Étude Anthropologique sur le Vieillissement et le Mode Alimentaire à Marrakech

Cette étude, menée conjointement par la Faculté de médecine de Marrakech (Pr. Aboussad), le laboratoire d’Écologie Humaine de la Faculté des Sciences de Semlalia (Pr. Baali) et l’UMR 6578 du CNRS, Marseille (Pr. Gilles Boetsch), se concentre sur le vieillissement et le mode alimentaire des personnes âgées à Marrakech. Elle s'inscrit dans un projet plus large visant à étudier le processus de vieillissement dans les pays développés et en voie de développement, face à l'augmentation mondiale de la proportion de personnes âgées de plus de 60 ans. La recherche a utilisé une méthodologie quantitative, incluant un questionnaire administré à un échantillon aléatoire de 123 personnes âgées de plus de 65 ans à Marrakech entre le 27/07/2005 et le 21/04/2006. L’étude comprend trois parties : les données socio-démographiques, le mode alimentaire et les variables biologiques et mesures anthropométriques (poids, taille, IMC). L'âge moyen des participants était de 75,33 ans. L'objectif principal était d'étudier l'impact des facteurs socio-économiques sur l'état nutritionnel de ces personnes.

L'analyse des données socio-démographiques révèle des disparités importantes au sein de l'échantillon de personnes âgées à Marrakech. Un pourcentage significatif (79,8%) présentait un faible niveau d'instruction (analphabétisme). De plus, une grande partie de la population étudiée (45,9%) vivait avec un revenu inférieur à 1500 DH/mois, tandis que 25,4% n'avaient aucun revenu. La situation familiale est également un facteur clé: 47% des femmes étaient veuves contre 18% des hommes. Ces données soulignent une corrélation entre la précarité socio-économique et le risque de malnutrition. L'étude a aussi constaté que 34,1% des participants préparaient eux-mêmes leurs repas et 36,6% faisaient leurs courses, soulignant les difficultés potentielles liées à l'autonomie et à l'accès à une alimentation équilibrée. Le lien entre le faible niveau d'instruction et le risque de malnutrition est cohérent avec la littérature existante. Ces résultats mettent en évidence l'importance des facteurs socio-économiques dans la détermination du statut nutritionnel des personnes âgées de Marrakech.

L'étude a examiné le mode alimentaire des personnes âgées de Marrakech. Malgré une consommation fréquente de légumes, fruits, produits laitiers, huile d'olive, thé et café, la consommation de viande et de poisson était modérée et celle de fruits secs faible. Les mesures anthropométriques ont montré un poids moyen de 71,20 kg chez les hommes et 68,77 kg chez les femmes, avec des IMC moyens respectifs de 24,11 kg/m² et 27,88 kg/m². Cependant, un pourcentage élevé de participants présentait un risque de malnutrition, estimé à 61% chez les femmes et 50% chez les hommes, selon le score utilisé. Cette prévalence élevée de risque de malnutrition met en lumière les défis liés au maintien d'un statut nutritionnel adéquat chez les personnes âgées à Marrakech, nécessitant une attention particulière aux aspects quantitatifs et qualitatifs de leur alimentation. Il est crucial de noter que les déficits sensoriels (goût, odorat), les problèmes dentaires et les difficultés à accéder aux ressources alimentaires peuvent contribuer à ce risque.

L’étude révèle un lien étroit entre le statut socio-économique et la situation des personnes âgées à Marrakech. Un fort pourcentage (79,8%) des participants sont analphabètes, témoignant d’un faible niveau d’instruction. Concernant les revenus, la situation est précaire pour une grande majorité : 45,9% des personnes interrogées gagnent moins de 1500 DH par mois, et 25,4% n’ont aucun revenu. Cette pauvreté a des conséquences directes sur l’accès à une alimentation équilibrée et augmente le risque de malnutrition. En comparaison, l’étude Solinut en France montre que plus de la moitié des participants considèrent leurs revenus suffisants. La différence est notable et souligne les défis spécifiques rencontrés par les personnes âgées à Marrakech. L’activité professionnelle est également un facteur discriminant : 100% des hommes étaient actifs contre seulement 34,4% des femmes dans cette étude, reflétant des disparités d'accès au marché du travail et à la sécurité financière.

L'étude met en lumière la situation familiale prédominante chez les personnes âgées de Marrakech. Une proportion significative (47%) des femmes étaient veuves, contre seulement 18% des hommes. Ce déséquilibre est cohérent avec les observations faites au Canada en 2001, où 62% des femmes de plus de 75 ans étaient veuves. Cette différence importante souligne l’impact de l’espérance de vie plus élevée chez les femmes et les conséquences sociales de ce phénomène sur la vulnérabilité des femmes âgées. La proportion de personnes âgées séparées ou divorcées est également notable, mais l’étude ne précise pas suffisamment si ces facteurs sociofamiliaux ont un impact direct sur la santé physique et mentale. Néanmoins, la perte du conjoint et l’isolement social sont souvent associés à un déclin de la santé physique et mentale. Ceci pourrait impacter l'accès à des ressources, une alimentation adéquate et au soutien nécessaire.

Le document décrit les effets du vieillissement sur la santé physique et mentale. La sénescence physiologique affecte progressivement tous les organes et systèmes, notamment les systèmes sensoriels (vue, ouïe), le système locomoteur et le système immunitaire, augmentant la vulnérabilité aux infections. La fréquence des maladies cardiovasculaires et de certains cancers (sein, prostate, colorectaux) augmente aussi avec l’âge. Sur le plan mental, le vieillissement est associé à une baisse des capacités intellectuelles, à des tendances dépressives et à un risque accru de démences séniles. Le maintien d’une activité physique et d’une alimentation équilibrée est crucial pour atténuer ces effets, mais l'étude ne fournit pas de données spécifiques sur le niveau d'activité physique de la population étudiée. La santé sociale est également impactée, soulignant l'importance de l'intégration sociale et du maintien à domicile des personnes âgées pour leur bien-être.

