Étude sur la Schizotypie et ses Implications dans la Santé Mentale

Étude sur la Schizotypie et ses Implications dans la Santé Mentale

Informations sur le document

École

École Supérieure de Technologie (EST)

Spécialité Unspecified
Type de document Rapport de Recherche/Mémoire
Langue French
Format | PDF
Taille 626.32 KB
  • schizotypie
  • santé mentale
  • évaluation psychologique

Résumé

I.Le Trouble de la Personnalité Schizotypique Un Marqueur de Vulnérabilité à la Schizophrénie

Cette étude explore le trouble de la personnalité schizotypique comme facteur prédictif de la schizophrénie. Elle se base sur l’hypothèse que la schizotypie, définie par le DSM-IV-R comme un mode de déficit social et interpersonnel avec des distorsions cognitives et perceptives, représente une vulnérabilité à la schizophrénie. L’étude vise un dépistage précoce de la schizophrénie grâce à l’évaluation de la schizotypie chez les étudiants. La prévalence de la schizotypie dans la population générale est estimée à 3%. Le questionnaire de personnalité schizotypique (SPQ) de Raine est utilisé pour l'évaluation.

1. Définition de la Personnalité Schizotypique et sa Relation avec la Schizophrénie

La personnalité schizotypique, selon le DSM-IV-R, se caractérise par un déficit social et interpersonnel marqué. Elle se manifeste par des perturbations des relations proches, des distorsions cognitives et perceptives, et des comportements excentriques. La prévalence de la schizotypie est estimée à 3% dans la population générale. Importants sont les liens entre la schizotypie et le spectre de la schizophrénie; certains auteurs la considèrent même comme un marqueur de vulnérabilité à la schizophrénie. Cette vulnérabilité justifie l'intérêt d'étudier ce trouble pour permettre un dépistage précoce de la schizophrénie, conduisant à une meilleure prise en charge et à un meilleur pronostic de cette maladie chronique. Le dépistage précoce est crucial pour améliorer l'évolution et le pronostic de la schizophrénie. L'étude de la schizotypie vise précisément ce dépistage précoce, pour une meilleure prise en charge des patients, et l'espoir d'éviter l'évolution vers une schizophrénie chronique. Sandor Rado est mentionné comme le premier à avoir conceptualisé le concept de schizotypie dans les années 1950, la définissant comme l'expression phénotypique d'une vulnérabilité à la schizophrénie, résultant d'une interaction entre l'environnement et une prédisposition génétique.

2. Objectifs de l Étude et Sélection de l Échantillon

L'objectif principal de l'étude est d'étudier la personnalité schizotypique chez les étudiants de premier cycle à la faculté de médecine de Marrakech et à l'école supérieure de technologie de Safi (EST), en utilisant le questionnaire SPQ de Raine. Le choix du premier cycle est justifié par le fait que l'apparition des premiers symptômes de la schizotypie se situe généralement entre 17 et 25 ans. La taille de l'échantillon est calculée en fonction de la prévalence de la schizotypie dans la littérature (3%) et de la précision souhaitée (2%). Le questionnaire SPQ, avec ses 74 items répartis en neuf sous-échelles, permet de poser le diagnostic de personnalité schizotypique dans 55% des cas lorsque le score total dépasse un seuil établi lors de sa validation. La validation du questionnaire est mentionnée, précisant que 55% des sujets dépassant le seuil auront un diagnostic confirmé par un entretien structuré SCID II. L'étude utilise un questionnaire anonyme à deux parties : une partie sociodémographique (âge, sexe, éducation, antécédents médicaux et psychiatriques, consommation de toxiques) et une partie évaluant les traits de schizotypie. La recherche a eu lieu sur six mois, avec un recrutement aléatoire dans les salles de cours, les réponses étant recueillies le même jour. Un score moyen de 25,33 +/- 11,77 a été obtenu pour l'échantillon total.

