Identification des déterminants des choix alimentaires sains des enfants âgés de 6 à 12 ans à Kahnawake

Choix alimentaires sains: enfants 6-12 ans

Informations sur le document

Auteur

Nudelle Pierre

instructor Dre Marie Marquis
École

Université de Montréal

Spécialité Nutrition
Type de document Mémoire
Langue French
Format | PDF
Taille 2.86 MB

Résumé

I.Facteurs influençant les choix alimentaires sains des enfants à Kahnawake

Cette étude qualitative, menée auprès de 15 mères d'enfants âgés de 6 à 12 ans à Kahnawake, une communauté Mohawk près de Montréal, vise à identifier les facteurs influençant les choix alimentaires sains de leurs enfants. L’étude s’intéresse particulièrement au rôle du Projet de Prévention du Diabète dans les Écoles de Kahnawake (PPDEK) dans l'amélioration de l'alimentation des enfants. Les résultats montrent que le coût des aliments, le temps, le goût, la saison, les pressions familiales et amicales, et les problèmes de santé familiaux agissent comme des facteurs barrières ou facilitateurs des choix alimentaires sains. Le PPDEK est perçu positivement, tandis que les pesticides et le manque de connaissance concernant les fruits et légumes sont considérés comme des facteurs inhibiteurs. L'amélioration des connaissances et des habiletés nutritionnelles ainsi que la prise en compte des contraintes environnementales sont suggérées comme pistes d'amélioration.

1. Facteurs influençant les choix alimentaires sains Barrières et Facilitateurs

L'étude a identifié plusieurs facteurs influençant les choix alimentaires sains des enfants de 6 à 12 ans à Kahnawake. Des éléments comme le coût des aliments, le temps disponible pour la préparation des repas, la saisonnalité des produits frais, et les influences familiales et amicales agissent à la fois comme des barrières et comme des facilitateurs. Par exemple, le coût élevé de certains aliments sains peut constituer une barrière pour les familles à faibles revenus, tandis que la disponibilité de fruits et légumes de saison peut faciliter des choix plus sains. Similairement, la pression des pairs ou des membres de la famille peut inciter à des choix moins sains, ou au contraire encourager une alimentation plus équilibrée. L'étude met également en lumière le rôle du Projet de Prévention du Diabète dans les Écoles de Kahnawake (PPDEK) comme facteur facilitateur. Cependant, des facteurs inhibiteurs ont également été identifiés : la présence de pesticides dans certains aliments et le manque de connaissances sur les fruits et légumes, en particulier. Les participantes ont suggéré l'amélioration des connaissances et des habiletés nutritionnelles comme moyen de surmonter ces obstacles, ainsi que la nécessité de prendre en compte les contraintes d'ordre environnemental qui rendent difficiles les choix sains pour les enfants.

2. Rôle du PPDEK et suggestions pour de futures interventions

Le Projet de Prévention du Diabète dans les Écoles de Kahnawake (PPDEK) est perçu par les participantes comme un facteur important favorisant les choix alimentaires sains chez les enfants. Cependant, l'étude souligne la nécessité d'une amélioration des connaissances et des habiletés nutritionnelles, ainsi que la prise en compte des contraintes environnementales pour favoriser des choix alimentaires plus sains. La présence de pesticides dans les aliments et le manque de connaissances sur les fruits et légumes sont pointés comme des facteurs qui inhibent des choix sains. L'étude recommande une amélioration des connaissances et des compétences en nutrition, ainsi qu'une attention particulière aux contraintes environnementales qui empêchent les enfants de faire des choix sains. Ces résultats sont utiles au PPDEK et aux autres intervenants pour la planification d'interventions futures. La recherche propose des suggestions spécifiques pour améliorer les interventions à l'école, au sein des familles et au niveau de la communauté, en ciblant ces éléments. L’étude met en évidence des points clés pour des interventions efficaces dans le contexte de Kahnawake et au-delà.

