Thèse sur la Délivrance Dirigée et Hémorragie de la Délivrance

Thèse sur la Délivrance Dirigée et Hémorragie de la Délivrance

Informations sur le document

Auteur

Mme. Atika Raja

instructor/editor M. H. Abbassi (Professeur de Gynécologie-Obstétrique)
École

Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie Marrakech

Spécialité Médecine
Lieu Marrakech
Type de document thèse
Langue French
Format | PDF
Taille 649.86 KB
  • Délivrance dirigée
  • Hémorragie
  • Ocytocine

Résumé

I.L Hémorragie du Post partum HPP au Maroc Une Étude sur l efficacité de l ocytocine

Cette étude prospective, menée au CHU Ibn Sina de Rabat, Maroc, vise à évaluer l'efficacité de la prise en charge active du troisième stade du travail (AMTSL) par ocytocine dans la prévention de l'hémorragie du post-partum (HPP), une cause majeure de mortalité maternelle. L'étude a inclus 463 femmes accouchant par voie basse, dont 226 ont reçu 5 UI d'ocytocine (délivrance dirigée) et 237 ont bénéficié d'une délivrance naturelle. Les paramètres étudiés comprenaient les pertes sanguines, la durée de la délivrance et la présence d'un délivre incomplet ou de rétention placentaire. Le taux de mortalité maternelle au Maroc, selon l'enquête sur la population et la santé familiale, est de 227 pour 100 000 naissances (267 en milieu rural, 187 en milieu urbain).

1.1 Situation de la mortalité maternelle au Maroc

Le document introduit le contexte marocain en présentant des données alarmantes sur la mortalité maternelle. Selon une enquête nationale sur la population et la santé familiale, le taux de mortalité maternelle s'élève à 227 décès pour 100 000 naissances. Cette statistique est plus élevée en milieu rural (267 décès pour 100 000 naissances) qu'en milieu urbain (187 décès pour 100 000 naissances). Cette information sert à souligner l'importance de la problématique de l'hémorragie post-partum, principal sujet de l'étude. Le document rappelle également l'objectif manqué de l'OMS de réduire de trois quarts la mortalité maternelle entre 2003 et 2015, soulignant le retard considérable du Maroc par rapport aux objectifs internationaux. La comparaison avec les pays développés, où le taux est de 51 décès pour 100 000 naissances, accentue le contraste et la nécessité d'actions correctives au Maroc. L'hémorragie de la délivrance est identifiée comme la principale cause de ces décès maternels, avec plus de 25% des décès attribués à cette complication. Le caractère évitable de 80% de ces décès met en lumière le potentiel d'intervention pour réduire significativement ce taux de mortalité.

1.2 Définition et causes de l hémorragie du post partum HPP

L'hémorragie du post-partum (HPP) est définie comme un saignement post-accouchement supérieur à 500 ml, provenant de la zone d'insertion placentaire et survenant dans les 24 heures suivant l'accouchement. L'atonie utérine est identifiée comme la principale cause de l'HPP. Le document mentionne que des revues systématiques de la littérature ont démontré l'efficacité de la délivrance dirigée, notamment par l'administration d'agents utérotoniques durant le troisième stade du travail, pour réduire significativement l'incidence de l'HPP. Cette pratique, courante dans les pays développés, reste malheureusement déficitaire dans les pays en voie de développement, dont le Maroc, ce qui justifie la recherche menée. L'étude se place donc dans un contexte de besoin urgent d'améliorer les pratiques obstétricales pour réduire la morbidité et la mortalité maternelle liées à l'HPP au Maroc. L'impact de cette situation sur la santé publique marocaine est considérable, mettant en exergue l'importance de trouver des solutions efficaces et accessibles pour la population.

