
Étude de Cas sur le Syndrome de Sturge-Weber-Krabbe
Informations sur le document
Auteur | Safa Ouahbi |
instructor/editor | M. Sbihi (Professeur de Pédiatrie) |
École | Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie Marrakech |
Spécialité | Médecine |
Année de publication | 2007 |
Lieu | Marrakech |
Type de document | Thèse |
Langue | French |
Nombre de pages | 106 |
Format | |
Taille | 1.08 MB |
- Syndrome de Sturge-Weber
- Médecine
- Neurologie
Résumé
I.Le Syndrome de Sturge Weber Krabbe SSW Définition et Manifestations Cliniques
Le Syndrome de Sturge-Weber (SSW), ou angiomatose neurocutanée, est une maladie rare caractérisée par la présence d’un angiome facial (souvent décrit comme une tache de vin de Porto ou naevus flammeus), un angiome leptoméningé, et un angiome choroïdien. Les symptômes neurologiques majeurs incluent l’épilepsie (présente dans 75 à 90% des cas), une hémiplégie, un retard mental, et des troubles du comportement. L'épilepsie semble influencer le développement cognitif et le déficit moteur. Le diagnostic repose sur l’examen clinique, l’imagerie cérébrale (IRM cérébrale, TDM cérébrale), et un examen ophtalmologique à la recherche d'un glaucome et d'un angiome choroïdien. La localisation de l'angiome facial, notamment sur le territoire du nerf trijumeau V1, est un facteur déterminant dans l'évaluation du risque neurologique. Des calcifications intracrâniennes, souvent visibles à l'IRM, sont également fréquentes.
1. Définition du Syndrome de Sturge Weber Krabbe SSW
Le Syndrome de Sturge-Weber-Krabbe (SSW) est défini comme une angiomatose neurocutanée rare. Cette maladie se caractérise par une association de malformations vasculaires touchant différents organes. On retrouve principalement un angiome facial congénital (souvent décrit comme une tache de vin de Porto ou naevus flammeus), un angiome leptoméningé (ALM), situé au niveau des méninges cérébrales, et un angiome choroïdien, affectant la choroïde de l’œil. L’évolution de la maladie est imprévisible, allant de formes asymptomatiques à des formes sévèrement handicapantes. La rareté de cette angiomatose neurocutanée souligne la nécessité d'une meilleure compréhension et d’un dépistage précoce pour une prise en charge optimale. La recherche sur l’origine et le développement de ce syndrome demeure active, avec des hypothèses impliquant des facteurs génétiques et des anomalies du développement embryonnaire. L'identification précoce des signes cliniques est cruciale pour un diagnostic rapide et un traitement adapté. Des études ont mis en évidence un lien entre la topographie de l'angiome facial et le risque d’atteinte neurologique. La présence d'un angiome dans le territoire du nerf trijumeau V1 est particulièrement significative.
2. Manifestations Neurologiques du SSW
Les manifestations cliniques du SSW sont dominées par les symptômes neurologiques. L’épilepsie est la manifestation la plus fréquente, touchant 75 à 90% des patients. Elle peut être pharmacorésistante, rendant son traitement particulièrement complexe. D’autres troubles neurologiques fréquents incluent l’hémiplégie, un retard mental, et divers troubles du comportement. L’impact de l’épilepsie sur le développement cognitif et moteur est significatif, contribuant à la sévérité du handicap chez de nombreux patients. L'analyse des cas cliniques souligne la variabilité de la présentation du SSW, avec une gamme de symptômes allant de légers à très graves. La présence d'une hémiplégie complique la prise en charge, affectant la motricité et l’autonomie. Un retard mental peut également survenir, nécessitant des interventions spécifiques pour le développement de l’enfant. Les troubles du comportement constituent un autre défi pour la prise en charge globale du patient et sa famille. Une meilleure connaissance de ces manifestations et de leurs mécanismes sous-jacents est donc essentielle pour améliorer le pronostic et le traitement de cette maladie.
3. Manifestations Oculaires et autres Complications du SSW
Outre les manifestations neurologiques, le SSW peut présenter des complications oculaires. La présence d’un angiome choroïdien et du glaucome constitue des risques importants. L’angiome choroïdien peut entraîner un décollement de la rétine, une baisse de l’acuité visuelle, et un strabisme. Le glaucome, dû à des anomalies du drainage de l’humeur aqueuse, peut conduire à une augmentation de la pression intraoculaire et à des dommages irréversibles au nerf optique. Des anomalies au niveau de l’angle de la chambre antérieure et des shunts artério-veineux à l’intérieur de l’angiome épiscléral sont des facteurs impliqués dans le développement du glaucome. L'examen ophtalmologique régulier est donc crucial pour une détection précoce des anomalies oculaires. L'absence d'atteinte oculaire chez certains patients ne doit pas minimiser l'importance de cet examen de suivi. La complexité du SSW est soulignée par la variété de ses manifestations, qui nécessitent une prise en charge multidisciplinaire pour assurer un suivi complet et adapter les traitements en fonction des symptômes individuels. Une surveillance régulière des complications possibles est essentielle pour une gestion efficace à long terme.