3. Influence des Facteurs Individuels et Environnementaux

Les résultats mettent en évidence l'influence combinée de facteurs individuels et environnementaux sur les choix alimentaires des enfants. Parmi les facteurs individuels, les préférences alimentaires, les connaissances et les compétences en matière de nutrition, ainsi que les problèmes de santé au sein de la famille, jouent un rôle important. Des préférences pour les aliments sucrés ou salés peuvent constituer une barrière, tout comme le manque de connaissances sur la valeur nutritionnelle des aliments. Les problèmes de santé familiaux peuvent également influencer les habitudes alimentaires des enfants. Les facteurs environnementaux comprennent le coût des aliments, le temps disponible, la publicité, la disponibilité des aliments sains, les normes sociales et la contamination alimentaire. Le coût élevé des produits alimentaires sains, le manque de temps pour la préparation des repas, et l'influence de la publicité sur les aliments peu sains sont autant d'obstacles aux choix alimentaires sains. En revanche, des facteurs environnementaux positifs, tels que la disponibilité d'aliments sains, des normes sociales favorables à une alimentation équilibrée, et les initiatives du PPDEK, peuvent faciliter des choix alimentaires plus sains. L'étude révèle l'interaction complexe entre ces facteurs individuels et environnementaux.

II.Méthodologie Groupes de discussion avec les mères

La recherche a utilisé une approche qualitative basée sur quatre groupes de discussion (15 participantes au total). Les participantes étaient des mères d'enfants de 6 à 12 ans inscrits dans les écoles bénéficiant de l'intervention du PPDEK. L'analyse de contenu des transcriptions a permis d'identifier les déterminants des choix alimentaires sains, en distinguant les facteurs barrières et les facteurs facilitateurs. Le taux d'accord entre les deux codeurs indépendants était élevé (91% pour les facilitateurs, 89% pour les barrières).

1. Participants et Recrutement

L'étude a recruté des mères d'enfants âgés de 6 à 12 ans fréquentant deux écoles primaires de Kahnawake participant au Projet de Prévention du Diabète dans les Écoles de Kahnawake (KSDPP). Ces mères étaient également les membres de la famille responsables des achats et de la préparation des aliments à la maison. Le choix de ce groupe cible reflète la réalité que ce sont souvent les mères qui gèrent l'alimentation familiale, et permet d'obtenir des informations directes sur les pratiques et les défis rencontrés au quotidien concernant l'alimentation des enfants. Le fait que les écoles soient impliquées dans le KSDPP permettait aussi une sélection de mères confrontées aux mêmes problématiques et ayant accès aux mêmes ressources. La taille de l'échantillon permet de cibler un groupe homogène et de faciliter les discussions de groupe. Ce choix méthodologique oriente l'étude vers une perspective familiale, privilégiant la perception des mères sur les habitudes alimentaires de leurs enfants.

2. Conduite des Groupes de Discussion

La collecte de données s'est déroulée à travers une série de quatre groupes de discussion. Chaque groupe comprenait un nombre limité de participantes afin de permettre à chacune d'exprimer librement ses opinions et expériences. Ce format permettait une interaction dynamique et une exploration en profondeur des perceptions et des pratiques alimentaires. Les entrevues en groupe ont été enregistrées et transcrites mot à mot. L'utilisation des groupes de discussion comme méthode qualitative offre la possibilité de recueillir des informations riches et nuancées sur les déterminants des choix alimentaires, allant au-delà de simples réponses à des questions fermées. L'approche qualitative permet d'explorer la complexité des facteurs qui influencent les choix alimentaires des enfants, en prenant en compte les aspects culturels, sociaux et environnementaux spécifiques à la communauté de Kahnawake.

