
Le Bureau des Finances de la Généralité de Metz et Alsace (1701-1790) : Aspects Institutionnels
Informations sur le document
Auteur | Aloïse Christian Mavoungou |
instructor/editor | Hugues Richard, Professeur à l’université de Bourgogne |
École | Université de Lorraine |
Spécialité | Histoire du droit et des institutions |
Type de document | Thèse |
Lieu | Metz |
Langue | French |
Format | |
Taille | 4.64 MB |
- Histoire du droit
- Institutions financières
- Archives historiques
Résumé
I.Les Débuts Chaotique du Bureau des Finances et la Lutte pour la Légitimité
L'étude porte sur le Bureau des Finances sous l'Ancien Régime, une institution dont les débuts furent difficiles, qualifiés même de « chaotique » par certains historiens. La légitimité des Trésoriers de France fut constamment remise en question face aux autres cours souveraines de Metz (parlement, chambre des comptes, etc.). Des rivalités, malversations et critiques concernant l'achat de charges et la soumission à l'arbitraire royal, ainsi que les besoins permanents de financement de la monarchie, minèrent l'institution. K. Deharbe définit le Bureau comme une institution composée d'officiers ayant acheté leurs charges et soumise à l'arbitraire royal et aux besoins de financement de la monarchie. La fiscalité royale était au cœur de ses activités.
1. Difficultés initiales et manque de légitimité du Bureau des Finances
Dès ses débuts, le Bureau des Finances connut des périodes difficiles, voire « chaotique » selon certains historiens. Plusieurs facteurs expliquent ces difficultés. Principalement, les officiers des finances peinaient à asseoir leur légitimité face aux autres cours souveraines installées à Metz, notamment le parlement, la chambre des comptes, la cour des aides et la cour des monnaies. Ces difficultés étaient exacerbées par de nombreuses rivalités, malversations et comportements contestables de certains officiers, contribuant au discrédit de l'institution. L'achat des charges, la soumission à l'arbitrage royal et le besoin constant de financement de la monarchie alimentaient les critiques. K. Deharbe résume ainsi le Bureau des Finances : « une institution composée d’officiers ayant acheté leur charge, et soumise à l’arbitraire royal et aux besoins continus de financement de la monarchie ». Dès sa création, le Bureau des Finances se trouvait confronté à un environnement institutionnel complexe et à une lutte constante pour sa propre légitimité. L'extrait souligne la précarité de sa situation initiale et les défis importants à relever pour assurer son bon fonctionnement et sa crédibilité face à des institutions déjà bien établies et puissantes à Metz.
2. Le rôle des trésoriers de France dans la gestion fiscale
L'étude souligne l'importance des trésoriers de France et receveurs des finances dans la gestion de la fiscalité, de la levée à la répartition de l'impôt. Ils jouaient un rôle actif dans la conservation matérielle du domaine et des droits domaniaux, ainsi que dans la gestion de la voirie. Leur implication dans tous les aspects de la gestion fiscale est mise en avant. Le document souligne leur présence omniprésente et leur activité constante dans le système fiscal royal. Bien que confrontés à des difficultés institutionnelles et des critiques, les trésoriers étaient des acteurs essentiels du système de finances de l'Ancien Régime. Leur rôle ne se limitait pas à la simple collecte des impôts ; ils étaient impliqués dans la gestion des actifs royaux, l'entretien des infrastructures et la résolution des conflits liés à la fiscalité. Cette implication substantielle met en perspective l'importance de leur fonction et leur contribution, malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils exerçaient leur métier.
3. La position sociale des officiers des finances et leurs rémunérations
Les officiers des finances occupaient une place sociale privilégiée. Trésoriers de France et receveurs des finances étaient considérés comme appartenant à une classe sociale supérieure, caractérisée par leur richesse matérielle, leur mode de vie et l'importance des dynasties familiales dans l'exercice de leurs charges. Leurs rémunérations, objet de convoitises et de litiges, étaient un point central. L'édit de novembre 1661 garantissait des gages annuels de 2 400 livres, mais ils ne percevaient que 1 800 livres jusqu'au début du XVIIIe siècle, en raison d'un changement des règles comptables (passage de quatre à trois trimestres de travail par an). L'étude explore le mécanisme d'attribution et de distribution de ces gages, en fonction de l'assiduité du personnel. L'analyse du statut social des officiers des finances est primordiale pour comprendre les dynamiques de pouvoir et les enjeux économiques et sociaux au sein du Bureau des Finances. La stabilité relative des gages, malgré le décalage entre la somme fixée et la somme réellement perçue, fournissaient une certaine sécurité financière, contribuant à leur statut social privilégié et alimentant les ambitions et les rivalités entre les membres de cette élite.
