Thèse sur la Péritonite par Perforation d'Ulcère Gastro-Duodénal

Thèse sur la Péritonite par Perforation d'Ulcère Gastro-Duodénal

Informations sur le document

Auteur

Mlle Bouchra El Hamidi

instructor/editor Mr. A. El Idrissi Dafali, Professeur de Chirurgie Générale
École

Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie Marrakech

Spécialité Médecine
Type de document Thèse
Année de publication 2007
Lieu Marrakech
Langue French
Nombre de pages 183
Format | PDF
Taille 1.90 MB
  • Chirurgie
  • Gastro-entérologie
  • Perforation d'ulcère

Résumé

I.Diagnostic et Épidémiologie de la Perforation Ulcéreuse Gastro duodénale

Cette étude porte sur la perforation ulcéreuse gastro-duodénale, une urgence médico-chirurgicale nécessitant une prise en charge multidisciplinaire. Le diagnostic repose sur la douleur épigastrique brutale, la contracture abdominale et la présence d’un pneumopéritoine (visible à l’ASP ou à l’échographie). L'étude a inclus 247 patients (242 hommes et 5 femmes), d'âge moyen 37,1 ans. Le tabagisme était le facteur prédisposant le plus fréquent (61,1%). 13,4% des patients avaient des antécédents d'ulcère connu, et 38,1% rapportaient des épigastralgies périodiques. L'ulcère duodénal était le siège le plus fréquent de la perforation (94,74%).

1. Présentation Clinique et Épidémiologie de la Perforation Ulcéreuse Gastro duodénale

La perforation ulcéreuse gastro-duodénale est une urgence chirurgicale se manifestant par une douleur épigastrique brutale. Le diagnostic clinique est souvent facilité par la présence d'une contracture abdominale et d'une douleur au niveau du cul-de-sac de Douglas. La confirmation diagnostique repose sur la mise en évidence d'un pneumopéritoine à l'examen radiologique simple (ASP) ou, à défaut, par échographie montrant un épanchement péritonéal. L'étude a porté sur 247 patients (242 hommes et 5 femmes), avec un âge moyen de 37,1 ans. Le tabagisme est identifié comme le facteur de risque prédominant (61,1%), surpassant les autres facteurs de risque étudiés. Un historique d'ulcère était présent chez 13,4% des patients, tandis que 38,1% décrivaient des épigastralgies périodiques dans leurs antécédents. La majorité des patients présentaient un tableau clinique typique de péritonite par perforation ulcéreuse, avec un pneumopéritoine constaté dans 61,54% des cas. Il est important de souligner que l'ulcère duodénal était le siège le plus fréquent de la perforation (94,74%), un élément clé pour la prise en charge thérapeutique. Tous les patients ont été traités par laparotomie.

2. Antécédents des Patients et Facteurs de Risque

L'analyse des antécédents des patients révèle des informations cruciales sur les facteurs de risque associés à la perforation ulcéreuse gastro-duodénale. 33 patients (13,4%) présentaient un ulcère connu et documenté, évoluant en moyenne depuis 6 ans. Parmi eux, 22 avaient suivi un traitement anti-ulcéreux, mais la majorité présentait un suivi irrégulier, soulignant l'importance de l'observance thérapeutique. De plus, 94 patients (38,1%) rapportaient des épigastralgies périodiques sans exploration radiologique ni endoscopique préalable, indiquant un diagnostic retardé dans une proportion significative de cas. L’étude explore l'étiologie multifactorielle de la maladie, mettant en lumière le rôle de Helicobacter pylori (HP) en tant qu'agent infectieux, mais aussi l'impact des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). D’autres facteurs aggravants comme le tabagisme (61,1% des patients dans cette série, contre 80 à 86% dans les études internationales) et le stress sont également considérés. L’étude note que la consommation d'alcool ne semble pas corrélée à la survenue de la maladie, contrairement à ce que suggèrent les observations sur le tabac. Le jeûne, notamment pendant le Ramadan, est mentionné comme un facteur aggravant selon des données épidémiologiques de la Fondation Hassan II, augmentant le risque de perforation chez les patients porteurs d'un ulcère gastro-duodénal. Enfin, l'influence des facteurs psychologiques, bien que moins marquée dans la survenue initiale de l'ulcère, est reconnue dans l'aggravation de la maladie et la survenue de complications.

