Évaluation Économique de la Gestion Forestière en Contexte de Changement Climatique

L'étude introduit le contexte d'une gestion forestière confrontée à un environnement changeant, risqué et incertain. Le long terme est présenté comme une source de risques économiques, sanitaires, abiotiques et humains, auxquels s'ajoutent des changements rapides. L'émergence de nouveaux marchés, notamment celui du bois énergie, est soulignée, ainsi que l'apparition de nouveaux risques tels que la sécheresse, les gels tardifs, les ravageurs et les maladies émergentes. Le changement climatique est identifié comme un défi majeur, nécessitant une adaptation. Bien que la rapidité et l'irréversibilité du changement climatique soient des certitudes, des incertitudes persistent quant à son impact précis (quand, où, combien). Cette incertitude représente pourtant une opportunité pour changer et actualiser les pratiques de gestion forestière. L'étude met l'accent sur la nécessité d'une évaluation économique pour mieux comprendre et gérer ces risques et incertitudes face aux nouveaux marchés du bois.

La section détaille le raisonnement économique sous-jacent à l'étude. La valorisation de la production forestière est analysée, en mettant en évidence que le bois d'œuvre représente 72% des revenus forestiers. Le bois énergie est présenté comme une opportunité pour assurer un revenu pour les peuplements en impasse sylvicole. Cette partie introduit une perspective économique importante en soulignant que l'analyse ne se limite pas au bois d'œuvre, mais intègre également le bois énergie comme une source de revenu supplémentaire, particulièrement pertinent dans un contexte de gestion forestière adaptative. Une enquête sur la valeur des bois après exploitation forestière (source: Laboratoire économie forestière) est mentionnée, fournissant des données sur le prix du bois sur pied et bord de route, en relation avec le SMIC horaire. Cette perspective économique intégrée est essentielle pour guider les choix de gestion face aux risques.

Cette section explore les combinaisons d'aléas climatiques et biotiques, notamment l'émergence du risque de sécheresse (source: enquête Forrisk 2014 Credoc/CNPF). Des données sur la distribution des scolytes endémiques, le profil racinaire et la hauteur des arbres sont mentionnées (source: RESOFOP, Credoc, 2011). L'étude présente deux exemples : une étude de cas sur le Douglas face à la sécheresse en Bourgogne et une approche économique intégrée. Pour réduire le risque, deux options d'adaptation sont envisagées : réduire la vulnérabilité et réduire l'exposition. Une option combinant ces deux aspects est proposée : réduire la durée de rotation tout en maintenant la fertilité du sol. Cette section met en place les concepts clés de vulnérabilité et d'exposition au risque, préparant le terrain pour l'analyse détaillée des stratégies d'adaptation.

La méthodologie d'évaluation est décrite, impliquant un modèle climatique global (ARPEGE A1B, SRES) et une descente d'échelle pour une régionalisation. Des indices de sécheresse et des calculs de bilan hydrique permettent de modéliser l'impact du climat futur. Un modèle de vulnérabilité est également utilisé. Trois stratégies d'adaptation sont étudiées : ne pas s'adapter, s'adapter dans 55 ans et s'adapter immédiatement. L'étude de cas présente des scénarios sylvicoles avec des probabilités haute et basse d'occurrence pour des sites à haute et faible fertilité, sur les horizons 1970-2000, 2020-2059, et 2070-2100. Ces scénarios, basés sur des données fournies par la société forestière de la CDC et CNPF/IDF, sont cruciaux pour l'évaluation économique des différentes stratégies d'adaptation. La méthodologie combine des modèles climatiques et des données économiques pour une approche intégrée.

Les résultats de l'approche économique intégrée sont présentés pour des peuplements créés entre 1915 et 2065, sous deux scénarios de changement climatique et trois niveaux de risque. L'analyse examine la croissance et la réponse au climat selon l'année de création du peuplement, le niveau de risque et son évolution avec le climat. L'approche économique est justifiée par sa capacité à optimiser la sylviculture et à réaliser des arbitrages. L'étude discute de la simplicité et de l'ambition de l'approche, questionnant l'acceptabilité générale, l'accessibilité des informations nécessaires et le compromis entre réalisme et simplicité du modèle. Des données sur l'accroissement moyen annuel du volume sur pied (m3/ha/an), la probabilité annuelle de destruction (%) et la productivité relative sont impliquées. L'étude souligne l'importance des données économiques et de la théorie économique dans la prise de décision en gestion forestière.

L'étude de cas se concentre sur l'impact économique des sécheresses sur des peuplements de Douglas en Bourgogne. Elle examine spécifiquement des peuplements âgés de 55 ans, analysant les dommages subis suite à des épisodes de sécheresse. Ces dommages sont quantifiés selon trois critères principaux : la baisse de l'accroissement annuel, le dépérissement des arbres et la mortalité. L'objectif est de déterminer l'ampleur des pertes économiques liées à ces impacts négatifs sur la croissance et la survie des arbres. La période étudiée, entre 2003 et 2006, permet de tirer des conclusions sur les conséquences économiques concrètes de la sécheresse sur une essence forestière importante en Bourgogne. L'analyse de ces conséquences est fondamentale pour orienter les stratégies d'adaptation face à un risque climatique croissant.

À partir des observations faites sur les conséquences économiques des sécheresses sur les peuplements de Douglas, l'étude établit des seuils de dommages. Si les dommages sont inférieurs à 15% du volume total, aucune adaptation immédiate n'est jugée nécessaire, l'adaptation immédiate étant présentée comme l'option la moins rentable dans ce cas. En revanche, si les dommages dépassent 30% du volume, l'adaptation immédiate est préconisée comme la meilleure option. Cette approche pragmatique permet de définir des seuils décisionnels en fonction de l'importance des pertes économiques. Ce seuil est important car il permet d'évaluer l'efficacité économique des options d'adaptation en fonction de l'intensité du dommage, un facteur important pour décider des actions de gestion forestière appropriées. Le choix de s'adapter ou non est ainsi directement lié à l'impact économique de la sécheresse.

