Impact de la Dépression chez les Patients Atteints de Cancer

Impact de la Dépression chez les Patients Atteints de Cancer

Informations sur le document

Langue French
Format | PDF
Taille 1.03 MB
  • dépression
  • cancer
  • santé mentale

Résumé

I.La Dépression chez les Patients Atteints de Cancer Un Problème Fréquemment Sous estimé

Ce document explore la forte association entre le cancer et la dépression. La dépression cancéreuse, souvent sous-diagnostiquée, est caractérisée par une prévalence variable (0 à 58% selon les études), impactant significativement la qualité de vie des patients. Des facteurs comme la peur de la mort, l'anxiété liée au diagnostic et au traitement du cancer (notamment la chimiothérapie et la chirurgie), ainsi que les conséquences physiques et sociales de la maladie contribuent à l'apparition de troubles psychiques. L'étude menée au CHU Mohammed VI de Marrakech sur 100 patients a révélé une prévalence de 15% de dépression, dont 26,7% sévère. Des facteurs sociodémographiques (sexe féminin, âge 37-50 ans, niveau d'éducation) et cliniques (stade du cancer, soutien familial) influencent la survenue de la dépression. Le suicidaire représente un risque important, notamment durant la première année suivant le diagnostic.

1. Sous diagnostic et Manifestations de la Dépression Cancéreuse

La dépression chez les patients cancéreux est fréquemment sous-diagnostiquée, notamment parce que la tristesse et le découragement sont souvent perçus comme des réactions normales face à un diagnostic aussi lourd. De plus, plusieurs symptômes, tels que la perte de poids, la fatigue et les troubles du sommeil, sont communs à la maladie cancéreuse et à la dépression, rendant le diagnostic différentiel difficile. La peur, l’anxiété et le sentiment d’impuissance sont des réactions fréquentes, pouvant mener à un désespoir et un pessimisme parfois disproportionnés par rapport à la situation clinique. Dans les cas les plus graves, ces sentiments peuvent entraîner des idées suicidaires, un repli sur soi ou un abandon total. Cependant, le maintien d'une estime de soi suffisante permet à de nombreux patients de collaborer activement à leur traitement et de faire face à la maladie comme un défi. Le diagnostic lui-même est souvent perçu comme une sentence de mort, déclenchant des préoccupations existentielles, un sentiment de vulnérabilité, et une détresse émotionnelle profonde. Cette période de crise, individuelle et interpersonnelle, dure environ trois mois pour près de 70% des patients.

2. Le Rôle du Traitement dans le Développement de la Dépression

La détresse psychologique est souvent exacerbée par le traitement du cancer. Le caractère invasif des examens et des traitements, ainsi que la nouveauté et l’étrangeté de l’environnement médical, contribuent à cette souffrance. Pour les patients non hospitalisés, les déplacements fréquents liés aux traitements posent des problèmes importants, allant du coût des trajets à l’inconfort physique. Ces difficultés, même secondaires, sollicitent des ressources déjà limitées par la maladie et l’âge. Le recours à des médecines traditionnelles est parfois privilégié pour obtenir un soutien qui manque au sein des institutions médicales. La peur de la mort est omniprésente, même si elle est souvent masquée. Cette peur englobe la peur de l’abandon des proches, la souffrance physique et la déchéance. Même en rémission, la peur de la récidive et le syndrome de Damoclès, caractérisé par l'anxiété, la dépression et la perception d'une vie écourtée, persistent. Le syndrome de Lazare, quant à lui, décrit le sentiment de revivre après la maladie, souvent marqué par une image sociale héroïque ou victimaire. La décision d'accepter ou de refuser un traitement est un processus complexe, influencé par l'évaluation de la réalité nouvelle, et cette décision peut évoluer au fil du temps.

3. Facteurs Prédisposants à la Dépression et Adaptation des Patients

Le maintien de l'activité professionnelle, l'absence de rechute et de comorbidités après traitement semblent associés à une adaptation plus favorable. La toxicité des traitements est corrélée à une plus forte incidence de troubles psychiatriques. Des antécédents psychologiques, tels qu’une dépression antérieure, des problèmes sexuels, ou une labilité émotionnelle, sont des facteurs prédictifs d’une inadaptation psychosociale. Le soutien des collègues, l’absence de dépression, une image corporelle positive, et le sexe masculin constituent des facteurs protecteurs pour la reprise du travail. La peur de mourir recouvre diverses angoisses : séparation, abandon, incapacité à résoudre des problèmes, douleur. Certaines personnes acceptent la mort avec sérénité, notamment les personnes âgées, mais ce n'est pas une réaction universelle. La perte de rôles et de fonctions sociales constitue une source de crise existentielle. Une étude de 2007 souligne l’importance de dire la vérité au patient, bien que l’annonce du diagnostic doit être adaptée à l’état psychologique et au stade de la maladie.