3. Diagnostic Imagerie de la Perforation Ulcéreuse

Le diagnostic de la perforation ulcéreuse gastro-duodénale repose sur des examens cliniques et d'imagerie. L'examen abdominal révèle souvent une contracture abdominale marquée, décrite comme un « ventre de bois », caractérisée par une tension pariétale dure, tonique, permanente et douloureuse. La présence d'un pneumopéritoine est un signe clé confirmé par la radiographie simple de l'abdomen (ASP). Cependant, de petits pneumopéritoines peuvent passer inaperçus à la radiographie et nécessitent l'imagerie plus précise, telle que le scanner thoracique et abdominal (TDM). La TDM permet également de localiser précisément le siège de la perforation. Dans le cas d'une perforation duodénale, l'air digestif se localise souvent en moulant le duodénum ou dans l'espace pararénal antérieur. Pour une perforation gastrique ou bulbaire, l'air se retrouve principalement dans l'arrière-cavité des épiploons. L'examen par coelioscopie, de plus en plus utilisé en urgence, est mentionné comme une technique offrant des avantages diagnostiques et thérapeutiques. L’échographie peut aussi être utilisée comme outil complémentaire dans le diagnostic. Dans certains cas, les signes sémiologiques peuvent être similaires à ceux des coliques hépatiques, nécessitant un diagnostic différentiel par bilan hépatique et échographie, avec la recherche notamment du signe de Murphy pour confirmer ou infirmer ce diagnostic.

II.Traitement Chirurgical de la Perforation Ulcéreuse

Le traitement chirurgical de la perforation ulcéreuse est un défi. Dans cette étude, tous les patients ont été traités par laparotomie. Les techniques chirurgicales employées comprenaient principalement la bivagotomie tronculaire associée à la pyloroplastie (82,6%) et la suture simple (15%). La suture simple, moins fréquemment utilisée, est réservée aux patients présentant des comorbidités ou des difficultés chirurgicales. Le traitement non opératoire (méthode de Taylor) est peu utilisé en raison de la nécessité d'une fermeture immédiate de la perforation. L'éradication de Helicobacter pylori est un aspect crucial du traitement.

1. Approche Chirurgicale et Techniques Employées

Le traitement chirurgical de la perforation ulcéreuse est abordé par laparotomie dans tous les cas de cette étude. La principale technique chirurgicale utilisée était la bivagotomie tronculaire associée à la pyloroplastie (82,6% des cas). Cette intervention vise à réduire la sécrétion acide gastrique et à améliorer la motricité gastrique. La suture simple de la perforation, combinée à une toilette péritonéale, a été utilisée dans seulement 15% des cas. Cette approche plus conservatrice est réservée aux patients présentant des facteurs de comorbidité empêchant une intervention plus longue ou en cas de difficultés techniques. L'étude souligne que les approches chirurgicales varient selon les contextes : dans les pays occidentaux, on privilégie souvent la suture simple et la toilette péritonéale, tandis que dans les pays en développement, le traitement simultané de la perforation et de la maladie ulcéreuse est plus fréquent. La décision thérapeutique est donc influencée par des facteurs contextuels et l'état du patient. L’éradication de Helicobacter pylori est mentionnée comme une composante importante du traitement chirurgical optimal. D'autres techniques chirurgicales plus invasives, comme la gastrectomie, sont évoquées mais leur mise en œuvre est conditionnée par des facteurs de gravité, de mortalité et d'accès aux soins.

