Prévalence de l'Obésité à Marrakech - Thèse de Doctorat

Prévalence de l'Obésité à Marrakech - Thèse de Doctorat

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Langue French
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Taille 3.25 MB
  • obésité
  • santé publique
  • médecine

Résumé

I.Prévalence de l obésité à Marrakech Une étude épidémiologique

Cette étude, menée en 2007 à Marrakech, au Maroc, a examiné la prévalence de l'obésité chez les patients consultant dans les centres de santé de la ville. Avec un échantillon représentatif de 662 sujets de plus de 15 ans (les femmes constituant les quatre cinquièmes de l'échantillon), l'étude a révélé une prévalence globale de l'obésité (IMC ≥ 30) de 21,9%, significativement plus élevée chez les femmes (30,7%). Le surpoids (IMC ≥ 25) concernait 53% de la population. Marrakech, quatrième plus grande ville du Maroc (environ 1 million d'habitants en 2004), présentait en 2006 des indicateurs de soins insuffisants (20262 habitants par établissement de soin de base). L’étude met en évidence l'obésité abdominale comme un facteur de risque majeur, avec 75% des femmes et 31% des hommes dépassant les seuils de risque cardiovasculaire. Des corrélations ont été observées entre l'obésité et des facteurs sociodémographiques comme le niveau d'éducation et le statut professionnel (plus élevé chez les femmes sans emploi).

1. Contexte de l étude à Marrakech

L'étude sur la prévalence de l'obésité a été menée dans les centres de santé de Marrakech, quatrième plus grande ville du Maroc (environ 1 million d'habitants en 2004), située au pied de l'Atlas. Le climat est aride, avec de fortes variations thermiques. L'économie repose sur le tourisme, le commerce et l'artisanat. Malgré cela, l'offre de soins en 2006 était insuffisante : 20 262 habitants par établissement de soins de base (contre 11 895 au niveau national), bien que le ratio habitants/médecin soit légèrement meilleur (1406 contre 1766 au niveau national). Cette situation précaire du système de santé met en lumière l'importance de l'étude pour comprendre les défis liés à l'obésité dans un contexte de ressources limitées. L'étude vise à déterminer les aspects épidémiologiques de l'obésité dans cette ville, une information cruciale pour orienter les politiques de santé publique.

2. Méthodologie de l étude

La méthodologie employée comprenait l'utilisation d'un questionnaire testé au préalable auprès de 7 professionnels de santé (3 médecins et 4 infirmières) dans deux centres de santé différents. L'échantillonnage, effectué au laboratoire d'épidémiologie de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marrakech, a visé une précision de 5% et un niveau de confiance de 95%. La taille de l'échantillon représentatif a été calculée à 384 sujets, sur la base des statistiques de 2005 (439 881 consultations). Dix des vingt-six centres de santé opérationnels de Marrakech ont été sélectionnés aléatoirement à l'aide du logiciel Microsoft Excel 2003. L'enquête, divisée en deux parties, durait environ huit minutes. La première partie concernait l'anamnèse (sexe, âge, niveau d'instruction, profession) et la seconde, une enquête alimentaire menée auprès d'un sous-échantillon de 107 sujets, classés en obèses (IMC ≥ 30) et non-obèses (IMC < 30). Les données sur l'activité physique ont également été collectées, en définissant trois niveaux d'activité : sédentarité, activité régulière et activité irrégulière. Des mesures anthropométriques (poids, taille, tour de taille, pression artérielle) ont complété la collecte de données. Un protocole rigoureux et une supervision régulière des enquêteurs ont été mis en place pour minimiser les biais.