II.Les Officiers des Finances Rôle Statut Social et Rémunération
Le Bureau des Finances était dirigé par les officiers des finances, dont le statut social était élevé. Trésoriers de France et receveurs des finances jouissaient d'une rémunération confortable, bien que sujette à litiges. L'édit de novembre 1661 fixait leurs gages annuels à 2 400 livres, mais ils ne percevaient que 1 800 livres jusqu'au début du XVIIIe siècle. Ceux-ci étaient sources de convoitises et de conflits. L'étude examine le mécanisme d'attribution et de distribution de ces gages en fonction de l'assiduité du personnel. Des figures importantes comme Jacques de Baume sont mentionnées pour illustrer le rôle et l'influence de ces officiers.
1. Statut social et richesse des officiers des finances
L'étude se penche sur la classe sociale dominante au sein du Bureau des Finances : les officiers des finances. Présentés comme des individus issus d'un niveau social supérieur, leur statut reposait sur trois piliers : leur richesse matérielle, leur mode de vie et l'importance des dynasties familiales dans l'exercice des charges financières. Cette description souligne l'aspect héréditaire et oligarchique de l'accès à ces positions influentes. Ils émergeaient et se distinguaient des autres officiers de l'administration de la généralité. Leur statut social n'était pas seulement lié à leur fortune personnelle, mais aussi à leur héritage familial et aux réseaux qu'ils tissaient grâce à des mariages stratégiques. L'analyse de leur statut permet de comprendre les enjeux de pouvoir et d'influence qui structuraient le fonctionnement du Bureau des Finances et leur place dans la société de l'Ancien Régime. Des exemples précis de carrières et de familles influentes, comme Jacques de Baume, permettraient une illustration plus détaillée de cette réalité sociale.
2. La rémunération des officiers gages litiges et convoitises
La rémunération des officiers des finances, notamment des trésoriers de France et receveurs des finances, était à la fois une source de litiges et de convoitises. Bien que l'édit de novembre 1661 fixait leurs gages annuels à 2400 livres, assurant une relative stabilité et des revenus confortables, ils ne percevaient en réalité que 1800 livres jusqu'au début du XVIIIe siècle. Cette différence résultait d'un changement des règles comptables : le passage de quatre à trois trimestres de travail annuel. Cet aspect financier est donc au cœur de l'analyse. L'étude souligne l'importance des gages comme facteur de pouvoir et de prestige, mais aussi comme source de conflits. Le mécanisme précis d'attribution et de distribution de ces gages, dépendant de l'assiduité, reste à explorer plus en détail. Cependant, le document met déjà en lumière l'importance de cette question financière dans la compréhension du fonctionnement et des tensions internes au Bureau des Finances. Les différences entre les gages prévus et les gages réellement perçus par les officiers mettent en évidence les complexités de la gestion financière de l'État sous l'Ancien Régime.
III.Le Bureau des Finances Un Centre de l Administration Financière Royale au XVIIIe Siècle
Au XVIIIe siècle, le rôle du Bureau des Finances se renforça considérablement pour devenir le centre de l'administration financière royale. Chargé de la fiscalité royale, il devint incontournable. Malgré des débats historiques sur son rôle (institution en déclin, pierre angulaire de l'administration…), son importance dans la gestion des impôts est indéniable. L'étude de Regnard de Gironcourt appuie l'appartenance du Bureau aux cours souveraines, confirmé par l'édit de juillet 1577 et celui de décembre 1713 par Louis XIV.