L'étude du mode alimentaire des personnes âgées à Marrakech révèle une consommation fréquente de légumes (tomates, carottes, oignons…), de fruits (oranges, pommes, bananes…), de produits laitiers (lait, fromage, yaourts…), d’œufs, d’huile d’olive, de thé et de café. La consommation de viande et de poisson était quant à elle moyenne, tandis que celle de fruits secs était rare. Malgré cette diversité dans les aliments consommés, une alimentation équilibrée n'est pas systématiquement assurée. Il est à noter que 72% des participants estimaient avoir moins besoin de manger avec l'âge, ce qui souligne la complexité des habitudes alimentaires chez les personnes âgées. Le lien entre l'appétit et la nutrition est crucial, car une alimentation appétissante est nécessaire pour encourager une consommation suffisante. La préparation des repas et les courses constituent des défis importants pour certaines personnes âgées: 34,1% préparaient elles-mêmes leurs repas et 36,6% assuraient leurs courses. Ces données suggèrent une possible difficulté d'accès à une alimentation équilibrée pour une partie de la population étudiée.

L'étude révèle une forte prévalence du risque de malnutrition chez les personnes âgées de Marrakech. Selon le score utilisé, 61% des femmes et 50% des hommes présentaient un risque significatif de malnutrition. Ce constat met en lumière l'importance de la malnutrition comme un problème de santé publique parmi les seniors à Marrakech. Les conséquences de la malnutrition sont graves: diminution de la force musculaire, baisse de la résistance aux infections, augmentation du risque de chutes et de complications, troubles neuropsychiques... Le diagnostic de la malnutrition repose sur des mesures anthropométriques (poids, IMC), le calcul des apports alimentaires et des analyses biologiques. Des outils comme le « Mini Nutritional Assessment » (MNA) facilitent le dépistage. Comparé aux données européennes (enquête Euronut/Seneca), la prévalence du risque de malnutrition à Marrakech est beaucoup plus importante, soulignant une situation préoccupante nécessitant des interventions ciblées.

Plusieurs facteurs contribuent au risque élevé de malnutrition observé chez les personnes âgées de Marrakech. Des déficits sensoriels (diminution du goût et de l’odorat) peuvent entraîner une anorexie. Des problèmes dentaires, fréquents chez les personnes âgées, limitent également la capacité à consommer une variété d’aliments. De plus, l'étude souligne le rôle des facteurs socio-économiques. Le faible revenu, le manque d'instruction (79,8% des participants étaient analphabètes) et la précarité familiale augmentent le risque de déséquilibre alimentaire, tant quantitatif que qualitatif. Ceci est en accord avec la littérature qui associe un faible niveau d'éducation à un plus mauvais état de santé. Enfin, le document mentionne des facteurs liés au vieillissement lui-même, comme la fonte musculaire (sarcopénie) et une réduction de l'appétit, qui contribuent à la fragilisation des personnes âgées et augmentent leur risque de malnutrition.

L'étude sur le mode alimentaire et le risque de malnutrition chez les personnes âgées de Marrakech révèle des résultats préoccupants. Malgré une alimentation relativement variée, incluant des fruits, légumes, produits laitiers et huile d’olive, un nombre important de participants présente un risque de malnutrition. Le score utilisé indique une prévalence élevée, avec 61% des femmes et 50% des hommes exposés à ce risque. L'IMC moyen, bien que proche des normes dans les pays industrialisés, ne permet pas de masquer cette réalité. Ces résultats montrent que la simple observation d'une alimentation diversifiée ne suffit pas à garantir un statut nutritionnel adéquat. Les conséquences de la malnutrition chez les personnes âgées sont nombreuses et graves, impactant leur force musculaire, leur résistance aux infections et augmentant la mortalité. L'étude met en avant la nécessité d'interventions ciblées pour améliorer la situation.

Les données soulignent l’impact significatif des facteurs socio-économiques sur le risque de malnutrition. Le faible niveau de revenus (45,9% des participants gagnant moins de 1500 DH/mois), le fort taux d’analphabétisme (79,8%) et la précarité familiale contribuent à un accès limité à une alimentation équilibrée. La difficulté d’accès aux ressources alimentaires et aux soins de santé est un facteur aggravant, particulièrement pour les femmes veuves (47%). L'étude montre une forte corrélation entre la précarité socio-économique et le risque de malnutrition, confirmant les observations de la littérature sur l'impact négatif d'un faible niveau d'éducation sur la santé. La prise en charge de la malnutrition nécessite donc une approche globale, intégrant des interventions sociales et économiques pour améliorer l'accès à une alimentation de qualité et aux soins.

Les résultats de cette étude sur les personnes âgées de Marrakech appellent à une action urgente pour améliorer leur nutrition et leur santé. La prévalence élevée du risque de malnutrition, liée à des facteurs socio-économiques importants, exige des interventions spécifiques. Il est crucial de mettre en place des programmes visant à améliorer l'accès à une alimentation équilibrée et abordable, en tenant compte des particularités de la population étudiée. Des actions d’éducation nutritionnelle, ciblant notamment les aspects liés à l’autonomie dans la préparation des repas et l’accès aux courses, seraient également bénéfiques. Le renforcement du filet de sécurité sociale et la promotion d’un environnement favorisant l’intégration sociale des personnes âgées sont des éléments clés à considérer. Le rôle des professionnels de santé, des médecins de famille et des spécialistes en gériatrie, est capital pour un dépistage précoce et une prise en charge adéquate de la malnutrition.