Le Traitement Traditionnel en Traumatologie Orthopédie au Maroc : Aspects Socio-Économiques

La médecine traditionnelle, profondément ancrée dans la culture marocaine, se distingue par son approche holistique et son intégration des croyances et pratiques locales. Dans le contexte de la traumatologie orthopédique, le guérisseur traditionnel, communément appelé 'Jebbar', joue un rôle crucial dans la prise en charge des patients. Ce travail de recherche se concentre sur l'évaluation de cette pratique et sur son impact socio-économique. L'étude souligne que malgré la modernisation des soins de santé, une partie significative de la population continue de se tourner vers les Jebbars pour des raisons variées, telles que la croyance en l'efficacité de ces traitements, le coût réduit par rapport à la médecine moderne, et l'accès limité aux établissements de santé. Comme mentionné dans le document, "la médecine traditionnelle se définit comme comprenant diverses pratiques, approches, connaissances et croyances sanitaires intégrant des médicaments à base de plantes, d’animaux et/ou de minéraux". Cette définition souligne l'importance de la médecine traditionnelle dans la société marocaine et son rôle complémentaire aux soins modernes.

L'étude a été menée de manière prospective, impliquant une enquête sur le terrain auprès des Jebbars et des patients dans la région urbaine de Marrakech. Les chercheurs ont élaboré des fiches d'évaluation pour recueillir des données sur divers aspects des soins dispensés par les Jebbars, y compris leur formation, leur expérience et les méthodes de traitement utilisées. Les résultats montrent une diversité dans les pratiques des Jebbars, qui varient en fonction de leur formation et de leur expérience. Par exemple, certains Jebbars utilisent des techniques manuelles comme le massage et le bandage, tandis que d'autres intègrent des traitements spirituels. Cette diversité souligne l'importance de la connaissance locale et de l'expérience dans la pratique de la médecine traditionnelle. L'étude révèle également que l'accès aux soins est souvent facilité par les Jebbars, qui sont perçus comme des figures accessibles et dignes de confiance au sein de leur communauté.

Les résultats de l'étude mettent en lumière plusieurs aspects clés des pratiques des Jebbars. Tout d'abord, une grande partie des patients consultés présente un faible niveau de scolarisation et un accès limité à la couverture sociale, ce qui les pousse à se tourner vers la médecine traditionnelle. De plus, les Jebbars sont souvent perçus comme des alternatives viables aux soins médicaux modernes, en particulier dans les zones rurales où l'accès aux hôpitaux est difficile. L'étude montre également que les Jebbars adaptent leurs méthodes en fonction des besoins des patients, ce qui témoigne de leur flexibilité et de leur compréhension des dynamiques sociales. Les Jebbars affirment que "la médecine moderne est parfois utile", mais ils insistent sur l'importance de leur pratique en tant que complément aux soins médicaux traditionnels. Cette relation entre la médecine traditionnelle et moderne mérite d'être approfondie, car elle souligne la nécessité d'une approche intégrée pour améliorer les soins de santé au Maroc.

En conclusion, l'étude sur le traitement traditionnel en traumatologie orthopédique au Maroc révèle des insights précieux sur le rôle des Jebbars dans le système de santé. Les résultats suggèrent que la médecine traditionnelle, bien que souvent négligée, joue un rôle essentiel dans la prise en charge des patients, en particulier dans des contextes socio-économiques défavorisés. Il est recommandé d'intégrer les Jebbars dans les systèmes de santé formels, en leur offrant une formation complémentaire pour améliorer la qualité des soins. De plus, il serait bénéfique d'encourager des recherches supplémentaires pour mieux comprendre l'impact socio-économique de la médecine traditionnelle et son interaction avec les pratiques médicales modernes. L'étude conclut que "le milieu culturel au Maroc" et le "niveau socio-économique bas de la plupart des marocains" doivent être pris en compte dans toute stratégie de santé publique visant à améliorer l'accès aux soins et la qualité de vie des populations.