1. Évolution du rôle du Bureau des Finances au XVIIIe siècle
Au XVIIIe siècle, le Bureau des Finances, initialement confronté à des difficultés de légitimité, connut une évolution significative de son rôle. Chargé de la fiscalité royale, son influence ne cessa de croître jusqu'à devenir le centre névralgique de l'administration financière royale. Cette transformation est soulignée dans le document. Si des débats historiques persistent quant à son rôle exact (déclin, décadence ou pierre angulaire de l'administration), son importance dans la gestion des finances royales au XVIIIe siècle est indiscutable. Cette évolution témoigne d'une consolidation de son pouvoir et de son influence au sein de l'appareil d'État. Le texte met l'accent sur son rôle central dans la gestion des impôts et des recettes de la couronne, faisant de lui un acteur incontournable de la politique financière royale à cette époque. L'étude de personnages clés comme Jacques de Baume, illustrateur de ce développement, permettrait une meilleure compréhension de la transition et de l’ascension de l’institution.
2. Légitimité du Bureau des Finances et son statut de cour souveraine
Le document explore la question de la légitimité du Bureau des Finances en tant que cour souveraine. Plusieurs décisions royales, notamment celles de Louis XIV, soulignent son appartenance au système des hautes juridictions (Grand conseil, chambres des enquêtes, chambre de tournelle, chambre des comptes, cours des aides, cours des monnaies). Ces décisions visaient à renforcer le statut et les prérogatives du Bureau. L'étude de Regnard de Gironcourt, citée dans le texte, appuie cette appartenance en soulignant la jouissance des mêmes droits et privilèges que les autres cours supérieures. L’édit de juillet 1577 réglementait l'entrée et la séance des trésoriers de France au sein de la chambre des comptes, démontrant la reconnaissance de leur statut par le chef de l'État. L'édit de décembre 1713 de Louis XIV protège le droit des trésoriers et généraux des finances de faire corps avec les officiers de la chambre des comptes, confirmant l'importance de cette intégration institutionnelle. L'ensemble de ces éléments juridiques et institutionnels vise à établir clairement la position du Bureau des Finances au sein du système judiciaire et politique de l'Ancien Régime.
IV.La Capitation et la Gestion des Impôts dans la Généralité de Metz et d Alsace
L'étude analyse la perception de la capitation, un impôt extraordinaire et temporaire de Louis XIV, dans la Généralité de Metz et en Alsace. La mauvaise conservation des registres complique cette analyse. La variation des montants payés entre les différents officiers (parlement, Conseil souverain d'Alsace, Bureau des Finances) et les nombreuses exemptions accordées malgré les difficultés financières du royaume sont analysées. L’impôt était perçu avec difficulté, particulièrement dans les Trois-Évêchés, où de nombreux privilégiés étaient exemptés d'impôts, à Metz, Toul, et Verdun. Le rôle des receveurs particuliers et des trésoriers dans la collecte et la répartition des impôts est examiné.
1. La capitation dans la Généralité de Metz et d Alsace difficultés d étude
L'étude de la capitation, impôt extraordinaire et temporaire voulu par Louis XIV, dans la Généralité de Metz et en Alsace, se heurte à des difficultés. La mauvaise conservation des registres du Bureau des Finances concernant la capitation, et l'absence de mentions de celle-ci dans les états au vrai, rendent l'analyse complexe. Seul un état au vrai mentionnant la capitation en 1747 a été retrouvé. L'analyse est donc rendue possible grâce aux comptes de dépenses et recettes des trésoriers ou receveurs particuliers, ainsi qu'aux rôles de la capitation. L'analyse de ces données fragmentaires permet néanmoins d'observer des variations importantes des montants payés entre les différents corps d'officiers (Bureau des Finances, Parlement, Conseil souverain d'Alsace) et un nombre significatif d'exemptions accordées, malgré la conjoncture financière difficile du royaume. Cette section met en évidence les limites des sources disponibles et les défis méthodologiques liés à l'étude de la capitation dans cette région.
2. Variations fiscales et exemptions inégalités et tensions
L'analyse de la capitation révèle des variations fiscales importantes, non seulement selon les lieux, mais aussi selon les individus. Au XVIIIe siècle, cette disparité s'accentue. A titre d'exemple, les contribuables de la Généralité de Metz payaient 41.018 livres en 1701, tandis que les contribuables du Luxembourg payaient 40.056 livres. La répartition au sein même du Parlement de Metz était elle aussi inégale (ex : La Porte, premier président, 1500 livres; de Moncy, conseiller, 225 livres). De même, les villages du ressort de Toul versaient 22.860 livres (ex : Blenod, 6931 livres; Cyc, 232 livres). Ces inégalités fiscales creusaient des fossés entre les populations et alimentaient le mécontentement. Le document souligne également la persistance d'exemptions accordées à certains privilégiés à Metz, Toul et Verdun, ce qui accentue les injustices perçues par les contribuables et les difficultés pour le Bureau des Finances à assurer une perception équitable de l'impôt. L'impact social et politique de ces inégalités est un aspect crucial de l'étude.