4. Diagnostic et Évaluation de la Dépression chez les Patients Cancéreux

Le diagnostic de la dépression chez les patients cancéreux pose un défi diagnostique. Une étude de Passik et al. (1998) a démontré une sous-estimation significative de la gravité de la dépression par les médecins, notamment dans les cas de dépression modérée à sévère. L’humeur dépressive, associée à des symptômes psychologiques tels que le désespoir, l’impuissance, la culpabilité et les idées suicidaires, constitue le critère le plus fiable. Cependant, certains patients minimisent ou nient leur état dépressif, adoptant une attitude joyeuse pour paraître forts aux yeux des autres. Les symptômes somatiques sont fréquents et apparaissent précocement, mais leur valeur diagnostique est limitée en cas de cancer avancé. La comparaison de la prévalence de la dépression chez les patients cancéreux avec celle d’autres maladies somatiques graves est nécessaire pour mieux contextualiser le problème. Le cancer lui-même est considéré comme une maladie somatique grave.

5. Facteurs Influençant la Survenue de la Dépression et Études Épidémiologiques

La dépression semble liée à l'impact de la maladie sur la qualité de vie, la perte d'autonomie et les difficultés relationnelles. Des études montrent des corrélations significatives entre la dépression et le score de Karnofsky (état général), la douleur, le statut socio-économique et les antécédents dépressifs. Les études de Frank Kai et al. (2002) et Martine Meyer (2003) rapportent des taux élevés de dépression dans le cancer avancé. Une méta-analyse de 2007 a révélé une diminution de la prévalence de la dépression au cours des deux dernières décennies, probablement due à des améliorations des traitements et du soutien social. La chimiothérapie, redoutée pour ses effets secondaires, et la chirurgie, potentiellement mutilante, sont des facteurs de stress importants. Le contrôle des odeurs, des urines et des selles est une source d’angoisse majeure pour certains patients.

II.Impact du Diagnostic et du Traitement sur l État Psychologique

L'annonce du diagnostic de cancer provoque souvent une crise émotionnelle, caractérisée par la peur, l'anxiété et le désespoir. La période de crise dure environ trois mois pour 70% des patients. Le traitement du cancer, incluant des interventions invasives et des déplacements fréquents, ajoute à la détresse. La chimiothérapie, avec ses effets secondaires (alopécie, fatigue, nausées), est particulièrement redoutée. La chirurgie, pouvant être mutilante, affecte également l'image corporelle et la sexualité. Même après la fin des traitements, la peur de la récidive et le syndrome de Damoclès persistent.

1. L impact psychologique du diagnostic de cancer

La confirmation du diagnostic de cancer est souvent vécue comme une condamnation à mort, engendrant une profonde détresse émotionnelle. Les préoccupations existentielles liées à la mort, le sentiment de vulnérabilité et la peur sont omniprésents. Cette annonce provoque une crise individuelle et interpersonnelle, qui remet en question les relations familiales, sociales et professionnelles. Un pessimisme et un désespoir importants peuvent s'installer, parfois sans justification clinique. Pour près de 70% des patients, cette période de crise dure environ trois mois. La peur, l'anxiété et la dépression sont les émotions les plus courantes, souvent accompagnées de sentiments d'impuissance et de solitude. Si ces émotions persistent, le risque d'idéation ou de comportements suicidaires est accru. Cependant, la préservation d'une estime de soi suffisante permet à beaucoup de patients de poursuivre leur vie et de collaborer activement au traitement.