II.Diagnostic du SSW Imagerie et Examens Complémentaires
Le diagnostic du SSW nécessite une approche multidisciplinaire. L’IRM cérébrale est l'examen d'imagerie de choix pour la détection de l’angiome leptoméningé et des calcifications intracrâniennes. La TDM cérébrale peut également être utile. Un examen ophtalmologique complet est indispensable pour dépister un éventuel glaucome ou un angiome choroïdien. L’échographie cérébrale transfontanellaire (ETF) peut être envisagée chez le nouveau-né, mais son utilisation est limitée. L'électroencéphalogramme (EEG) peut aider à caractériser l’activité épileptique. La présence d’un angiome facial dans le territoire V1, même en l’absence de symptômes, justifie un bilan d'imagerie cérébrale.
1. Imagerie cérébrale IRM et TDM
L'imagerie cérébrale joue un rôle essentiel dans le diagnostic du Syndrome de Sturge-Weber (SSW). L’IRM cérébrale est l’examen de référence, permettant de visualiser avec précision l’angiome leptoméningé (ALM) et les calcifications intracrâniennes, caractéristiques du SSW. Ces calcifications intracrâniennes présentent souvent un aspect spécifique, en forme de «S», «giriformes», ou en «rail de train», localisées au niveau des artères méningées, des veines corticales et sous-corticales, et du cortex sous-jacent à l’ALM. L’IRM permet aussi de mieux apprécier les zones de gliose et les troubles de myélinisation. La TDM cérébrale peut être utilisée comme examen complémentaire, notamment pour mettre en évidence les calcifications intracrâniennes. Il est important de noter que les premiers examens d’imagerie, même en IRM, peuvent être normaux chez le nouveau-né, nécessitant un suivi régulier et des examens répétés. Des techniques d’imagerie fonctionnelle, telles que la TEP ou la TEMP, peuvent être utilisées comme examens d’appoint pour évaluer le débit sanguin cérébral régional et le pronostic. L'analyse des images obtenues par IRM et TDM permet de confirmer le diagnostic et d'évaluer l'étendue des lésions cérébrales.
2. Examens ophtalmologiques et autres examens complémentaires
Un examen ophtalmologique complet est crucial dans le diagnostic du SSW, car la maladie peut affecter la choroïde. La recherche d’un angiome choroïdien et d’un glaucome est primordiale. L’examen du fond d’œil permet de visualiser l'angiome choroïdien, qui peut être latent et passer inaperçu cliniquement. La mesure de la pression intraoculaire est indispensable pour détecter un glaucome. L’EEG (électroencéphalogramme) est un examen complémentaire utile pour identifier les anomalies de l’activité électrique cérébrale et caractériser l’épilepsie. Dans certains cas, un bilan orthophonique peut être nécessaire, notamment pour évaluer d’éventuels troubles du langage ou des traits autistiques comme observés chez le patient Hatim. L'échographie cérébrale transfontanellaire (ETF) est mentionnée comme peu utilisée mais pouvant être envisagée chez les nouveau-nés pour détecter des anomalies corticales, notamment l'élargissement des espaces péri-cérébraux sous-arachnoïdiens ou l'augmentation de la taille des ventricules. Toutefois, les lésions cérébrales ne sont pas toujours présentes à la naissance, limitant la sensibilité de ce test.
3. Cas Cliniques et Difficultés Diagnostiques
Les observations cliniques présentées illustrent les défis diagnostiques posés par le SSW. Le cas de Hatim, avec un angiome facial bilatéral initialement diagnostiqué à tort comme une simple tache de naissance, souligne l'importance d'une vigilance accrue face à la présence d'un angiome facial, surtout chez les nourrissons. La découverte tardive du SSW chez Hatim a entraîné une prise en charge plus tardive de son épilepsie, illustrant la nécessité d'un dépistage précoce et d’une approche diagnostique approfondie en cas de suspicion de SSW. Le cas de Salma, avec un retard psychomoteur et un angiome facial congénital, met en évidence la nécessité d’un bilan d'imagerie cérébrale même en présence de formes apparemment bénignes. La discussion sur la présence ou l’absence de prise de contraste méningée en imagerie souligne les variations possibles de la présentation radiologique du SSW, rendant le diagnostic complexe et nécessitant une interprétation experte. L'analyse de cas particuliers, comme ceux rapportés par Fishbein, Saito et Kobayashi, ou Gupta et al., souligne la diversité des présentations radiologiques possibles et la nécessité d'une interprétation contextuelle des résultats d'imagerie.
