phonologique des morphèmes combinés, suggérant une vision plus nuancée de la typologie morphologique.
2.3 L indice de synthèse et l indice d agglutination une approche comparative
L'indice de synthèse, mesuré par le nombre de morphèmes par mot, permet d'expliquer l'absence de limites claires entre les types analytique, synthétique et polysynthétique. Greenberg constate une grande variation de l'indice morphème par mot entre les langues : 1,06 pour le vietnamien, 1,68 pour l'anglais, 2,59 pour le sanskrit, et 3,72 pour l'esquimau. Un indice de 1,00 correspond à une langue analytique. L’article souligne que les indices de Greenberg permettent une comparaison plus objective des langues que les classifications intuitives des travaux précédents. L'indice d'agglutination mesure quant à lui la proportion de constructions agglutinantes par rapport au nombre de jointures. Une valeur élevée indique une langue agglutinante, tandis qu'une faible valeur indique une langue fusionnelle (ou flexionnelle). La comparaison entre le français et le hongrois, à partir de corpus de 100 mots, met en évidence une différence significative du nombre de morphèmes par mot et de l’indice d’agglutination, illustrant la complexité des données et la nécessité d'une analyse comparative rigoureuse. La recherche de Cowgill (1963), analysant 10 langues indo-européennes à travers le temps, illustre l’utilité d’une approche diachronique pour comprendre l’évolution des langues et leurs changements morphologiques. L’approche de Greenberg, bien qu’utile, ne sera pas largement reprise dans les recherches typologiques ultérieures, en partie en raison des problèmes pratiques qu'elle soulève (définition du mot, segmentation).
III.L analyse du hongrois selon les critères de Greenberg et Plank
Le document effectue une analyse du hongrois, une langue souvent considérée comme agglutinante, en utilisant les indices de Greenberg. L’analyse prend en compte des facteurs comme le nombre de morphèmes par mot, le degré d’agglutination et l’alternance des radicaux. Le travail intègre également les critères de Frans Plank pour analyser la morphologie scindée, différenciant l'agglutination de la flexion à l'aide de paramètres binaires (cohésion phonologique, lien morphologique, etc.). L’étude démontre que le hongrois, bien que présentant des traits agglutinants dominants, ne répond pas parfaitement aux critères d'une langue exclusivement agglutinante, illustrant la complexité de la classification morphologique et la nécessité d'une approche plus nuancée en typologie morphologique. Les travaux de Haspelmath sur le sujet confirment la difficulté de catégoriser les langues de manière binaire et met en garde contre l'usage trop simpliste du terme « agglutinant ».
3.1 Analyse du hongrois selon les indices de Greenberg
Cette section analyse le hongrois à travers le prisme des indices de Greenberg. L'objectif est de caractériser la technique morphologique dominante de la langue. Une difficulté majeure réside dans la segmentation des mots, nécessitant une approche stricte où le sens et la forme doivent être identifiables. L'analyse se concentre sur sept indices de Greenberg, appliqués à un corpus de 58 mots hongrois contenant plus d'un morphème, tirés d'un texte d'essai. Les articles sont considérés comme des mots, contrairement à certaines approches grammaticales. L'harmonie vocalique du hongrois, créant un riche éventail d'allomorphes, est prise en compte. Greenberg suggère de considérer l'emploi des allomorphes comme de l'agglutination s'il est automatique. Cependant, le document distingue les cas d'allongement vocalique dû à l'ajout d'un affixe, ne relevant pas de l'agglutination. Les préverbes hongrois, souvent non considérés comme des préfixes par les grammaires hongroises, sont traités comme tels dans cette analyse comparative, afin de confronter suffixation et préfixation. Trois indices de Greenberg (isolationnel, flexionnel pur, concordial) sont omis car relevant plus de l'analyse morphosyntaxique que de la structure du mot. Les problèmes de segmentation et le choix du corpus (texte d'essai) influencent la précision des résultats, comme l'illustre une comparaison avec une conversation courante. L’analyse souligne la nécessité de considérer l’indice d’agglutination en lien avec l’indice morphème par mot pour éviter une classification trop hâtive. En hongrois, la majorité des jointures se font sans alternance.
3.2 Intégration des critères de Plank morphologie scindée
L'analyse du hongrois intègre ensuite les critères proposés par Frans Plank (1999) pour une description plus fine de la morphologie. Plank suggère que la plupart des langues non-isolantes mêlent les procédés agglutinants et flexionnels de manière non aléatoire. L'approche de Plank repose sur des critères binaires pour distinguer ces deux techniques, comparables à ceux de Skalička. Plank met l'accent sur la distinction entre le caractère séparatif ou cumulatif des morphèmes. L'analyse du hongrois selon ces critères examine l'invariance ou la variance des éléments exprimant les catégories grammaticales, tenant compte de l'harmonie vocalique. La segmentation des mots en radicaux et exposants morphologiques est évaluée en termes de transparence. L'alternance des radicaux, un point central depuis les travaux des linguistes du XIXe siècle jusqu'à Sapir et Greenberg, est aussi analysée. Plank se concentre sur la cumulation et les propriétés des éléments grammaticaux (autonomie, mobilité), tandis que Plungian (2001) ajoute des paramètres pour mieux appréhender l'alternance des radicaux. L'analyse du hongrois révèle une fusion partielle (assimilation) à l’impératif et à la conjugaison définie. Le travail s’appuie également sur les recherches de Haspelmath qui souligne la difficulté de tester l'hypothèse de l'agglutination pure et la nécessité de nuancer l'utilisation du terme "agglutinant".