1.3 Méthodologie de l étude groupes et variables

L'étude a recruté 463 femmes, prévues pour un accouchement par voie basse. Ces femmes ont été divisées en deux groupes : un groupe témoin de 237 femmes ayant bénéficié d'une délivrance naturelle et un groupe expérimental de 226 femmes ayant reçu une délivrance dirigée avec 5 UI d'ocytocine. L'ocytocine a été administrée selon trois voies différentes : intramusculaire (IM), intraveineuse directe (IVD) et perfusion accélérée en flash. Le moment de l'administration de l'ocytocine a également été variable : à la sortie de l'épaule antérieure, à la sortie totale du fœtus ou tardivement. Les données collectées incluent les pertes sanguines de la délivrance, le délai de la délivrance et l'état du délivre (complet ou incomplet). L'étude précise que la randomisation n'était pas idéale du fait du déroulement de l'étude dans le cadre du fonctionnement normal de la maternité, cependant les groupes sont statistiquement homogènes concernant les données démographiques, les événements du travail et les données concernant le nouveau-né. Cette méthodologie permet d'analyser l'impact de la délivrance dirigée à l'ocytocine sur plusieurs paramètres clés liés à l'HPP.

1.4 Analyse des résultats préliminaires et revue de la littérature

Plusieurs analyses ont été effectuées, notamment l'étude du délai de délivrance en fonction de la voie d'administration de l'ocytocine, l'état du délivre en fonction du moment de l'injection d'ocytocine, et l'importance du saignement en fonction du moment de l'administration d'ocytocine. Les résultats préliminaires montrent une association significative entre l'administration tardive de l'ocytocine et une augmentation de la rétention placentaire et d'hémorragies sévères. À l'inverse, l'administration à la sortie de l'épaule antérieure semble minimiser ces risques. Une analyse comparative avec la littérature scientifique est présentée, soulignant la variabilité des résultats concernant l'influence du moment et de la voie d'administration de l'ocytocine sur l'incidence de l'HPP et de la rétention placentaire. Certaines études citées montrent une réduction significative de l'HPP avec l'ocytocine, tandis que d'autres mettent en avant une augmentation non significative du risque de complications. Ces différences sont analysées en fonction des protocoles et des doses utilisés. L'analyse des coûts est également abordée, mettant en évidence le faible coût de l'ocytocine par rapport aux coûts importants liés à la gestion d'une hémorragie post-partum sévère. L’étude souligne la nécessité de déterminer le protocole optimal pour l'utilisation de l'ocytocine afin de maximiser son efficacité et de minimiser les risques.

II.Résultats de l étude sur l ocytocine et la prévention de l HPP

L'administration d'ocytocine a entraîné une réduction significative de l'HPP (modérée et sévère) et une diminution du délai de délivrance (7,91 ± 4,34 minutes vs 15,59 ± 7,43 minutes, p << 0,05). Cependant, l'augmentation du risque de rétention placentaire n'était pas statistiquement significative. Les résultats confirment l'efficacité de l'ocytocine dans la réduction de l'HPP, comparables à la littérature existante. L'étude suggère que l'administration intramusculaire d'ocytocine à la sortie de l'épaule antérieure du fœtus serait la méthode optimale.

2.1 Impact de l ocytocine sur l hémorragie du post partum HPP

L'étude a démontré que l'utilisation d'ocytocine dans la gestion active du troisième stade du travail a significativement réduit l'incidence de l'hémorragie du post-partum. Plus précisément, une réduction de 50% du taux d'hémorragie post-partum modérée a été observée dans le groupe ayant reçu 5 UI d'ocytocine comparativement au groupe contrôle. De même, une diminution significative de 45,45% des hémorragies sévères a été constatée dans le groupe traité à l'ocytocine. Ces résultats confirment l'efficacité de l'ocytocine comme agent utérotonique dans la prévention des hémorragies post-partum. L'étude souligne la cohérence de ces résultats avec ceux de la littérature scientifique, renforçant la validité de ses conclusions. Malgré cette efficacité avérée, le document met en lumière des variations dans les résultats rapportés par différentes études, notamment quant au risque de rétention placentaire et au moment optimal d'administration de l'ocytocine. Ceci souligne la complexité de la question et la nécessité de poursuivre les recherches pour affiner les protocoles d'administration.