2. La détresse liée aux traitements du cancer

La détresse des patients est fréquemment liée au caractère invasif des méthodes d’investigation et de traitement. L’environnement médical nouveau et étranger peut aussi être une source d’angoisse. Pour les patients non hospitalisés, les traitements nécessitent des déplacements fréquents, engendrant des difficultés financières et logistiques. Ces contraintes mobilisent des ressources déjà limitées par la maladie et l'âge. Certains patients se tournent vers les médecines traditionnelles pour trouver un soutien complémentaire. Le thème de la mort est présent, souvent implicitement, mêlé à la peur de l'abandon des proches, de la souffrance et de la déchéance. Même après une rémission, la peur de la récidive persiste, entraînant une anxiété chronique. Le syndrome de Damoclès décrit cette anxiété et dépression permanentes, la peur de la rechute et la perception d'une vie écourtée. Le syndrome de Lazare, à l'inverse, évoque le sentiment de revivre après le cancer, influencé par une image sociale souvent héroïsée ou victimisée. La décision concernant le traitement est complexe et peut évoluer dans le temps, en fonction de l’évaluation de la situation par le patient.

3. L impact du traitement sur la vie professionnelle et sociale

Le maintien d'une activité professionnelle après le traitement est un facteur clé d'adaptation favorable. La toxicité des traitements est corrélée à une augmentation des troubles psychiatriques. Des antécédents de dépression, de problèmes sexuels ou de labilité émotionnelle sont des indicateurs d'une inadaptation psychosociale. L'adaptabilité professionnelle varie selon les individus, certains diminuant leurs aspirations, d'autres les augmentant. Le soutien des collègues de travail, l'absence de dépression, une image corporelle positive et le sexe masculin prédisent une meilleure reprise du travail. La peur de mourir est multiforme : peur de la séparation, de laisser ses proches démunis, de ne pas résoudre certains problèmes, et de la douleur physique. Si la révolte et le refus sont fréquents, certains patients acceptent leur mort avec sérénité, surtout chez les personnes âgées. Cependant, l'acceptation de la mort n'est pas systématique. La perte de rôles et de fonctions sociales induit des crises existentielles et un vécu de rupture et de séparation.

III.Facteurs de Risque et Prévention de la Dépression Liée au Cancer

Plusieurs facteurs augmentent le risque de dépression chez les patients cancéreux. Les antécédents dépressifs, un faible soutien social, une douleur importante, un mauvais pronostic, et un statut socio-économique défavorable sont des facteurs de risque significatifs. À l'inverse, un bon soutien social, une adaptation professionnelle positive et une image corporelle positive sont associés à une meilleure adaptation psychologique. L'étude de Marrakech met en lumière l'importance de l'entourage familial et du coût des soins comme facteurs influant sur la prévalence de la dépression. Des interventions psychosociales et une psychothérapie, en complément des antidépresseurs, sont bénéfiques.

1. Facteurs de risque liés à la maladie et au traitement

Plusieurs facteurs liés à la maladie cancéreuse et à son traitement augmentent le risque de dépression. La douleur, l’altération de l’état général (évaluée par le score de Karnofsky), et la perte d’autonomie impactent significativement la qualité de vie et contribuent à la dépression. Les difficultés relationnelles engendrées par la maladie constituent un facteur aggravant. La toxicité des traitements anticancéreux, particulièrement la chimiothérapie avec ses effets secondaires tels que l'alopécie, la fatigue intense, les nausées et les vomissements, est une source majeure de stress et de détresse. Les interventions chirurgicales, notamment les interventions mutilantes comme la mastectomie ou l’hystérectomie, ou les stomies, peuvent également impacter négativement l’image corporelle et la vie sexuelle des patients, contribuant à leur détresse psychologique. Même après la fin du traitement, la peur de la récidive (syndrome de Damoclès) maintient un niveau d’anxiété et de dépression important. Le contrôle des fonctions corporelles (odeurs, urines, selles) constitue une véritable hantise pour de nombreux patients.

2. Antécédents psychologiques et facteurs socio économiques

Des antécédents de dépression, une personnalité névrotique, une anxiété importante avant le diagnostic, des difficultés sexuelles ou une labilité émotionnelle prétraitement augmentent la vulnérabilité à la dépression. Le statut socio-économique joue également un rôle, les difficultés financières liées au coût des traitements et des déplacements pouvant amplifier la détresse. Une étude souligne que le soutien social est un facteur protecteur significatif. Des études montrent une corrélation inverse entre le soutien social et la dépression : un bon support social réduit le risque de dépression. Le manque de soutien familial, un entourage négatif ou indifférent à la maladie, aggrave la situation psychologique du patient. L'âge est également un facteur à considérer; les jeunes patients peuvent ressentir plus violemment le traumatisme de la maladie, tandis que les personnes âgées l’intègrent plus facilement dans le processus de vieillissement. Des études indiquent une prévalence plus élevée de la dépression chez les femmes âgées de 37 à 50 ans.