3. Analyse des Données Analyse de Contenu

L'analyse des données a été effectuée à l'aide de l'analyse de contenu. Cette méthode systématique et reproductible permet de condenser un grand volume de texte en un nombre réduit de catégories de contenu, en suivant des règles de codage explicites. Les transcriptions des groupes de discussion, les listes de facteurs identifiés sur les tableaux à feuilles mobiles pendant les discussions, et les notes prises ont été intégrées au processus d'analyse. L'analyse a commencé par une lecture attentive des transcriptions, puis des catégories de facteurs (barrières, facilitateurs, suggestions relatives à l'équipe KSDPP) ont été élaborées pour regrouper les données. Un codage croisé a été effectué pour assurer la validité des résultats. Le fort taux d'accord entre les deux codeurs indépendants (91% pour les facilitateurs et 89% pour les barrières) souligne la fiabilité du processus d'analyse et la robustesse des résultats obtenus. L'utilisation de l'analyse de contenu a permis une interprétation rigoureuse et objective des données qualitatives.

III.Résultats Barrières et Facilitateurs aux Choix Alimentaires Sains

Les résultats ont mis en évidence des facteurs individuels et environnementaux influençant les habitudes alimentaires saines des enfants. Parmi les barrières, on retrouve le coût, le manque de temps, les goûts des enfants, la saisonnalité des produits, les pressions sociales (famille, amis), et les problèmes de santé familiaux. Les facteurs facilitateurs incluent la planification des repas, l'implication des enfants dans la préparation des aliments, la lecture des étiquettes, ainsi que le rôle positif du PPDEK. Certaines influences négatives proviennent des grands-parents, conjoints, autres parents et amis. Des suggestions ont été formulées pour améliorer les interventions du PPDEK au niveau des écoles et des familles.

1. Facteurs liés au coût et au temps

Les résultats révèlent que le coût des aliments et le temps consacré à leur préparation constituent des facteurs déterminants dans les choix alimentaires des enfants. Le coût élevé des produits sains représente une barrière significative pour certaines familles, les poussant à opter pour des alternatives moins chères, souvent moins saines. Le manque de temps, lui aussi, influence les décisions, conduisant parfois à des choix rapides et peu nutritifs. L’organisation des courses est également évoquée. Certaines mères mentionnent l’utilité d’une liste de courses ou d’un menu hebdomadaire pour faciliter les choix, tandis que d’autres préfèrent faire les courses sans leurs enfants, alors que d’autres trouvent utile de les amener, les enfants connaissant déjà les produits autorisés à l'école. Ces observations soulignent l'interaction complexe entre les contraintes financières et temporelles et la capacité des mères à maintenir une alimentation saine pour leurs enfants. Des stratégies comme la planification des repas et l'implication des enfants dans la préparation des aliments sont identifiées comme des facteurs facilitateurs.

2. Influences familiales amicales et problèmes de santé

Les pressions familiales et amicales, de même que les problèmes de santé au sein de la famille, ont un impact notable sur les choix alimentaires des enfants. L’influence des grands-parents, des conjoints, d'autres membres de la famille et des amis des enfants et des mères peuvent être à la fois positives et négatives, influençant ainsi l'équilibre alimentaire. Un extrait de témoignage souligne une mère comme barrière aux efforts de la mère pour inciter son enfant à des choix sains. Par ailleurs, les problèmes de santé familiaux, notamment les maladies cardiovasculaires ou le diabète, peuvent motiver les mères à adopter des habitudes alimentaires plus saines pour l'ensemble de la famille. Cette constatation met en lumière l'importance des dynamiques familiales et des réseaux sociaux dans la promotion d'une alimentation saine. L'étude suggère qu'un soutien familial et communautaire est essentiel pour renforcer les choix alimentaires positifs des enfants.

3. Rôle du PPDEK pesticides et manque de connaissances

Le Projet de Prévention du Diabète dans les Écoles de Kahnawake (PPDEK) est perçu comme un facteur significatif favorisant des choix alimentaires sains. Cependant, des obstacles persistent. La présence de pesticides dans les aliments et le manque de connaissances sur les fruits et légumes, en particulier, sont identifiés comme des facteurs limitant les choix sains. Ces informations soulignent l'importance de l'éducation nutritionnelle et la nécessité de prendre en considération les inquiétudes des parents quant à la sécurité alimentaire. Le manque de connaissance est un élément clé sur lequel une intervention ciblée pourrait avoir un impact important. L’étude révèle donc une interaction complexe entre le soutien offert par le PPDEK et les barrières liées à la sécurité alimentaire et à l’éducation nutritionnelle. La recherche insiste sur le besoin d’une approche holistique pour une intervention efficace.