2.2 Effet de l ocytocine sur le délai de la délivrance

L'administration d'ocytocine a eu un impact significatif sur le délai de la délivrance. Le groupe ayant reçu de l'ocytocine a présenté un délai de délivrance hautement significativement plus court (7,91 ± 4,34 minutes) par rapport au groupe contrôle (15,59 ± 7,43 minutes, p << 0,05). Ce raccourcissement du délai est cohérent avec l'effet utérotonique de l'ocytocine, qui favorise la contraction de l'utérus et l'expulsion du placenta. Ce résultat renforce l'argument en faveur de l'utilisation de l'ocytocine dans la gestion active du troisième stade du travail pour prévenir les complications liées à un délai de délivrance prolongé. La réduction du délai de délivrance contribue à limiter la durée d'exposition au risque d'hémorragie, ce qui est un facteur crucial dans la prévention de l'HPP. Néanmoins, l'étude reconnaît l'existence de variations dans la littérature concernant l'impact du moment et de la voie d'administration de l'ocytocine sur le délai de délivrance.

2.3 Incidence de la rétention placentaire

L'étude a également analysé l'incidence de la rétention placentaire en lien avec l'administration d'ocytocine. Les résultats ont montré une augmentation non significative de la rétention placentaire dans le groupe traité à l'ocytocine (8% versus 4% dans le groupe contrôle). Cette observation, bien que non statistiquement significative, souligne la nécessité d'une surveillance attentive de ce paramètre lors de l'utilisation de l'ocytocine. La variabilité des résultats sur ce point dans la littérature est soulignée, indiquant la nécessité de recherches complémentaires pour mieux comprendre la relation entre l'administration d'ocytocine et le risque de rétention placentaire. L'étude précise que le moment et la voie d'administration de l'ocytocine pourraient influencer ce risque, justifiant une analyse plus approfondie de ces facteurs. La conclusion souligne l'efficacité globale de l'ocytocine dans la prévention de l'HPP, tout en reconnaissant les nuances relatives à l'incidence de la rétention placentaire.

2.4 Meilleur moment et voie d administration de l ocytocine

L'étude suggère que l'administration d'ocytocine à la sortie de l'épaule antérieure du fœtus est le moment optimal, car cela minimise l'incidence des complications telles que l'hémorragie sévère et la rétention placentaire. La voie intramusculaire est également identifiée comme la voie d'administration la plus efficace dans cette étude. Cependant, l'étude reconnaît la variabilité des résultats dans la littérature scientifique sur le moment et la voie d'administration idéale de l'ocytocine, soulignant ainsi la nécessité de poursuivre les recherches sur ce sujet crucial pour optimiser la prévention de l'HPP. En conclusion, si l'étude apporte des éléments de réponse concrets quant aux meilleurs pratiques en matière d'administration de l'ocytocine, elle souligne également le besoin de plus amples recherches pour confirmer et affiner ces recommandations. Le contexte marocain, avec ses ressources limitées, implique des choix pragmatiques pour une application large à l'échelle du pays.

III.Comparaison avec d autres utérotoniques et considérations économiques

L'étude a également abordé l'utilisation d'autres utérotociques, notamment le misoprostol et le carbétocin. Bien que des études aient montré une efficacité variable de ces alternatives par rapport à l'ocytocine, le carbétocin semble prometteur, avec une durée d'action prolongée. L'aspect économique a été pris en compte : le coût du traitement à l'ocytocine est faible (7,8 dirhams), comparé au coût élevé de la prise en charge d'une HPP sévère (2071,81 dirhams). Ceci renforce l'argument en faveur de l'utilisation systématique de la délivrance dirigée à l'ocytocine au Maroc.

3.1 Comparaison de l ocytocine avec d autres utérotoniques

La section explore l'efficacité de l'ocytocine en la comparant à d'autres utérotoniques utilisés dans la prévention de l'hémorragie post-partum. Des études mentionnées dans le document révèlent des résultats variables concernant l'efficacité du misoprostol. Une étude canadienne a montré que le misoprostol oral (400µg) était aussi efficace que 10 UI d'ocytocine chez les femmes à faible risque, mais avec une plus forte incidence de frissons. D'autres études ont rapporté des résultats contradictoires sur l'efficacité du misoprostol sublingual, certains montrant une réduction des hémorragies sévères tandis que d'autres n'ont pas démontré d'efficacité. Une étude multicentrique de l'OMS a conclu que 10 UI d'ocytocine étaient préférables au misoprostol dans les hôpitaux disposant des ressources nécessaires. Le carbétocin, un analogue synthétique de l'ocytocine avec une durée d'action plus longue, est présenté comme une alternative potentielle. Des essais randomisés ont montré une efficacité similaire à celle de la syntométrine, avec un risque moindre d'hypertension artérielle, mais à un coût plus élevé. La section souligne donc l'efficacité de l'ocytocine, tout en reconnaissant le potentiel d'autres utérotoniques et la nécessité de peser les bénéfices et les coûts de chaque option.