3. Caractéristiques Cliniques de la Schizotypie

Le document détaille les caractéristiques cliniques de la schizotypie, en se basant sur les neuf sous-échelles du SPQ. Il mentionne les idées de référence (à distinguer des idées délirantes de référence), la pensée magique et les croyances bizarres (superstitions, préoccupations paranormales, croyance en des pouvoirs spéciaux), la pauvreté ou l'inadéquation des affects (affects inappropriés dans les interactions sociales), et le comportement bizarre ou excentrique (négligence vestimentaire, maniérismes, manque de respect des conventions sociales). Les personnes schizotypiques peuvent avoir des difficultés à entrer en contact avec des inconnus et ont une tendance à l'isolement. L'étude souligne le rôle de la schizotypie comme marqueur clinique de vulnérabilité à la schizophrénie, permettant un dépistage précoce et une prise en charge appropriée pour éviter l'évolution vers une schizophrénie chronique. La conceptualisation de la schizophrénie comme résultant d'une interaction entre vulnérabilité génétique et facteurs environnementaux est évoquée, avec le modèle de Zubin et Spring basés sur la vulnérabilité au stress. L'influence de facteurs prénataux, comme une carence en acide folique, le stress maternel, les carences en vitamine D et les infections, est également mentionnée. De plus, l'impact de la consommation de cannabis et la vulnérabilité des migrants sont abordés.

II.Méthodologie de l Étude et Résultats Préliminaires

L'étude a été menée auprès de 148 étudiants de premier cycle à la faculté de médecine de Marrakech et à l’école supérieure de technologie de Safi (EST), entre octobre 2004 et avril 2005. Le questionnaire SPQ a permis d'évaluer neuf traits schizotypiques. Le score moyen obtenu était de 25,33 +/- 11,77 (score seuil supérieur: 44/74 ; inférieur: 10/74). Une différence statistiquement significative (P=0.000) a été observée concernant la prévalence des traits schizotypiques entre les étudiants de l'EST de Safi (11,6%) et ceux de la faculté de médecine de Marrakech (6,8%). Les résultats ont révélé une prédominance de la dimension négative de la schizotypie, notamment l’anxiété sociale excessive.

1. Population d Étude et Collecte des Données

L'étude a porté sur 148 étudiants de premier cycle, répartis entre la faculté de médecine de Marrakech et l'école supérieure de technologie de Safi (EST). L'échantillon comprenait des étudiants des deux sexes, âgés de 17 à 24 ans. La collecte des données s'est déroulée sur six mois, à partir d'octobre 2004. Le contact avec les étudiants s'est fait directement en salle de cours. Après avoir expliqué les objectifs de l'étude et la procédure de remplissage, les questionnaires ont été distribués de manière aléatoire, et les réponses recueillies le jour même. Le questionnaire utilisé était le Schizotypal Personality Questionnaire (SPQ) de Raine, un outil d'auto-évaluation simple et rapide, évaluant neuf traits schizotypiques conformément aux critères du DSM-IV-R. Ce questionnaire, composé de 74 items, permet une évaluation globale du trouble de la personnalité schizotypique. La prise en compte du contexte de réponse a été soulignée. L'étude souligne l'importance du questionnaire SPQ de Raine, utilisé pour évaluer les 9 traits schizotypiques décrits dans le DSM-IV-R. Sa facilité d'utilisation et sa rapidité de passation en font un instrument adapté à cette étude.