3. Perception de la capitation et mesures royales
Le texte décrit les mesures prises pour la perception de la capitation. Les particuliers étaient mis en demeure de payer leurs taxes, selon les termes fixés par la déclaration royale du 12 mars 1701 et l'arrêt du 9 juin 1711. Les officiers des finances (trésoriers, payeurs des gages, etc.) étaient tenus de percevoir les sommes dues sur les deniers en leur possession appartenant aux redevables. Les supérieurs des communautés étaient également contraints de fournir des déclarations exactes des noms de leurs pensionnaires assujettis à la capitation. Ces mesures soulignent l'effort de la Couronne pour assurer la perception de cet impôt exceptionnel, malgré les difficultés pratiques et les résistances. L’analyse montre l’articulation entre les décisions royales, la pression mise sur les contribuables et la complexité du recouvrement de l'impôt, mis en œuvre par les trésoriers et autres acteurs du Bureau des Finances. L'efficacité de ce dispositif et son impact réel sur le trésor royal restent des points à approfondir.
V.Gestion du Domaine Royal et les Droits Domaniaux
Le Bureau des Finances gérait le domaine royal, tant corporel qu'incorporel. L'étude examine les ventes de terres et seigneuries, y compris celles effectuées par l'Église. Le processus d'aveu et dénombrement est détaillé. La gestion des droits domaniaux, incluant le droit d'aubaine et les exemptions pour les Lorrains, est étudiée. L'impact des traités de frontières (Traités des Pyrénées, Vincennes, Nimègue) sur le domaine royal et l'administration est aussi analysé. Le document mentionne également le rôle des commissaires royaux dans l'évaluation du domaine.
1. Le Domaine Royal Corporel Ventes et Acquisitions
Le Bureau des Finances était responsable de la gestion du domaine royal corporel, comprenant les terres et biens matériels du roi. Le document souligne l'ampleur des ventes de terres et seigneuries royales, avec des exemples précis. Au XVIIIe siècle, les hommes d'Église figuraient parmi les principaux acquéreurs, comme Jean Baptiste Lambert, curé de Margut, qui acheta la moitié de la terre et seigneurie de Margut en 1752. Le roi vendait également des portions de son domaine à des sujets proches de la Cour. Une vente significative est celle du domaine royal de Hayange (Moselle) à Martin Wendel en 1723. La gestion du domaine corporel impliquait donc des transactions régulières, souvent importantes, mettant en lumière la gestion et les transferts de propriété des biens royaux sous l’Ancien Régime. Ces ventes révèlent également des stratégies royales en termes de politique foncière et de liens de patronage avec certains individus.
2. Le Domaine Royal Incorporel Droits et Recettes
Outre le domaine corporel, le Bureau des Finances gérait le domaine incorporel de la couronne, constitué d'un ensemble de droits générant des recettes financières. Ces droits, à l'origine liés directement au domaine royal, évoluèrent progressivement pour devenir des impôts. Le document distingue des droits régaliens (monnayage, amortissement, franc-fief, aubaine) et des droits justiciers (amendes, confiscations, droits de sceau, etc.). Ces droits, de nature féodale à l'origine, se superposèrent progressivement aux droits féodaux perçus par les seigneurs, devenant un instrument d'imposition royale. L’analyse de ces droits incorporels est essentielle pour comprendre les différentes sources de revenus de la couronne et le rôle du Bureau des Finances dans leur gestion et leur perception. Des exemples concrets comme le droit d'amortissement ou le droit d'aubaine illustrent la complexité de ce domaine et son importance dans les finances royales.