3.2 Considérations économiques

L'aspect économique de la prévention de l'hémorragie post-partum est abordé, soulignant l'importance de la faisabilité et de l'accessibilité des traitements dans le contexte marocain. Le coût du médicament et du matériel d'injection d'ocytocine est estimé à 7,8 dirhams, comparativement à un coût total de 15,4 dirhams pour la prise en charge des trois phases de l'accouchement (travail, délivrance et post-partum). Le coût du post-partum représente la plus grande part des dépenses (ratio de 1,75). Le coût total de la prise en charge d'une hémorragie grave de la délivrance, avec transfusion, est estimé à 2071,81 dirhams pour une durée moyenne de séjour de 4 jours. Cette comparaison souligne le caractère économique de l'utilisation de l'ocytocine pour la prévention de l'HPP, étant donné son faible coût et la réduction substantielle des coûts liés à la gestion des complications. L'étude met l'accent sur l'importance de prendre en considération les aspects économiques dans la mise en œuvre de stratégies de prévention de l'hémorragie post-partum au Maroc, sachant que l'efficacité seule ne suffit pas pour généraliser l'utilisation d'un traitement.

IV.Conclusion et recommandations

En conclusion, la délivrance dirigée par ocytocine est une intervention efficace, faisable, accessible et économique pour la prévention de l'HPP au Maroc. L'étude recommande la mise en place d'une pratique systématique de l'AMTSL avec ocytocine, préconisant une administration intramusculaire à la sortie de l'épaule antérieure du fœtus pour optimiser l'efficacité et minimiser les risques de complications. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer le moment et la voie d'administration idéale et pour explorer plus en profondeur le rôle d'autres utérotociques comme le carbétocin.

4.1 Conclusion sur l efficacité de la délivrance dirigée par ocytocine

L'étude conclut à l'efficacité de la délivrance dirigée par ocytocine dans la prévention de l'hémorragie post-partum. Les résultats montrent une réduction significative de l'HPP, tant modérée que sévère, ainsi qu'une diminution significative du délai de délivrance. Ces résultats sont comparables à ceux de la littérature, confirmant l'efficacité de cette méthode. Cependant, l'étude souligne une certaine variabilité dans les résultats des études concernant le risque de rétention placentaire, le moment et la voie d'administration optimale de l'ocytocine. Malgré cette variabilité, l'efficacité globale de la méthode est confirmée, rendant la délivrance dirigée une approche prometteuse pour la réduction de l'HPP. L'étude insiste sur le fait que l'efficacité seule ne suffit pas pour la généralisation d'une pratique médicale, et que des considérations économiques sont également cruciales, particulièrement dans un contexte comme celui du Maroc.

4.2 Recommandations pour la pratique clinique

Basée sur les résultats de l'étude et les données de la littérature, la recherche recommande la mise en place d'une pratique systématique de la délivrance dirigée par ocytocine. L'étude propose l'administration de l'ocytocine à la sortie de l'épaule antérieure comme le moment optimal pour l'injection, et la voie intramusculaire comme la voie la plus efficace. Ces recommandations sont justifiées par les résultats démontrant une réduction significative de l'HPP et du délai de délivrance avec ce protocole. Cependant, la conclusion souligne la nécessité de recherches supplémentaires pour affiner le protocole optimal d'administration, notamment en ce qui concerne le risque de rétention placentaire. L'étude insiste sur la nécessité de tenir compte des ressources limitées des pays en développement et de l'importance des considérations économiques dans l'adoption de nouvelles pratiques de santé.

Référence du document

  • communiqué de presse commun OMS/UNICEF/FUNAP/Banque Mondiale