IV.Discussion et Implications pour le PPDEK

Cette étude, bien que basée sur un petit échantillon, fournit des données riches sur les déterminants des choix alimentaires sains chez les enfants Mohawk de Kahnawake. Les résultats confirment l'importance de facteurs courants dans d'autres contextes, tout en soulignant la spécificité de la situation à Kahnawake. Les barrières et les facilitateurs identifiés peuvent aider le PPDEK à améliorer ses activités de prévention du diabète de type 2. L'étude souligne la nécessité de futures recherches pour approfondir l'impact des stratégies identifiées par les mères et pour mieux comprendre l'interaction complexe entre les différents facteurs en jeu. L'étude met en lumière le besoin d'une approche plus nuancée qui tient compte des spécificités culturelles et des contextes socio-économiques.

1. Résultats principaux et similarités avec d autres contextes

Malgré la petite taille de l'échantillon, l'étude fournit des données riches sur les déterminants de l'alimentation saine chez les enfants Mohawk de Kahnawake âgés de 6 à 12 ans, un domaine de recherche où la littérature est limitée. Les résultats montrent que les principaux facteurs influençant les choix alimentaires dans cette communauté sont communs à d'autres contextes : le coût, le temps, le goût, l'accessibilité, la saisonnalité, les compétences en matière de sélection et de préparation des aliments, la publicité, la pression des pairs et les normes sociales. Cette similitude peut être due en partie à l'utilisation de méthodes de collecte de données similaires dans d'autres études. Cependant, l’étude souligne aussi la complexité de l'interaction entre les barrières et les facilitateurs et la nécessité de prendre en compte les spécificités culturelles et contextuelles pour une intervention efficace. La discussion explore la manière dont ces facteurs interagissent et influencent l'impact du projet d'intervention.

2. Interprétation des barrières et des facilitateurs pour le PPDEK

L'objectif principal de l'étude n'était pas de modéliser le choix alimentaire, mais plutôt d'illustrer l'interaction complexe des barrières et des facilitateurs qui peuvent expliquer en partie l'impact limité de l'intervention sur le poids des enfants. Les barrières et les facilitateurs identifiés peuvent être utilisés par l'équipe du PPDEK pour réfléchir à la manière dont ses activités d'intervention les abordent. Par exemple, les mères ont rapporté de nombreuses stratégies qu'elles utilisent pour surmonter les difficultés et aider leurs enfants à avoir des régimes alimentaires plus sains. L'efficacité de ces stratégies devrait être étudiée, car certains auteurs ont identifié des stratégies réussies, tandis que d'autres ont soulevé des préoccupations quant à certaines pratiques. L'analyse de ces stratégies permet d’affiner les interventions et de proposer des approches plus personnalisées et efficaces pour promouvoir une alimentation saine chez les enfants de Kahnawake.

3. Limites de l étude et suggestions pour des recherches futures

L'étude reconnaît les limites liées à la petite taille de l'échantillon, ce qui pourrait limiter la généralisation des résultats. Des méthodes différentes auraient pu permettre d'identifier des déterminants plus spécifiques à la culture. Il aurait également été pertinent de documenter plus en détail comment les facteurs identifiés jouent leur rôle dans cette communauté, car cela est susceptible de varier considérablement selon les contextes. Le coût, par exemple, est un déterminant majeur de la sélection des aliments dans de nombreuses études, mais il est probable qu'il fonctionne différemment à Kahnawake, une communauté proche de Montréal, que dans une communauté autochtone plus éloignée où le coût des aliments est plus élevé et la sélection des aliments plus limitée. Un plus grand nombre de groupes de discussion avec plus de participants aurait été nécessaire pour décrire plus en détail le fonctionnement de chaque barrière et facilitateur dans cette communauté. La recherche future devrait envisager des approches méthodologiques capables de mettre en relation les différents facteurs et d'en déterminer l’ordre de priorité.