3.3 Evaluation des résultats et conclusion sur le hongrois
L'évaluation des résultats souligne les imprécisions possibles dues aux difficultés de segmentation et au choix du corpus. L'indice d'agglutination ne peut être évalué isolément, mais doit être mis en relation avec l'indice de synthèse. L'analyse révèle que le hongrois a un indice d'agglutination élevé (83 agglutinations sur 99 jointures), confirmant son caractère agglutinant dominant. Cependant, l'analyse prend en compte l'alternance morphologique de la base, considérant ces alternances comme des cas de non-agglutination selon la perspective de Greenberg. Le document examine l'alternance dans les bases verbales et nominales du hongrois, en soulignant que l'alternance n'est pas toujours automatique à travers la langue. L'étude conclut que le hongrois est bien une langue à dominante agglutinante, avec en moyenne deux morphèmes par mot, et principalement suffixante. Les trois préfixes du corpus sont des préverbes dont le statut est problématique. L'analyse de l'indice de flexion souligne qu'il est plus élevé en hongrois qu'en français, ceci étant dû à l’expression du cas par affixation en hongrois. L'étude souligne à nouveau la complexité de la classification morphologique des langues et la nécessité d'aller au-delà des catégories rigides. Le travail de Plank (1999) est mentionné comme une contribution importante pour décrire les systèmes morphologiques, en insistant sur le fait que les langues mélangent souvent les procédés agglutinants et flexionnels.
IV.Conclusion La complexité de la classification morphologique des langues
L'étude conclut en soulignant la complexité de classer les langues selon des types morphologiques rigides. Le hongrois sert d'exemple pour démontrer que même les langues considérées comme principalement agglutinantes présentent des caractéristiques qui défient une classification simple. Les recherches récentes insistent sur la nécessité de considérer des critères plus fins et de prendre en compte la morphologie scindée, reconnaissant que la plupart des langues mêlent les procédés agglutinants et flexionnels. L’analyse du hongrois confirme son caractère majoritairement agglutinant mais nuance cette conclusion en mettant en évidence des exceptions et des variations dans la structure de ses mots. Les travaux de Plank et Haspelmath insistent sur la nécessité d'une approche plus nuancée en typologie morphologique et en classification des langues selon leurs structures morphologiques (langues agglutinantes, langues flexionnelles).
4.1 La complexité de la classification morphologique
La conclusion du document souligne la complexité inhérente à la classification des langues selon des types morphologiques rigides. Les analyses présentées, basées sur les travaux de Greenberg et Plank, démontrent que les langues, même celles considérées comme principalement agglutinantes, présentent des caractéristiques qui défient une classification binaire simple. L'analyse du hongrois illustre parfaitement cette complexité : bien que majoritairement agglutinant, il présente des exceptions et des variations qui nuancent cette catégorisation. Les difficultés de segmentation, la définition même du « mot », et le choix du corpus influencent les résultats. La comparaison entre l'analyse du français et du hongrois met en évidence la nécessité de considérer les indices de synthèse et d'agglutination conjointement pour éviter des conclusions hâtives. Le français, par exemple, pourrait paraître agglutinant si on ne considère que l'indice d'agglutination, alors qu'il est plutôt analytique compte tenu de l'indice morphème par mot. L'étude souligne l'importance d'une approche plus nuancée de la typologie morphologique, qui prenne en compte les subtilités des structures linguistiques et dépasse les classifications trop simplistes.
4.2 Le cas du hongrois une langue à dominante agglutinante mais non exclusivement
L'analyse du hongrois permet de confirmer les intuitions traditionnelles concernant son caractère agglutinant dominant. En moyenne, il y a deux morphèmes par mot, et la langue est plutôt suffixante. Cependant, l'étude met en lumière des exceptions, notamment concernant les préverbes dont le statut reste problématique, et les alternances du radical liées à l'harmonie vocalique. Greenberg considère les alternances de la base comme des cas de non-agglutination, une perspective reprise dans l’analyse du hongrois. Cependant, l'étude différencie les alternances morphologiques conditionnées morphologiquement (non-agglutination) de celles considérées comme automatiques (agglutination), si les règles de combinaison agissent systématiquement à travers la langue. L’analyse souligne que même si le hongrois présente une forte dominance agglutinante, il n'est pas exempt de traits flexionnels. L’étude des indices de flexion montre des valeurs plus élevées en hongrois qu'en français, en raison de l’expression du cas grammatical par affixation. La conclusion insiste sur la nécessité de dépasser les classifications simplistes et de reconnaître la complexité des systèmes morphologiques, même dans des langues traditionnellement étiquetées comme "agglutinantes".
4.3 Perspectives futures et limites des approches typologiques
La conclusion mentionne les travaux récents de Frans Plank (1999) qui suggèrent que presque toutes les langues non-isolantes mélangent les procédés agglutinants et flexionnels de manière non fortuite. Plank propose une approche basée sur des critères binaires pour distinguer l'agglutination et la flexion, soulignant la possibilité de divergences entre les classes, sous-classes de mots, catégories ou termes. Les problèmes pratiques liés à l’analyse statistique (difficultés de segmentation, imprécision des valeurs, choix du corpus) expliquent pourquoi cette méthode n'a pas eu une grande suite dans la recherche typologique. Cependant, une réflexion plus approfondie sur ces méthodes pourrait amener des observations intéressantes sur la définition du mot, la distinction dérivation/flexion, etc. Le document souligne que si l’étude avait été menée plus loin, elle aurait pu aboutir à des conclusions plus fines sur ces aspects de la linguistique. L'étude de Haspelmath est mentionnée comme un résumé récent des recherches en morphologie, qui met en avant la complexité de l’hypothèse de l’homogénéité morphologique et la difficulté de tester l'hypothèse de l'agglutination pure.