3. Résultats de la prévalence de l obésité

Les résultats, extrapolables à la population des consultants des centres de santé de Marrakech, ont révélé une prévalence globale de l'obésité (IMC ≥ 30) de 21,9%, plus élevée chez les femmes (30,7%). Cette prévalence augmente avec l'âge et est négativement corrélée au niveau d'instruction, étant plus élevée chez les personnes sans emploi. La surcharge pondérale (IMC ≥ 25) concerne 53% de la population. Le tour de taille moyen est de 88 cm, dépassant le seuil de risque cardiovasculaire chez 75% des femmes et 31% des hommes. L'étude a également révélé une prévalence de 10,4% pour le diabète et de 12,4% pour l'hypertension artérielle. Ces données sur la prévalence de l'obésité à Marrakech sont comparées à la prévalence nationale, qui était de 13,3% en 2000, avec un excès pondéral touchant deux Marocains sur cinq. L'étude souligne la différence de prévalence de l’obésité entre les hommes et les femmes, avec une plus grande prévalence chez les femmes, confirmant une tendance observée au niveau national et dans d’autres régions du Maghreb. L’étude note également que la faible représentation des hommes dans l’échantillon pourrait affecter l’extrapolation des résultats à l’ensemble de la population de Marrakech.

II.Facteurs de risque associés à l obésité à Marrakech

L'étude a identifié plusieurs facteurs de risque associés à l'obésité à Marrakech. L'âge et le sexe jouent un rôle significatif, l'obésité étant plus fréquente chez les femmes et augmentant avec l'âge. Le niveau d'instruction est inversement corrélé à la prévalence de l'obésité. Le chômage, et potentiellement le statut de femme au foyer, apparaît comme un facteur de risque. Les changements dans les habitudes alimentaires, avec une augmentation de la consommation de produits animaux et de sucre raffiné, contribuent également à la hausse de la prévalence de l'obésité. Une sédentarité importante, particulièrement chez les femmes au foyer, est également corrélée à un IMC plus élevé.

1. Facteurs sociodémographiques et obésité

L'étude révèle une corrélation significative entre l'obésité et plusieurs facteurs sociodémographiques. Le sexe est un facteur déterminant, l'obésité étant beaucoup plus fréquente chez les femmes (30,7% contre 11,2% chez les hommes dans l'échantillon). Cette différence est cohérente avec les données nationales marocaines (19,1% chez les femmes contre 7,2% chez les hommes), bien que l'échantillon de l'étude présente un taux de surpoids plus élevé chez les hommes. L'âge joue également un rôle, l'obésité augmentant avec l'âge jusqu'à un pic entre 35 et 55 ans, conformément aux observations d'Oppert et d'autres études en Afrique du Sud, Algérie, Tunisie et Bahreïn. Le niveau d'instruction est inversement corrélé à l'obésité ; un faible niveau d'éducation est associé à une plus forte prévalence. Le statut professionnel est également un facteur important : les personnes sans emploi présentent une prévalence d'obésité plus élevée que celles occupant un emploi, bien que l'échantillon étant majoritairement composé de femmes au foyer, ce qui rend l'interprétation complexe. Des études comparatives en France montrent une forte prévalence d'obésité chez les ouvriers, artisans et agriculteurs, ce qui contraste avec les résultats de cette étude à Marrakech où ce sont les personnes sans emploi qui sont les plus touchées. Enfin, le lieu de résidence (nouveaux quartiers plus occidentalisés versus quartiers plus traditionnels) influence également le risque d'obésité.

2. Facteurs liés au mode de vie et à l alimentation

Le mode de vie et les habitudes alimentaires sont des facteurs cruciaux expliquant la prévalence de l'obésité à Marrakech. L'étude met en évidence une forte sédentarité, particulièrement chez les femmes (une sur trois), majoritairement des femmes au foyer. Cette sédentarité est corrélée positivement à l'augmentation de l'IMC. En ce qui concerne l'alimentation, l'étude observe une consommation fréquente de sucreries et de produits laitiers, sans lien significatif avec l'obésité dans l'échantillon. Cependant, les obèses consomment plus de viande et moins de fruits et légumes que les non-obèses. Ces observations concordent avec des recherches récentes montrant une transition alimentaire au Maroc, avec une diminution de la consommation de produits céréaliers au profit de produits animaux (viandes, produits laitiers et œufs), une régression des matières grasses au profit des sucres, et une augmentation de la consommation de sucre raffiné et de sel. Malgré une augmentation des quantités de fruits et légumes consommés, la transition alimentaire a conduit à une augmentation de la prévalence du surpoids et de l'obésité, et à une hausse des maladies chroniques. Les données suggèrent que l'apport énergétique a augmenté considérablement (de 2159,4 kcal/personne/jour en 1965 à 3125 kcal/personne/jour en 2000-2002).