3. Le rôle du stade de la maladie et de la prise en charge

Le stade de la maladie influence la prévalence de la dépression. Une augmentation significative de la dépression est observée chez les patients présentant des métastases. L'incapacité à poursuivre une vie quotidienne normale et la déchéance physique liée à la progression de la maladie contribuent à cette augmentation. L'étude mentionnée dans le document montre que la dépression est plus présente chez les patients dont le traitement est imminent, soulignant la vulnérabilité liée à l'incertitude et à l'inquiétude concernant les traitements à venir. La prise en charge thérapeutique doit être adaptée à chaque stade de la maladie. Cependant, une étude montre que le fait que le traitement soit déjà terminé, en cours, ou à venir n'est pas un facteur déterminant de la prévalence de la dépression. L’étude menée à Marrakech a utilisé le MINI (DSM-IV) et l’échelle de Beck pour diagnostiquer et évaluer la sévérité de la dépression. Le soutien familial et l’absence de difficultés financières liées aux soins semblent réduire la prévalence de la dépression, selon cette étude.

4. Facteurs psychosociaux et spirituels

La perte d'un proche ou d'un ami atteint d'un cancer similaire peut influencer la réaction du patient, mais l'étude présentée ne permet pas d'en tirer des conclusions définitives en raison du petit nombre de cas. L'impact de la religion et de la spiritualité est débattu. Certaines études montrent un effet bénéfique de la prière et de l'expression religieuse sur les émotions négatives et le bien-être, tandis que d'autres n'ont pas trouvé de corrélation significative ou même ont rapporté un impact négatif. L'étude de Shaw (2006) sur des femmes atteintes d'un cancer du sein montre que la prière et la spiritualité ont un impact positif sur le bien-être et l'autonomie. Une méta-analyse de Thume-Boyle (95) sur 18 études indique une grande variabilité de résultats concernant l’impact de la religion sur l’état psychologique des patients cancéreux.

IV.L Influence de la Dépression sur l Évolution du Cancer

Des études suggèrent un lien entre la dépression et une évolution défavorable du cancer, augmentant le risque de décès. La dépression peut affecter l'observance du traitement, réduire la qualité de vie et la survie. Des mécanismes physiopathologiques impliquant les cytokines pro-inflammatoires et l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien sont évoqués. Cependant, toutes les études ne confirment pas un lien direct entre les interventions psychothérapeutiques et une amélioration de la survie.

1. Dépression et risque de progression du cancer

Plusieurs études suggèrent un lien entre la dépression et une évolution défavorable du cancer. Une étude de Stomel et al. (2002) montre que les patients ayant des antécédents de dépression ont un risque 2,6 fois plus élevé de mourir de leur cancer dans les 19 premiers mois suivant le diagnostic. D'autres études confirment cette corrélation entre la réponse dépressive au cancer et une diminution de la survie, même en tenant compte d'autres facteurs comme l'âge, le sexe, la race, le stress de vie, le tabagisme, l'alcoolisme, le stade et le type histologique du cancer. La dépression est aussi associée à une diminution de l'observance thérapeutique, une augmentation de la durée des séjours hospitaliers, et une dégradation de la qualité de vie et de l'autonomie. Cependant, il est important de noter que plusieurs études n'ont pas réussi à confirmer que les interventions psychothérapeutiques améliorent la survie des patients cancéreux. Le soutien social apporté par la famille et les amis est un élément crucial dans la prise en charge des patients cancéreux déprimés, permettant de fournir un soutien affectif et de réduire le poids émotionnel.

2. Mécanismes physiopathologiques possibles

L'influence de la dépression sur l'évolution du cancer pourrait être expliquée par des mécanismes physiopathologiques complexes. Une hypothèse suggère que les hormones de l'axe corticotrope, notamment la CRH (corticotropine releasing hormone) et les glucocorticoïdes, pourraient stimuler l'expression d'oncogènes, notamment dans le cancer du sein. L'augmentation des glucocorticoïdes est associée à une immunosuppression cliniquement significative, et une augmentation de la norépinéphrine durant le stress est corrélée à une suppression de la fonction lymphocytaire. Les cytokines pro-inflammatoires (CPI), libérées lors de la détérioration tissulaire, peuvent affecter la fonction des neurotransmetteurs, la fonction neuroendocrinienne et le comportement. Une concentration plasmatique élevée d'IL-6 a été observée chez les patients cancéreux déprimés. L'épuisement du tryptophane, précurseur de la sérotonine, est également associé à des troubles de l'humeur. Enfin, les CPI sont liées au syndrome de maladie euthyroïdienne, qui affecte la fonction thyroïdienne et l'humeur. Les cancers associés à une réaction inflammatoire plus agressive ou ceux dont les cellules néoplasiques produisent des cytokines pourraient être plus susceptibles d'être associés à des troubles comportementaux.