III.Traitement du SSW Approche Thérapeutique Multidisciplinaire
La prise en charge du SSW est multidisciplinaire et repose sur le traitement des symptômes. Le traitement de l’épilepsie fait appel aux antiépileptiques, souvent en association. Le laser pulsé à colorant est une option pour traiter l’angiome facial. Pour le glaucome, des traitements médicaux et chirurgicaux (sclérectomie profonde non perforante, trabéculectomie) existent. La radiothérapie, la protonthérapie, et la thérapie photodynamique (PDT) avec la Vertéporfine sont des options pour les angiomes choroïdiens. Dans les cas sévères et résistants aux traitements médicaux, l’hémisphérectomie peut être envisagée, bien que comportant une morbidité importante. La prévention des accidents ischémiques par un traitement anti-agrégant plaquettaire a également été proposé.
1. Traitement de l épilepsie
Le traitement de l’épilepsie dans le SSW est souvent complexe et nécessite une approche personnalisée. La majorité des patients nécessitent une thérapie antiépileptique, fréquemment sous forme d’association de médicaments. Pour les épilepsies partielles symptomatiques, la carbamazépine, l’oxcarbamazépine, et le phénobarbital sont souvent efficaces. Le stiripentol, inhibiteur du cytochrome P450, peut améliorer l’efficacité de la carbamazépine et réduire les effets secondaires. Le vigabatrin est une autre option. Dans le cas des épilepsies généralisées symptomatiques, le valproate de sodium, seul ou en association avec la lamotrigine, est généralement privilégié. Des études rétrospectives, comme celle de D.ville et al. (2002), ont montré que la mise en place d’un traitement prophylactique par phénobarbital avant l’apparition des crises pourrait retarder l’installation de l’épilepsie et diminuer sa sévérité ainsi que le retard mental. L’efficacité des traitements varie considérablement d’un patient à l’autre, nécessitant un ajustement régulier des doses et une surveillance étroite de l'efficacité et des effets indésirables. Le traitement de l'épilepsie pharmacorésistante pose un défi particulier, nécessitant parfois l'exploration de solutions chirurgicales.
2. Traitement de l angiome facial
Le traitement de l’angiome facial est principalement esthétique et vise à améliorer l’apparence et la qualité de vie des patients. Le laser pulsé à colorant, notamment les lasers de première génération (585 nm, 450 µs), est un traitement efficace pour les angiomes plans, notamment chez les enfants, sans laisser de cicatrices. La technique de photothermolyse sélective permet une destruction des vaisseaux sanguins dilatés sans endommager les tissus environnants. Cependant, le coût du traitement et les questions relatives à l’anesthésie (topique ou générale) sont à prendre en compte, comme illustré par le cas de Salma. La taille et la couleur de l’angiome facial influencent le choix du traitement et le nombre de séances nécessaires. Les angiomes peu colorés répondent généralement bien au traitement au laser. Dans certains cas, l’extension de l’angiome au-delà du visage peut nécessiter des approches thérapeutiques additionnelles, adaptées à la localisation et à l’étendue des lésions.
3. Traitement de l angiome choroïdien et du glaucome
Le traitement de l’angiome choroïdien et du glaucome associés au SSW est crucial pour préserver la fonction visuelle. Avant l'arrivée de la radiothérapie, le décollement rétinien exsudatif était une complication fréquente. Aujourd'hui, la radiothérapie externe et la protonthérapie sont utilisées pour traiter les angiomes choroïdiens localisés. La protonthérapie, moins invasive, réduit le risque de cancers radio-induits. La thérapie photodynamique (PDT) avec la Vertéporfine a montré des résultats prometteurs dans le traitement des angiomes choroïdiens diffus, notamment en induisant une résorption du décollement rétinien. Concernant le glaucome, les traitements médicamenteux sont souvent initiés en premier. Cependant, la chirurgie est souvent nécessaire. La sclérectomie profonde non perforante (SPNP) est une technique chirurgicale plus récente qui représente une alternative à la trabéculectomie pour le glaucome dans le cadre du SSW. Elle réduit les risques de complications classiques liées à l’hypotonie. Des études ont montré l'efficacité de la SPNP, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour évaluer son efficacité à long terme. L’hémisphérectomie est une intervention chirurgicale plus lourde, envisagée en dernier recours pour les cas d’épilepsie sévère et réfractaire aux traitements médicamenteux.