III.Comorbidités et conséquences de l obésité

L'étude a mis en lumière une forte association entre l'obésité et des maladies chroniques. La prévalence du diabète de type 2 était de 10,4% et celle de l'hypertension artérielle de 12,4% dans l'échantillon. Ces résultats soulignent le lien entre l'obésité, le syndrome métabolique, et les maladies cardiovasculaires. L'obésité abdominale, définie par un tour de taille supérieur à 80 cm chez les femmes et 94 cm chez les hommes (critères IDF), est un indicateur particulièrement préoccupant du risque cardiovasculaire.

1. Diabète de type 2 et obésité

L'étude met en évidence une forte corrélation entre l'obésité et le diabète de type 2 (DT2). La prévalence du DT2 dans l'échantillon est de 10,4%, ce qui est significatif. Il est observé que 69,6% des personnes diabétiques présentent une surcharge pondérale, soit un surpoids ou une obésité. Cette forte association confirme le lien connu entre l'obésité et le développement du diabète de type 2. L'obésité, notamment l'obésité abdominale, contribue à l'insulinorésistance, un facteur clé du syndrome métabolique. Ce syndrome associe un morphotype androïde, une insulinorésistance et d'autres facteurs comme l'hypertension artérielle (HTA), la dyslipidémie (perturbations du taux de cholestérol et de triglycérides), une dégradation de la tolérance aux hydrates de carbone, une dysfonction endothéliale et une tendance thrombogène. En France, 75% des diabétiques de type 2 présentent ce syndrome métabolique, et 70% ont un surpoids ou une obésité, des chiffres similaires à ceux observés dans cette étude marocaine. Le lien entre obésité et diabète de type 2 souligne l'importance de la prévention et de la prise en charge de l'obésité pour réduire le risque de développer cette maladie chronique.

2. Hypertension artérielle et obésité

L'hypertension artérielle (HTA) est une autre comorbidité significativement associée à l'obésité dans cette étude. La prévalence de l'HTA dans l'échantillon est de 12,4%, affectant davantage les hommes (16,4%) que les femmes (11,5%). Bien que cette prévalence soit trois fois inférieure à la prévalence nationale (33,6%), elle reste importante, notamment pour une population relativement jeune (âge moyen de 37 ans). Les valeurs moyennes de pression artérielle systolique et diastolique sont inférieures aux moyennes nationales. Cependant, l'étude montre une corrélation significative entre l'augmentation de l'IMC et une hausse des pressions artérielles systolique et diastolique, ainsi qu'une augmentation de la prévalence de l'HTA. Ces résultats confirment les données d'autres études démontrant le lien entre un IMC élevé et la fréquence de l'HTA. L'obésité, en particulier l'obésité abdominale, constitue donc un facteur de risque significatif pour le développement de l'HTA.

3. Autres comorbidités et conséquences

L'étude évoque d'autres comorbidités associées à l'obésité, bien que les données ne soient pas aussi détaillées que pour le diabète et l'hypertension. Les dyslipidémies sont mentionnées, avec une prévalence faible dans l'étude (2,7%) comparée à la prévalence nationale (29% pour l'hypercholestérolémie). Cependant, l'importance de la surcharge pondérale dans l'échantillon laisse supposer une prévalence réelle plus élevée de dyslipidémies. L'étude souligne également l'importance de la recherche de comorbidités dans la prise en charge de l'obésité, mentionnant des affections telles que les maladies coronariennes, l'insuffisance cardiaque, le syndrome d'apnées du sommeil et l'arthrose. Des problèmes dermatologiques liés à la résistance à l'insuline (acanthosis nigricans, acrochordons), à l'hyperandrogénie (acné, hirsutisme), à l'insuffisance veineuse, et d'autres complications sont également mentionnés. L'étude conclut que l'obésité à Marrakech représente un problème de santé publique important en raison de sa prévalence élevée et de son association avec plusieurs maladies chroniques, soulignant la nécessité d'interventions de prévention et de prise en charge.