2. Traitement Non Opératoire Méthode de Taylor et Limites

Le document mentionne une alternative thérapeutique, le traitement conservateur selon la méthode de Taylor. Cependant, cette approche non chirurgicale, basée sur l'obturation spontanée de la perforation par les organes voisins (50% des cas selon Donovan), est rarement utilisée. La préférence pour les traitements chirurgicaux s'explique par leur capacité à assurer une fermeture immédiate et sûre de la perforation, limitant ainsi les risques de complications. Malgré l'introduction des inhibiteurs de la pompe à protons, le traitement chirurgical reste privilégié pour son efficacité et sa rapidité d'action. Cette méthode non chirurgicale est donc présentée comme une alternative limitée, réservée à des cas très spécifiques et justifiant un suivi rigoureux. Une antibiothérapie à large spectre est systématiquement prescrite dans le but de prévenir les complications infectieuses, avec une association de bêta-lactamines, gentamicine et imidazolés, ou éventuellement du métronidazole. Le traitement antibiotique sera adapté en fonction de l'antibiogramme pour une efficacité optimale. L'exploration de la cavité péritonéale, comprenant la toilette péritonéale, fait partie intégrante de la prise en charge chirurgicale.

3. Facteurs Influençant le Choix Thérapeutique et Résultats

Le choix du traitement chirurgical dépend de nombreux facteurs. La suture simple, bien que moins invasive, est réservée à certains patients, notamment ceux présentant des facteurs de comorbidité qui ne permettent pas de prolonger l'acte opératoire (choc septique, instabilité hémodynamique). L'étude souligne les défis liés à l'application des protocoles occidentaux dans des contextes où l'accès aux soins et au suivi médical est limité. La plupart des patients n'ont pas accès à des cures anti-ulcéreuses complètes ni à un suivi régulier, ce qui influence le choix thérapeutique. Dans ce contexte, la laparotomie, bien qu'exposant à des risques de complications (infections pariétales, éventrations, adhérences postopératoires), reste l’approche chirurgicale majoritairement utilisée pour la prise en charge de la perforation ulcéreuse. L'étude rapporte des suites postopératoires simples pour la plupart des patients (93,5%), mais aussi des complications telles que 8 péritonites postopératoires (3,2%) et 11 éventrations (4,45%). Le taux de récidive était de 4%, soulignant la nécessité d'une surveillance post-opératoire attentive et d'un traitement adapté pour prévenir les rechutes.

III.Suites Postopératoires et Résultats

Les suites postopératoires immédiates étaient simples pour 93,5% des patients. Des complications postopératoires ont été observées, notamment 8 péritonites (3,2%) et 11 éventrations (4,45%). Le taux de récidive était de 4%. Le contexte socio-économique influence le choix thérapeutique, la suture simple étant plus fréquente dans ce contexte en raison de difficultés d'accès aux soins et à un suivi médical adéquat après une intervention plus lourde comme la gastrectomie.

1. Résultats Postopératoires Immédiats

Les suites postopératoires immédiates de la chirurgie pour perforation ulcéreuse gastro-duodénale ont été globalement favorables. Sur un total de 247 patients, 231 (93,5%) ont présenté des suites postopératoires simples, indiquant un taux de succès élevé de l'intervention chirurgicale. Cette donnée met en avant l’efficacité des techniques chirurgicales utilisées pour traiter la perforation. Cependant, il est important de noter que ces résultats positifs ne doivent pas occulter la gravité de la pathologie et la nécessité d'une prise en charge rapide et adéquate. L’analyse des résultats souligne l’importance de la prise en charge multidisciplinaire pour optimiser la gestion de cette urgence médico-chirurgicale.

2. Complications Postopératoires

Malgré le succès global de l'intervention chirurgicale, des complications postopératoires ont été observées chez une minorité de patients. L'étude a rapporté 8 cas de péritonites postopératoires (3,2%) et 11 cas d’éventrations (4,45%). Ces complications, bien que moins fréquentes, mettent en évidence les risques associés à la laparotomie et soulignent l'importance d'une surveillance postopératoire rigoureuse. La survenue de ces complications peut être liée à plusieurs facteurs, y compris la gravité initiale de la perforation, la technique chirurgicale employée, et la présence de facteurs de risque préopératoires. Une analyse plus approfondie pourrait être nécessaire pour identifier les facteurs de risque spécifiques associés à ces complications postopératoires.