3. L aveu et dénombrement procédure et transmission
Le processus de l'aveu et dénombrement, une procédure liée à la gestion du domaine, est décrit. Le document différencie le dénombrement rendu au roi par son vassal direct (vérifié par la cour des comptes et les commissaires royaux) et celui rendu à un seigneur particulier. Le dénombrement est présenté comme une « déclaration ou reconnaissance » dans un contrat censuel. Après établissement de l'acte par le Bureau des Finances, une lecture publique dans les paroisses du fief et devant la justice royale est effectuée, avant transmission à la Chambre des comptes. L'aveu et dénombrement, qui intervient dans les quarante jours suivant la réception de la foi et hommage, est une étape cruciale dans la confirmation des droits domaniaux et leur enregistrement officiel. Ce passage souligne la complexité administrative liée à la gestion du domaine royal et le rôle central du Bureau des Finances dans le processus légal de confirmation des droits et obligations féodaux.
VI.Le Rôle Judiciaire du Bureau des Finances et les Épices
Le Bureau des Finances exerçait aussi des fonctions judiciaires, liées à la confusion des pouvoirs sous l'Ancien Régime. Il gérait les litiges concernant les épices, les rémunérations des magistrats, souvent critiquées par des auteurs comme Rabelais, La Fontaine et Beaumarchais. L'édit de mars 1673 visait à réglementer les épices, mais les abus persistèrent. L'étude analyse les différents arrêts et ordonnances concernant les épices et leur application pratique, avec des exemples spécifiques des procès-verbaux, registres et autres documents d'archives.
1. Le rôle judiciaire du Bureau des Finances confusion des pouvoirs
Le Bureau des Finances, sous l'Ancien Régime, cumulait des attributions administratives, financières et judiciaires. La fonction judiciaire, instituée depuis 1627, était souvent liée aux fonctions administratives et financières, reflétant la confusion des pouvoirs propre à l'époque. Ce cumul des fonctions était courant sous l'Ancien Régime, où les instances judiciaires disposaient de larges pouvoirs, allant au-delà du simple exercice de la justice pour inclure le contrôle des activités de police et une intervention législative (ex : Parlement de Metz). Ceci constitue un véritable contre-pouvoir. Cette imbrication des pouvoirs explique le chevauchement des responsabilités et la complexité de la gestion du Bureau des Finances. Le document souligne la nécessité de considérer l’ensemble de ces fonctions pour comprendre les actions et les décisions du Bureau.
2. Les épices critiques littéraires et réglementations
Le texte aborde la question des épices, les émoluments perçus par les magistrats, sujet de critiques récurrentes dans la littérature. Rabelais, La Fontaine et Beaumarchais, cités dans le document, décrivent les magistrats comme rapaces, cupides et corrompus. Ces critiques violentes remettent en cause la pratique des épices et l'honnêteté des officiers. L’édit de mars 1673, premier texte de loi approfondi sur la question, interdit au juge de prendre d’autres épices que celles taxées par le président, dans le but de prévenir les abus. Cependant, l'édit ne fixe pas de barème précis, ce qui souligne la difficulté de réglementer une pratique déjà bien établie. Christophe Banquie (2001) note que l'uniformité des épices suggère l'existence d'un barème implicite. Malgré l'édit de 1673, des arrêts postérieurs, comme celui du Parlement de Paris, prennent des décisions contraires, illustrant les limites de la réglementation et la complexité de la question. L'analyse des épices est donc centrale pour comprendre les rapports entre la justice, les finances et les tensions sociales sous l’Ancien Régime.
3. Réglementation des épices évolution et limites
L’édit de mars 1673, bien que visant à réglementer les épices, ne fixe pas de barème et se limite à énumérer les cas d'interdiction. Cette approche, visant à prévenir les abus, s'avéra insuffisante. Des ordonnances antérieures (1490, 1563) prévoyaient déjà une taxation modérée en fonction de la difficulté des procès, mais sans barème précis. Le document mentionne l'existence de décisions antérieures à l'édit de 1673, tendant à réglementer les épices, mais sans grande portée pratique. L'absence d'un barème commun et la divergence entre les décisions royales et les pratiques judiciaires soulignent la difficulté de contrôler les épices. Le droit d’épices concernait tous les corps d'officiers, de l’avocat au greffier, soulignant l’importance de ces revenus supplémentaires pour l’ensemble de l’appareil judiciaire. L'étude montre donc la complexité de la question des épices et les limites des tentatives de réglementations sous l'Ancien Régime.