2. Résultats Principaux et Analyses

Le score moyen obtenu sur le questionnaire SPQ pour l'ensemble de l'échantillon était de 25,33 +/- 11,77, avec un minimum de 2/74 et un maximum de 52/74. Les seuils supérieurs et inférieurs étaient respectivement de 44/74 et 10/74. Une analyse des scores a révélé que les scores les plus élevés concernaient les traits de schizotypie négative, en particulier l'anxiété sociale excessive (score moyen de 3,40), l'absence d'amis proches (3,07) et la pauvreté des affects (2,94). Cette prédominance de la dimension négative de la schizotypie a été observée chez l'échantillon. La différence des pourcentages d'étudiants présentant des traits schizotypiques entre l'EST de Safi (11,6%) et la faculté de médecine de Marrakech (6,8%) était statistiquement significative (P=0.000). Cette différence significative entre les deux institutions pourrait être liée à des différences d'origines géographiques des étudiants, comme le suggère une étude irlandaise sur la relation entre origine géographique et schizophrénie. L'étude a également constaté une prédominance du sexe masculin parmi les étudiants schizotypiques (7,24% contre 3,62% pour le sexe féminin). La majorité des étudiants schizotypiques (16,7%) vivaient avec leurs parents, contre 1,4% vivant avec des amis.

III.Facteurs de Risque et Considérations Cliniques

Plusieurs facteurs de risque de schizophrénie ont été abordés, incluant les complications obstétricales (plus fréquentes chez les populations maghrébines), la consommation de cannabis, les traumatismes précoces, et les facteurs génétiques. L’étude note une absence de consommation de substances toxiques chez les étudiants participants, un résultat contrastant avec la littérature qui établit un lien entre schizotypie et toxicomanie. L'âge de début de la schizophrénie est plus précoce chez les hommes (différence de 3 à 5 ans). Des considérations sur les aspects neuropsychologiques et anatomiques de la schizophrénie sont également présentées, mentionnant notamment les anomalies cérébrales et les troubles des fonctions exécutives.

1. Facteurs de Risque Prénataux et Périnataux

Plusieurs facteurs prénataux et périnataux sont mentionnés comme potentiellement impliqués dans le développement de la schizophrénie et des traits schizotypiques. Une carence maternelle en acide folique durant les premiers mois de grossesse est citée comme déterminante. D'autres facteurs comprennent le stress maternel, des carences en vitamine D, et des infections ou inflammations utérines liées à la grippe, avec une implication possible de l'interleukine-8 dans la réponse immunitaire. Des études ont montré une association entre les complications obstétricales et l'âge d'apparition de la schizophrénie, particulièrement chez les populations maghrébines en raison d'une surveillance prénatale insuffisante et de pratiques d'accouchement à domicile. Ces complications obstétricales sont considérées comme un facteur de risque neurodéveloppemental important. Une étude mentionne également un lien entre les abus sexuels durant l'enfance et un risque accru de développer des traits psychotiques, bien qu'une autre étude n'ait pas confirmé cette relation, suggérant que des soins médicaux efficaces peuvent réduire ces risques.

2. Facteurs Environnementaux et Style de Vie

La consommation de cannabis est identifiée comme un facteur de risque majeur pour le développement de psychoses, y compris la schizophrénie. L'exposition au cannabis à l'adolescence augmente le risque, de façon plus marquée chez les personnes prédisposées. Des études épidémiologiques et expérimentales confirment cet impact, montrant que le delta-9-tétrahydrocannabinol (principe actif du cannabis) induit des symptômes similaires à la schizophrénie chez les sujets sains. L'étude souligne l'absence de consommation de substances toxiques chez les étudiants participants. Ce résultat contraste avec la littérature qui établit un lien important entre schizotypie et consommation de substances (tabac, alcool, cannabis). Plusieurs explications sont proposées: le fait que la majorité des étudiants vivaient avec leurs parents, l'absence d'activité professionnelle, et le fait qu'il s'agissait d'étudiants de premier cycle, la consommation de toxiques tendant à augmenter avec les années d'études. L'isolement social et l'absence de support social, notamment chez les migrants de première et seconde génération, sont également mis en avant comme facteurs de risque.