3. Taux de Récidive et Considérations sur le Contexte Socio économique

Le taux de récidive de la perforation ulcéreuse après chirurgie était de 4% dans cette étude. Ce chiffre, bien que relativement faible, souligne l'importance d'un suivi à long terme des patients pour détecter et gérer d'éventuelles récidives. L'étude met en perspective les résultats obtenus dans un contexte socio-économique spécifique. En effet, l'application du schéma thérapeutique optimal, tel que pratiqué dans les pays occidentaux, est limitée par les difficultés d'accès aux soins et au suivi médical adéquat dans la population étudiée. La majorité des patients n'ayant pas de couverture sociale, la réalisation de traitements complexes et d'un suivi régulier est difficile. Ce facteur contextuel explique le recours plus fréquent à la suture simple, une intervention moins lourde et plus accessible dans ce contexte. L'analyse des résultats prend donc en compte les limites imposées par les ressources disponibles et le contexte social.

IV.Facteurs de Risque et Étiologie

L'étiologie de la perforation ulcéreuse gastro-duodénale est multifactorielle. Outre le tabagisme, l'infection à Helicobacter pylori, la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), le stress et le jeûne sont des facteurs contributifs. L'ancienneté de la maladie ulcéreuse est un facteur de risque important de perforation. L'influence de la consommation chronique d'alcool n'a pas été confirmée par cette étude.

1. Rôle de Helicobacter pylori et des AINS

L’étiologie de l’ulcère gastro-duodénal perforé est multifactorielle. L’étude souligne le rôle de Helicobacter pylori (HP) comme facteur infectieux majeur, impliqué dans 47 à 96% des cas de perforation selon la littérature. L'infection à HP n'a pas été systématiquement évaluée dans cette étude car les biopsies antrales n'ont pas été réalisées. Par ailleurs, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont identifiés comme facteurs non infectieux contribuant à la survenue d’ulcères et, par conséquent, à leur perforation. La présence d'une infection à HP est un facteur clé dans le développement des récidives de la maladie ulcéreuse et influence les stratégies thérapeutiques. La prise en compte de ce facteur infectieux est importante dans la prise en charge globale du patient.

2. Autres Facteurs de Risque Tabagisme Alcool Stress et Jeûne

Au-delà de HP et des AINS, d’autres facteurs augmentent la morbidité et le risque de perforation ulcéreuse. Le tabagisme est le facteur prédisposant le plus fréquent dans cette étude (61,1%), un taux significativement inférieur aux données internationales (80-86%). La consommation d'alcool ne semble pas corrélée à la survenue de la perforation selon les données de la littérature et l'étude. Le stress est mentionné comme un facteur contribuant à l'évolution de la maladie et à la survenue de complications graves, y compris la perforation, illustré par des situations de stress intense comme les périodes de guerre. Le jeûne, et notamment le jeûne prolongé du Ramadan, est mis en avant comme un facteur augmentant le risque de perforation, en raison de l'hyperacidité gastrique prolongée qu'il provoque (jusqu'à 6 semaines après le Ramadan selon une étude de la Fondation Hassan II). L'ancienneté de la maladie ulcéreuse est un facteur déterminant : plus l'ulcère est ancien (deux ans ou plus pour la majorité des patients dans l'étude), plus le risque de perforation est élevé.

3. Anciennete de la Maladie et Localisation de l Ulcère

L'ancienneté de la maladie ulcéreuse est un facteur de risque majeur de perforation, son risque augmentant avec le temps. Dans cette série, la plupart des patients présentaient un ulcère ancien, de plus de deux ans. La localisation de l'ulcère influence également la stratégie thérapeutique. Les ulcères haut situés sur la petite courbure et ceux du versant postérieur sont plus difficiles à traiter chirurgicalement. L'infiltration et la friabilité des parois gastriques au pourtour de l'ulcère constituent aussi des facteurs qui peuvent rendre la suture simple plus difficile et moins fiable. Le siège le plus fréquent de la perforation était l’ulcère duodénal (94,74%), un élément pertinent à considérer dans la prise en charge thérapeutique. Cette information est cruciale pour adapter le choix thérapeutique et prévoir les éventuelles difficultés chirurgicales.