4. Traitements complémentaires et prévention
Outre les traitements spécifiques aux manifestations du SSW, d’autres approches thérapeutiques peuvent être envisagées. Garcia et al. ont suggéré un traitement anti-agrégant plaquettaire par l’acide acétylsalicylique pour prévenir les accidents ischémiques liés aux thromboses veineuses et responsables de certains déficits moteurs. Les résultats préliminaires semblaient encourageants. La prise en charge psychologique et psychiatrique peut être nécessaire pour le patient et sa famille, afin de gérer les troubles émotionnels et comportementaux, pouvant survenir chez certains patients atteints de SSW. La prise en charge globale du SSW nécessite une approche multidisciplinaire, impliquant des neurologues, ophtalmologues, chirurgiens, et psychologues. Une surveillance régulière et une adaptation des traitements en fonction de l’évolution de la maladie sont essentielles pour optimiser la qualité de vie des patients. L'importance d'une prise en charge précoce et le suivi régulier sont soulignés à plusieurs reprises, pour un meilleur pronostic et une meilleure qualité de vie.
IV.Pronostic et Facteurs de Mauvais Pronostic du SSW
Le pronostic du SSW est variable et imprévisible, allant de formes asymptomatiques à des formes sévèrement handicapantes. Des facteurs de mauvais pronostic ont été identifiés : apparition de l’épilepsie avant l’âge d’un an, état de mal épileptique inaugural, déficit moteur sévère, et atrophie cérébrale bilatérale. Une prise en charge précoce et multidisciplinaire est essentielle pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de SSW.
1. Imprévisibilité de l évolution et variabilité des symptômes
L’évolution du Syndrome de Sturge-Weber (SSW) est imprévisible et variable d’un patient à l’autre. Certains individus restent pratiquement asymptomatiques, tandis que d’autres présentent un handicap sévère. Cette variabilité rend difficile l’établissement d’un pronostic précis. La sévérité des symptômes est influencée par plusieurs facteurs, dont l’apparition et la gravité de l’épilepsie, la présence d’un déficit moteur, et l’étendue des lésions cérébrales. L'impact de l'épilepsie sur le développement cognitif et moteur est particulièrement significatif. Une épilepsie pharmacorésistante complique considérablement le pronostic. La présence d'une hémiplégie influence de façon importante l'autonomie du patient. Un retard mental peut également impacter de manière significative la qualité de vie à long terme. Des troubles comportementaux peuvent également contribuer à la complexité de la prise en charge. Le pronostic à long terme est donc difficile à déterminer au début de la maladie et nécessite une surveillance étroite.
2. Facteurs de mauvais pronostic
Plusieurs facteurs sont associés à un mauvais pronostic dans le SSW. L’apparition de l’épilepsie avant l’âge d’un an est un indicateur de risque important. Un état de mal épileptique inaugural, c’est-à-dire un premier épisode convulsif prolongé, est également un facteur de mauvais pronostic. La présence d’un déficit moteur, en particulier une hémiplégie, est corrélée à une évolution plus défavorable. Une atrophie cérébrale bilatérale est un signe de gravité associé à un pronostic défavorable. L'atteinte des fonctions cognitives et motrices dépend fortement de la localisation et de l'étendue des lésions cérébrales. Un diagnostic précoce et une prise en charge thérapeutique adaptée sont donc essentiels pour atténuer la sévérité des symptômes et améliorer le pronostic à long terme. La présence d'un angiome choroïdien et d’un glaucome peut aussi influencer négativement le pronostic, affectant la vue du patient. L'âge de survenue des premiers symptômes est un facteur déterminant, une apparition précoce de l'épilepsie étant associée à un pronostic plus sombre.
3. Importance de la prise en charge multidisciplinaire
Le SSW est une maladie complexe nécessitant une prise en charge multidisciplinaire. Une approche globale, impliquant neurologues, ophtalmologues, et éventuellement chirurgiens, est indispensable. La collaboration entre les différents spécialistes permet une évaluation complète des symptômes et une adaptation optimale du traitement à chaque patient. Le suivi régulier permet de détecter précocement les complications potentielles et d’adapter le traitement en fonction de l’évolution de la maladie. Des études sur l’efficacité de différentes stratégies thérapeutiques, comme les traitements prophylactiques de l’épilepsie, sont nécessaires pour affiner les recommandations et améliorer le pronostic. Une prise en charge psychologique et sociale pour le patient et sa famille est également essentielle pour faire face aux défis posés par cette maladie chronique. Le rôle primordial du neuropédiatre est mis en avant pour une prise en charge efficace dès les premières manifestations. Une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques sous-jacents est nécessaire pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques et améliorer le pronostic.