L'étude de cas sur le Douglas en Bourgogne est présentée comme un exemple concret illustrant l'approche économique intégrée développée dans l'étude plus large. Cette approche vise à optimiser la sylviculture en prenant en compte la croissance des arbres, l'évolution du risque (ici, le risque de sécheresse) et les données économiques. L'analyse du Douglas permet de mettre en pratique le modèle économique et de tester son efficacité à prédire l'impact des aléas climatiques sur la rentabilité des peuplements. Les résultats de cette étude de cas sont donc intégrés dans les conclusions générales de l'étude afin de valider l'approche économique intégrée. Elle sert également à illustrer les arbitrages possibles entre les stratégies d'adaptation et leur impact économique.

La section décrit la modélisation utilisée pour évaluer l'impact du changement climatique sur la gestion forestière. Un modèle climatique global (ARPEGE A1B, SRES) sert de base, suivi d'une descente d'échelle pour une régionalisation plus précise. Ce modèle permet de projeter des anomalies climatiques futures et de calculer des indices de sécheresse ainsi que des bilans hydriques. Un modèle de vulnérabilité est également intégré pour une évaluation complète. L'utilisation de modèles climatiques reconnus (ARPEGE A1B, SRES) assure une base scientifique solide pour l'analyse. La descente d'échelle est essentielle pour obtenir une précision régionale pertinente, essentielle pour une application concrète des résultats. La combinaison de ces modèles climatiques avec un modèle de vulnérabilité permet une évaluation plus réaliste des risques futurs.

Trois stratégies d'adaptation sont comparées dans le cadre de l'étude : 1) maintenir la rotation à 55 ans (aucune adaptation), 2) s'adapter dans 55 ans, et 3) s'adapter immédiatement. Des scénarios sylvicoles, fournis par la société forestière de la CDC et CNPF/IDF, sont utilisés pour simuler l'évolution des peuplements sous ces différentes stratégies. Les probabilités d'occurrence (haute et basse) sont estimées pour les horizons 1970-2000, 2020-2059, et 2070-2100, pour des sites à haute et faible fertilité. L'utilisation de données de scénarios sylvicoles par des acteurs clés du secteur forestier (CDC et CNPF/IDF) assure la pertinence pratique des résultats. Les différentes options d'adaptation sont comparées en fonction de leur coût économique. L'horizon temporel analysé (jusqu'à 2100) souligne la vision à long terme nécessaire pour la gestion durable des forêts.

Les résultats du modèle simulent l’évolution de la productivité forestière sous différents scénarios de changement climatique, pour des peuplements créés entre 1915 et 2065. Deux scénarios de changement climatique (orange et vert) et trois niveaux de risque croissants sont considérés. L’analyse intègre des données sur la croissance des arbres, l’évolution du risque et des données économiques. L’intégration de résultats issus du modèle climatique, des scénarios sylvicoles et des données économiques permet une évaluation complète et cohérente. Cette analyse multifactorielle est cruciale pour une prise de décision éclairée. L'étude met en avant les liens entre les données climatiques, la réponse des essences et les aspects économiques pour une gestion durable et rentable.

L'étude présente une approche économique intégrée pour la gestion forestière, visant à optimiser la sylviculture en considérant plusieurs facteurs. Elle intègre l'analyse de la croissance des arbres et de sa réponse au climat en fonction de l'année de création du peuplement, le niveau de risque et son évolution avec le changement climatique, ainsi que des données économiques et des principes de la théorie économique. Cette approche vise à réaliser plusieurs arbitrages, permettant une prise de décision plus éclairée en matière de gestion forestière. L'approche intègre des données sur la productivité relative, l'accroissement moyen annuel du volume sur pied, et la probabilité annuelle de destruction, pour tenir compte de l'évolution du risque face au changement climatique. Elle vise à équilibrer les considérations économiques avec les réalités écologiques et climatiques.

La simplicité et l'ambition de l'approche économique intégrée sont discutées. L'acceptabilité générale de l'approche, l'accessibilité des informations nécessaires et le compromis entre réalisme et simplicité du modèle sont questionnés. Ces questions soulèvent des points importants concernant la faisabilité pratique et l'applicabilité à grande échelle de l'approche. L'accessibilité des données et la complexité du modèle sont des facteurs déterminants pour son adoption par les gestionnaires forestiers. La recherche d'un équilibre entre un modèle suffisamment précis et un modèle suffisamment simple à utiliser est un défi majeur. Des compromis sont nécessaires pour obtenir un outil pratique tout en garantissant une évaluation fiable des risques.

Le modèle proposé permet de prendre en compte le climat et ses évolutions possibles, ainsi que les essences forestières et leur position dans leur aire de répartition. Les changements rapides sont identifiés comme sources de nouveaux risques. L'étude met l'accent sur l'importance d'évaluer le coût des options de non-adaptation et de mauvaise adaptation par rapport à une adaptation appropriée. Le modèle permet donc une évaluation plus précise des coûts et bénéfices associés aux différentes options de gestion forestière. La conclusion insiste sur l'importance de considérer les changements rapides et les nouveaux risques émergents pour la gestion durable des forêts. Le modèle fournit un outil pour une prise de décision plus éclairée dans un contexte d'incertitude et de changement climatique.