
Thèse sur l'Accouchement du Siège sur Uterus Cicatriciel
Informations sur le document
Auteur | Mme. Hind Magueri |
École | Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie Marrakech |
Spécialité | Médecine |
Type de document | Thèse |
Lieu | Marrakech |
Langue | French |
Format | |
Taille | 693.59 KB |
- Médecine
- Gynécologie
- Obstétrique
Résumé
I.Épidémiologie de la présentation du siège après césarienne antérieure
La présentation du siège après une césarienne antérieure est rare (0,3%), mais sa fréquence augmente avec le recours plus fréquent à la césarienne. Une étude récente montre que l'utérus cicatriciel double le risque de présentation du siège. L'étude, menée au CHU Mohammed VI de Marrakech entre janvier 2005 et juin 2007, a porté sur 42 patientes.
1. Fréquence et évolution de la présentation du siège après césarienne
La présentation du siège après une césarienne antérieure est un événement relativement rare, représentant seulement 0,3% des accouchements. Cependant, le texte souligne que cette fréquence est en augmentation, directement corrélée à l'accroissement du nombre de césariennes réalisées. Une étude mentionnée dans le document (F. Vendittilli et al.) indique même que la présence d'un utérus cicatriciel multiplie par deux le risque de présentation du siège. Ce constat met en lumière un enjeu de santé publique important, car il implique une augmentation des situations à risque nécessitant une prise de décision obstétricale complexe quant au mode d'accouchement. L'augmentation du taux de césariennes, notamment en France (passage de 45,6% à 52,3% entre 2005 pour les césariennes prophylactiques en cas de présentation du siège et de 16,3% à 19,2% pour le taux global de césariennes) illustre la tendance actuelle. Le texte souligne ensuite le caractère potentiellement dystocique de l'accouchement du siège sur utérus cicatriciel ainsi qu'une morbidité et une mortalité périnatale quatre fois plus élevées que la population générale. Il est précisé que la crainte de rupture utérine justifie une approche prudente.
2. Approches obstétricales et controverses entourant le mode d accouchement
Le mode d'accouchement optimal en cas de présentation du siège à terme est sujet à controverse. Les recommandations de la FIGO de 1994 permettaient l'accouchement par voie basse sous certaines conditions, tandis que le CNGOF reconnaissait le manque de données pour justifier une césarienne systématique. Cependant, l'étude de Hannah et al. (2000) a préconisé la césarienne prophylactique, une approche interventionniste qui, selon le texte, n'a pas permis de réduire significativement la mortalité et la morbidité périnatales. Malgré l'augmentation du taux de césariennes dans de nombreux pays (multiplié par 4 à 8 en dix ans), il est mentionné que le foetus en siège sur utérus cicatriciel représente un cas à risque. Le texte souligne par la suite que l'accouchement du siège sur utérus cicatriciel est une situation difficile pour l'équipe obstétricale, en raison du risque de dystocie et d'une morbidité et mortalité périnatale accrue. Cependant, il est aussi observé que certaines patientes ont accouché par voie basse sans complications, ouvrant la voie à une approche plus nuancée.
3. Version par manœuvre externe VME et son efficacité
Le document mentionne la version par manœuvre externe (VME) comme une option pour modifier la présentation du siège avant l'accouchement. Des études (De Meeus et al., Flamm) ont montré l'efficacité et la sécurité de la VME chez les femmes ayant subi une césarienne antérieure avec une cicatrice utérine transversale basse, sous réserve du respect de certains critères (évaluation du poids fœtal, examen clinique du bassin, indications claires de la césarienne antérieure). De Meeus a observé un succès de 66% pour la VME et 76% des versions réussies ont mené à un accouchement vaginal après césarienne. Flamm a rapporté un taux de succès de 82% pour la VME ante partum chez 56 patientes ayant déjà subi une ou plusieurs césariennes avec 65% accouchant par voie basse suite à une version réussie. Une méta-analyse de Zhang confirme les bénéfices de la VME en termes de coût-efficacité et de réduction de la morbidité néonatale et du taux de césariennes. L'absence de contre-indication de la VME par la SOGC en cas d'utérus cicatriciel et de présentation du siège est également mentionnée. Des conditions spécifiques pour réaliser une VME sont listées.
II. voie basse
L'attitude obstétricale face à une présentation du siège sur utérus cicatriciel est controversée. Traditionnellement, une césarienne systématique était recommandée. Cependant, cette étude explore la faisabilité et la sécurité de l'épreuve du travail (ou tentative d'accouchement par voie basse). Sur 42 patientes, 12 (28,6%) ont accouché par voie basse et 30 (71,4%) par césarienne. Aucun incident maternel n'a été rapporté, et l'état néonatal était similaire dans les deux groupes.
1. La controverse autour de la césarienne systématique versus l accouchement par voie basse
La gestion de la présentation du siège sur utérus cicatriciel est un sujet de débat important en obstétrique. Historiquement, la césarienne systématique était la pratique courante. Cependant, cette approche est remise en question dans le document, qui explore la possibilité d'un accouchement par voie basse comme alternative. L'étude cite les recommandations de la FIGO (1994) autorisant l'accouchement vaginal sous certaines conditions, ainsi que la position du CNGOF qui, faute de données suffisantes, ne recommandait pas la césarienne systématique. L'essai randomisé de Hannah et al. (2000) a pourtant préconisé la césarienne prophylactique, une approche interventionniste dont l'efficacité en termes de réduction de la mortalité et de la morbidité périnatales est remise en doute par l'étude actuelle. Le texte souligne l'augmentation significative du taux de césariennes au cours des dix dernières années, soulignant le caractère problématique de ce phénomène en matière de santé publique.