3. Impact de la dépression sur la réponse immunitaire

Des études suggèrent que la dépression chronique et le manque de soutien social prédisent une réduction de la cytotoxicité des cellules NK (tueuses naturelles) chez les patientes atteintes d'un cancer du sein. Ces cellules NK jouent un rôle important dans la défense immunitaire contre les cellules tumorales. La baisse de leur cytotoxicité est associée à la progression du cancer du sein métastatique. Cependant, il existe des données suggérant que le stress aigu peut entraîner une augmentation à court terme des cellules NK. Le cortisol, une hormone liée au stress, peut avoir un effet catabolisant sur les cellules normales et tumorales. Cependant, les cellules tumorales peuvent développer une résistance à l'action du cortisol, ce qui pourrait favoriser leur croissance en détournant les ressources énergétiques des cellules normales. Des études animales ont montré une association entre l'augmentation des glucocorticoïdes liées au stress et une progression tumorale plus rapide.

V.Prise en Charge Thérapeutique de la Dépression Liée au Cancer

La prise en charge de la dépression chez les patients atteints de cancer doit être globale. Elle inclut la prescription d'antidépresseurs (comme la mirtazapine, la fluoxétine, la paroxétine, la venlafaxine) et des interventions psychosociales, axées sur l'écoute et le soutien du patient. L'implication de la famille et de l'entourage est cruciale. L'objectif est de soulager les symptômes dépressifs, d'améliorer la qualité de vie et de favoriser l'observance du traitement anticancéreux.

1. Traitement médicamenteux de la dépression liée au cancer

La prise en charge de la dépression chez les patients cancéreux repose sur l'utilisation d'antidépresseurs. Plusieurs classes d'antidépresseurs sont mentionnées comme potentiellement efficaces. La mirtazapine est citée pour sa capacité à diminuer les symptômes dépressifs, améliorer la capacité fonctionnelle et réduire la cachexie. D'autres antidépresseurs, comme la fluoxétine, la paroxétine et la venlafaxine, ont démontré leur efficacité dans la réduction des bouffées de chaleur. La venlafaxine, le bupropion et les antidépresseurs tricycliques peuvent soulager la douleur neuropathique. Le choix de l'antidépresseur doit être adapté à chaque patient et prendre en compte les autres symptômes liés au cancer et à son traitement. Il est important de souligner que la dépression organique ou secondaire doit être différenciée de la dépression fonctionnelle, nécessitant une évaluation médicale, endocrinologique et neurologique complète. Des instruments d'évaluation standardisés, comme le Mini Mental State Examination (MINI), peuvent être utilisés pour documenter l'état mental des patients, mais ces instruments ont des limites et n’évaluent que certains aspects de la cognition.

2. Interventions psychosociales et soutien social

En complément des antidépresseurs, les interventions psychosociales jouent un rôle essentiel dans la prise en charge de la dépression liée au cancer. L'écoute active du patient, la validation de ses sentiments (peur, colère, tristesse), et l'absence de jugement sont thérapeutiques. La psychothérapie peut soulager les symptômes dépressifs et potentiellement améliorer la survie, comme le suggèrent certaines études. Le soutien social apporté par la famille, les amis et les groupes religieux est crucial. Il est important de mobiliser l’entourage pour fournir un soutien affectif et partager les préoccupations du patient. Minimiser les conflits familiaux est également conseillé pour éviter de surcharger le patient émotionnellement. L'étude mentionnée dans le texte souligne l'importance d'un bon support social pour réduire la prévalence de la dépression. Des résultats non significatifs dans l'étude menée suggèrent que le niveau de dépression n'est pas directement lié au fait que le traitement soit en cours, terminé ou à venir. Cependant, la vulnérabilité des patients au moment du diagnostic et l'incertitude face au traitement pourraient expliquer un niveau de dépression plus élevé chez ces patients.