
Présentation de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marrakech
Informations sur le document
École | Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marrakech |
Spécialité | Médecine |
Lieu | Marrakech |
Type de document | Présentation |
Langue | French |
Format | |
Taille | 1.28 MB |
- Médecine
- Éthique médicale
- Enseignement supérieur
Résumé
I.Profil Épidémiologique et Clinique des Patients Infectés par le VIH à Marrakech 2004 2007
Cette étude rétrospective décrit le profil de 310 patients VIH suivis à Marrakech entre 2004 et 2007. 57,7% étaient des hommes, avec un âge moyen de 33 ans. La contamination sexuelle était prédominante : 88,4% hétérosexuelle et 5,2% homosexuelle. À l'inclusion, 49,5% étaient au stade C (SIDA maladie) et 28,1% au stade B. L'amaigrissement (43,2%), la candidose oropharyngée (38%), l'asthénie (33,5%) et la diarrhée (28,7%) étaient les manifestations cliniques les plus fréquentes. Les infections opportunistes les plus courantes étaient la tuberculose (28,7%), la candidose œsophagienne (8,3%), la pneumocystose (6,7%), la cryptococcose (4,2%) et la toxoplasmose cérébrale (3,8%). La maladie de Kaposi a été diagnostiquée chez 2,9% des patients.
1. Caractéristiques Démographiques et Épidémiologiques
L'étude a porté sur 310 patients infectés par le VIH suivis à Marrakech entre 2004 et 2007. La population étudiée comportait une légère prédominance masculine (57,7% d'hommes), avec un âge moyen de 33 ans. Un point crucial concerne les modes de transmission du VIH, la contamination sexuelle étant prédominante. Plus précisément, 88,4% des contaminations étaient hétérosexuelles, tandis que 5,2% étaient homosexuelles. Au moment de leur prise en charge, un nombre significatif de patients présentaient un stade avancé de la maladie: 49,5% étaient classés en catégorie C (SIDA déclaré), illustrant la gravité de la situation au moment du diagnostic. 28,1% des patients étaient au stade B, indiquant une progression variable de l'infection. Ces données soulignent l'importance de la prévention et du dépistage précoce du VIH, notamment au vu du pourcentage important de patients atteints du SIDA au moment de l'étude.
2. Manifestations Cliniques et Infections Opportunistes
L'étude a mis en évidence plusieurs manifestations cliniques fréquentes chez les patients infectés par le VIH. L'amaigrissement s'est avéré être le symptôme le plus courant, observé chez 43,2% des patients, reflétant la prévalence du syndrome de dépérissement lié au VIH. La candidose oropharyngée, un signe d'immunodépression, était présente chez 38% des patients. D'autres symptômes comme l'asthénie (33,5%) et la diarrhée (28,7%) étaient également fréquents, soulignant les conséquences multisystémiques de l'infection à VIH. Concernant les infections opportunistes, la tuberculose (28,7% des cas) occupait une place prépondérante, soulignant la nécessité d'une surveillance rigoureuse et d'une prise en charge adéquate de cette co-infection. D'autres infections opportunistes comme la candidose œsophagienne (8,3%), la pneumocystose (6,7%), la cryptococcose (4,2%) et la toxoplasmose cérébrale (3,8%) ont également été identifiées. La maladie de Kaposi a été diagnostiquée chez 2,9% des patients. L'analyse de ces données cliniques permet de mieux comprendre le profil des patients et l'importance des infections opportunistes dans l'évolution de la maladie.
II.Traitement Antirétroviral et Évolution de la Maladie
202 patients (65%) ont reçu une trithérapie, principalement une association de deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse et un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (88,6% des cas). 17% des patients sous traitement ont présenté une mauvaise observance thérapeutique, et 25,7% des effets secondaires, majoritairement digestifs (57,6%). À l'initiation de la trithérapie, la moyenne des CD4 était de 97,7 cellules/mm³, atteignant 314,27 cellules/mm³ après 12 mois. Le pourcentage de patients avec une charge virale indétectable est passé de 67,8% au troisième mois à 83% au douzième mois. Malgré l'efficacité du traitement antirétroviral, la mortalité était élevée (20,9%), de même que le nombre de patients perdus de vue (22,3%). La majorité des décès (76,9%) concernait des patients initialement au stade C, souvent dus à des infections opportunistes.
1. Régimes Thérapeutiques et Observance
Parmi les 310 patients inclus dans l'étude, 202 (soit 65%) ont reçu une trithérapie antirétrovirale. Le schéma thérapeutique le plus fréquemment prescrit (88,6% des cas) était une combinaison de deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) et d'un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI). Malgré l'administration de cette thérapie antirétrovirale, des problèmes d'observance thérapeutique ont été observés chez 17% des patients traités, soulignant la difficulté de l'adhérence au traitement à long terme. De plus, 25,7% des patients ont signalé des effets secondaires aux antirétroviraux, avec une prédominance des troubles digestifs (57,6% des effets secondaires), suivis par la neuropathie axonale (2,9%) et les éruptions cutanées (2,4%). Ces données mettent en lumière les défis liés à l'observance et à la tolérance des traitements antirétroviraux, des facteurs importants pour le succès du traitement et la qualité de vie des patients. La durée moyenne du traitement antirétroviral était de 15 mois, ce qui pourrait expliquer la fréquence relativement faible des effets secondaires par rapport à la littérature, où des durées plus longues de traitement sont généralement observées.