IV.Méthodes et résultats de l étude sur l obésité

L'étude a utilisé des questionnaires et des mesures anthropométriques (IMC, tour de taille, pression artérielle) pour collecter des données auprès des patients. La taille de l'échantillon, calculée pour une précision de 5% et un niveau de confiance de 95%, était de 384 sujets, basée sur les statistiques de 2005 (439881 consultations). Dix des vingt-six centres de santé opérationnels de Marrakech ont été sélectionnés aléatoirement. L'analyse des données a révélé une forte prévalence de l'obésité et de ses comorbidités, soulignant l'importance de cette problématique de santé publique à Marrakech.

1. Collecte des données et échantillonnage

L'étude a été menée auprès d'un échantillon de 662 sujets de plus de 15 ans consultant dans les centres de santé de Marrakech. Le choix de cet échantillon, représentatif des consultants, a été réalisé à partir d'une population cible de 439 881 consultants en 2005. Pour une précision de 5% et un niveau de confiance de 95%, la taille de l'échantillon a été calculée à 384 sujets, avec un suréchantillonnage résultant en 662 participants. Dix centres de santé sur vingt-six ont été sélectionnés aléatoirement à l'aide de Microsoft Excel 2003. La collecte des données a été effectuée à l'aide d'un questionnaire (annexe 1) testé préalablement par une équipe de 7 professionnels de santé. Ce questionnaire comportait deux parties: une anamnèse (sexe, âge, niveau d'instruction, profession) et une enquête alimentaire (réalisée auprès d'un sous-échantillon de 107 sujets, comparant les habitudes alimentaires d'individus obèses et non-obèses). Les données sur l'activité physique ont été collectées en utilisant une classification en trois niveaux (sédentarité, activité régulière, activité irrégulière). Des mesures anthropométriques (IMC, tour de taille, pression artérielle) ont également été réalisées. La méthode de collecte de données impliquait 10 équipes d'enquêteurs (médecins et infirmières) formées sur l'utilisation du questionnaire et les protocoles de mesure anthropométrique, minimisant ainsi les biais de mesure interindividuels. Une note conjointe du Ministère de la Santé et du SIAAP de Marrakech a encouragé la participation du personnel médical et paramédical.

2. Analyse des résultats et interprétation

L'analyse des données a révélé une prévalence globale de l'obésité (IMC ≥ 30) de 21,9%, significativement plus élevée chez les femmes (30,7%). La prévalence augmente avec l'âge et est inversement corrélée au niveau d'instruction, étant plus forte chez les personnes sans emploi. La surcharge pondérale (IMC ≥ 25) affecte 53% de l'échantillon. Le tour de taille moyen (88 cm) dépasse les seuils de risque cardiovasculaire chez 75% des femmes et 31% des hommes. Les résultats montrent également une prévalence de 10,4% pour le diabète et de 12,4% pour l'hypertension artérielle. Bien que les résultats soient extrapolables à la population des consultants des centres de santé, ils ne sont pas directement extrapolables à la population générale de Marrakech en raison d'une représentation disproportionnée des femmes et d'une sous-représentation des hommes dans l'échantillon. L'étude souligne la nécessité de méthodes plus exhaustives pour évaluer l'activité physique afin de confirmer les observations préliminaires. Malgré des taux de dyslipidémie et d'hypercholestérolémie inférieurs aux prévalences nationales, l'importance de la surcharge pondérale suggère une prévalence potentiellement plus élevée. L'étude note que la consommation de sucreries et de produits laitiers est fréquente, tandis que les obèses semblent consommer plus de viande et moins de fruits et légumes.