3. Facteurs Anatomiques et Neuropsychologiques

Le document aborde les anomalies cérébrales associées à la schizophrénie. L’élargissement ventriculaire, notamment des ventricules latéraux, est mentionné comme un élément cardinal de la pathologie. Cet élargissement s'accompagne d'une diminution du volume du tissu cérébral, principalement dans les structures périventriculaires (thalamus, putamen, gyrus temporal supérieur, insula). Bien que non spécifique à la schizophrénie, on retrouve cet élargissement dans d'autres troubles comme le vieillissement, les démences, la maladie de Parkinson et les troubles bipolaires. Des réductions volumiques ont également été observées au niveau des lobes frontaux et temporaux, alors que les résultats sont plus mitigés pour les lobes pariétaux et occipitaux. Des anomalies du cervelet, notamment une réduction du vermis, sont également rapportées. L'étude évoque des perturbations neuropsychologiques telles que des troubles de l'attention (évalués par le Continuous Performance Task, CPT), des difficultés dans les tâches de Span Of Apprehension (SOA) et de démasquage postérieur (Backward Masking), et des anomalies des potentiels évoqués endogènes (P300). Des perturbations des fonctions exécutives, évaluées par le Wisconsin Card Sorting Test (WCST) et le Trail Making Test (TMT), sont aussi mentionnées.

IV.Traitement et Prise en Charge de la Schizophrénie et de la Schizotypie

Le document mentionne la prise en charge de la schizophrénie et des troubles du spectre, y compris la personnalité schizotypique, via une approche bio-psycho-sociale. Cela inclut des traitements pharmacologiques (neuroleptiques comme l’Olanzapine), et des thérapies psychologiques comme les thérapies cognitives et comportementales (TCC) et la thérapie de remédiation cognitive (TRC). L’efficacité des TCC est soulignée pour la réinsertion sociale et la réduction des symptômes.

1. Approche Thérapeutique Pharmacologique

Le document mentionne l'utilisation de neuroleptiques dans le traitement de la schizophrénie et des troubles du spectre, dont la personnalité schizotypique. L'Olanzapine est citée comme ayant été bien tolérée par les patients schizotypiques dans une étude, sans effets secondaires importants, notamment l'absence de symptômes extrapyramidaux. Une autre étude utilisant la Rispéridone a montré une amélioration des symptômes positifs et négatifs chez les sujets schizotypiques. Une étude sur l'efficacité de la Fluoxétine s'est avérée non concluante. Le bilan initial avant l'instauration d'un traitement neuroleptique comprend un entretien clinique pour identifier les symptômes présents et passés (idées délirantes, hallucinations, désorganisation de la pensée et du comportement, isolement social), l’influence de traitements antérieurs, l'existence de comorbidités, la consommation de médicaments et de toxiques, et l'évaluation du risque suicidaire. Des examens complémentaires (glycémie, bilan lipidique, hémogramme, créatinine, électrocardiogramme, etc.) et des examens plus spécialisés (dosage de prolactine, imagerie cérébrale, EEG, bilans psychométriques) peuvent être réalisés.

2. Approche Thérapeutique Psychologique et Sociale

L'approche thérapeutique pour la schizophrénie et les troubles du spectre, comme la personnalité schizotypique, est présentée comme pluridisciplinaire, intégrant des aspects pharmacologiques, psychologiques et sociaux (approche bio-psycho-sociale). Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont particulièrement mentionnées pour leur efficacité en termes de réinsertion sociale et de réduction des symptômes. Elles sont utilisées dans les programmes de développement des habiletés sociales. Un autre modèle thérapeutique est la thérapie de remédiation cognitive (TRC), qui cible directement les déficits cognitifs à travers des exercices répétés visant à améliorer la mémoire de travail, l'attention, la perception des émotions et les fonctions exécutives. L’efficacité des TCC dans la réadaptation sociale des patients schizotypiques est mise en avant. La prise en charge globale du patient, intégrant les aspects biologiques, psychologiques et sociaux, est recommandée.