2. Réponse Immunologique et Virologique au Traitement
L'étude a démontré une réponse immunologique et virologique significative au traitement antirétroviral. Au moment de l'introduction de la trithérapie, le taux moyen de CD4 était de 97,7 cellules/mm³. Après 12 mois de traitement, ce taux a augmenté considérablement pour atteindre 314,27 cellules/mm³, indiquant une restauration significative de la fonction immunitaire. Parallèlement, la proportion de patients présentant une charge virale indétectable (<50 copies/ml) a augmenté de manière significative, passant de 67,8% au troisième mois à 83% au douzième mois de traitement. Ces résultats virologiques et immunologiques sont comparables à ceux observés dans les pays occidentaux, démontrant l'efficacité du traitement antirétroviral même dans un contexte marocain, malgré un stade clinique souvent avancé au moment de l'initiation du traitement. Ces résultats positifs doivent être mis en perspective avec les taux élevés de mortalité et de patients perdus de vue.
3. Mortalité et Perte de Vue
Malgré les résultats encourageants en termes de réponse immunologique et virologique au traitement antirétroviral, l'étude a révélé des taux de mortalité et de perte de vue particulièrement élevés. En effet, 20,9% des patients sont décédés durant la période d'étude, et 22,3% ont été perdus de vue. Il est important de noter que la majorité des décès (76,9%) sont survenus chez des patients initialement au stade C (SIDA), principalement à la suite d'infections opportunistes survenues soit avant le début du traitement antirétroviral, soit durant les premiers mois du traitement, avant la reconstitution complète du système immunitaire. Ces données soulignent la nécessité d'améliorer la prise en charge globale des patients, notamment en renforçant les stratégies de prévention des infections opportunistes et en assurant un suivi plus rigoureux des patients afin de réduire la mortalité et la perte de vue, et ainsi optimiser l'impact du traitement antirétroviral.
III.Co infections et Infections Sexuellement Transmissibles IST
Une faible prévalence des co-infections VHB-VIH (1 cas) a été observée, probablement due à la non-disponibilité des sérologies. Le lien étroit entre le VIH et les IST est souligné, avec une forte incidence d'IST dans les régions ayant une forte prévalence du SIDA au Maroc. L’étude mentionne les données du Ministère de la Santé marocain sur les IST en 2006 (58 918 cas d'écoulements urétraux chez les hommes et 12 347 cas d'ulcérations génitales), avec les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz (12%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaers (11%), Meknès-Tafilalet (11%), Souss-Massa-Drâa (8%) et Grand Casablanca (9%) présentant les plus fortes incidences.
1. Co infections virales
L'étude a révélé une faible prévalence des co-infections virales chez les patients suivis. Seulement un patient présentait une co-infection VHB-VIH. Cette faible prévalence des hépatites B et C est attribuée à la non-disponibilité des tests sérologiques correspondants dans les deux hôpitaux participant à l'étude. L'absence de données complètes sur les co-infections virales limite l'analyse de l'impact de ces infections sur l'évolution de la maladie VIH. Des études supplémentaires avec un dépistage complet des hépatites B et C seraient nécessaires pour avoir une meilleure compréhension de la prévalence de ces co-infections au sein de la population étudiée à Marrakech et pour évaluer leur influence sur la prise en charge globale des patients VIH. La comparaison avec les données de séroprévalence du VHC (24,3% en France en 2004) et du VHB (7% chez les patients infectés par le VIH en France) souligne l'importance d'un dépistage systématique de ces co-infections.
2. Infections Sexuellement Transmissibles IST et leur lien avec le VIH
L'étude met en évidence le lien étroit entre l'infection à VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST), partageant un mode de transmission similaire. Dans les pays en développement, l'augmentation des IST parallèlement à l'extension de l'infection à VIH est observée, notamment en raison des ulcérations génitales qui facilitent la transmission du VIH. Une IST, ulcérative ou non, multiplie par 3 à 5 le risque de transmission du VIH. Concernant la syphilis, la littérature signale qu'elle affecte 25% des patients infectés par le VIH dans les pays développés et est souvent la cause du diagnostic de l'infection à VIH. Une étude française au CHU de Nîmes a même révélé que 51,9% des patients atteints de syphilis étaient co-infectés par le VIH. Au Maroc, les données du Ministère de la Santé en 2006 montrent 58 918 cas d'écoulements urétraux chez les hommes et 12 347 cas d'ulcérations génitales. Les régions avec la plus forte incidence d'IST sont également celles qui rapportent le plus grand nombre de cas de SIDA (Marrakech-Tensift-Al Haouz (12%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaers (11%), Meknès-Tafilalet (11%), Souss-Massa-Drâa (8%) et Grand Casablanca (9%))
Référence du document
- Antiretroviral therapy for hiv infection in adults and adolescents in resource-limited settings: towards universal access. Recommendations for a public health approach. 2006 revision