2. Résultats de l étude sur le mode d accouchement
L'étude rétrospective menée au CHU Mohammed VI de Marrakech (janvier 2005 - juin 2007) a inclus 42 patientes avec présentation du siège sur utérus cicatriciel. L'objectif principal était de déterminer si l'épreuve du travail (tentative d'accouchement par voie basse) était une option viable par rapport à la césarienne systématique. Les résultats montrent que 28,6% des patientes (12 sur 42) ont accouché par voie basse, tandis que 71,4% (30 sur 42) ont eu une césarienne. Il est crucial de noter que dans cette étude, aucun incident maternel n'a été rapporté et l'état néonatal des enfants était similaire dans les deux groupes. Ces données suggèrent que l'épreuve du travail pourrait être envisagée chez certaines patientes, ouvrant la voie à une approche moins interventionniste. Une analyse multivariée a été réalisée pour identifier les facteurs influençant la décision obstétricale, et une régression logistique a permis de modéliser ces facteurs.
3. Analyse des données et perspectives
L'étude conclut que l'épreuve du travail semble acceptable chez les patientes avec présentation du siège sur utérus cicatriciel, mais souligne l'importance d'une sélection rigoureuse des candidates. Cette sélection doit tenir compte de facteurs pronostiques déterminants qui seront détaillés dans les sections suivantes. L'absence d'incidents maternels dans le groupe ayant accouché par voie basse, couplée à des résultats néonatals similaires au groupe de césariennes, soutient cette approche. Cependant, le texte précise que la voie basse offre potentiellement un meilleur pronostic à long terme. Globalement, l'étude invite à repenser l'approche systématique de la césarienne et à privilégier une évaluation individuelle des patientes pour un choix du mode d'accouchement optimisant la sécurité materno-fœtale. La recherche de facteurs pronostiques précis est essentielle pour affiner cette stratégie.
III.Facteurs pronostiques influençant le choix du mode d accouchement
Plusieurs facteurs pronostiques influencent la décision obstétricale : l'âge maternel (âge maternel inférieur à 32,9 ans plus favorable à la voie basse), la multiparité (facteur de mauvais pronostic), le délai intergénésique (délai plus long plus favorable), la macrosomie fœtale, et la nature de la cicatrice (cicatrices corporéales plus risquées). L'analyse multivariée a identifié ces facteurs associés à la réussite ou à l'échec de la voie basse.
1. Âge maternel comme facteur pronostique
L'âge maternel est identifié comme un facteur influençant le choix du mode d'accouchement. L'étude a constaté que les femmes ayant accouché par voie basse avaient un âge moyen inférieur à celui des femmes ayant subi une césarienne (OR = 2,5, p = 0,008). Un âge maternel inférieur à 32,9 ans semble favorable à l'épreuve du travail, tandis qu'un âge supérieur ou égal à 35 ans est associé à un taux d'échec plus élevé. Des études antérieures, notamment celle de Shipp et al., corroborent ces résultats en montrant un lien entre l'âge maternel (≥30 ans) et un risque accru de rupture utérine (1,4% vs 0,5% pour les moins de 30 ans, OR 3,2). Maillet et Benifla ont également conclu qu'un âge maternel supérieur à 35 ans est défavorable à l'accouchement par voie basse dans le cas d'une présentation du siège. Cette observation souligne l'importance de considérer l'âge maternel comme un facteur pronostique crucial dans la prise de décision obstétricale.
2. Antécédents obstétricaux et influence sur la réussite de l épreuve du travail
Les antécédents obstétricaux jouent un rôle significatif dans la probabilité de succès de l'épreuve du travail. Des études (Smith, George) montrent que les femmes ayant déjà eu un ou plusieurs accouchements par voie basse présentent un taux de réussite supérieur à celles n'ayant jamais accouché par voie basse. Ce succès est particulièrement marqué lorsque l'accouchement vaginal précède la césarienne, témoignant d'un bassin perméable et d'une cicatrice utérine solide. Cependant, d'autres auteurs signalent un risque accru de rupture utérine avec une cicatrice intercalaire amincie. L’étude actuelle confirme une probabilité 3,3 fois plus importante de réussite de l’épreuve utérine pour les femmes ayant déjà accouché par voie basse. L’impact du rang de la césarienne est également mis en évidence : plus le rang est antérieur, plus les chances de réussite sont importantes. Le taux de réussite est particulièrement élevé (75,2%) chez les femmes ayant subi une césarienne précédente pour dystocie à dilatation complète. A noter qu’à l'exception de rares cas où l’indication de césarienne primaire persiste, aucune indication antérieure de césarienne n’est une contre-indication à l’épreuve du travail.
3. Nature de la cicatrice et multiparité
La nature de la cicatrice utérine est un facteur déterminant. Les cicatrices corporéales sont considérées comme fragiles et augmentent le risque de rupture utérine, rendant la césarienne prophylactique nécessaire lors des grossesses ultérieures. La multiparité est également un facteur de risque, augmentant la probabilité de rupture utérine. De nombreux auteurs suggèrent que la multiparité fragilise la cicatrice, prédisposant ainsi à l'échec de l'épreuve du travail. Ce risque est amplifié en cas de présentation du siège et d'utérus cicatriciel, car la multiparité est souvent associée à des accouchements prématurés, à la procidence du cordon et à des anomalies de la dilatation. L'étude souligne que la multiparité est un facteur de mauvais pronostic pour l'épreuve utérine (72,2% de césariennes chez les multipares vs 27,8% par voie basse). Le délai intergénésique est également important: un délai court (<18 mois) augmente le risque de rupture utérine, tandis qu'un délai plus long le diminue. L'étude note un délai intergénésique moyen de 42 mois, favorable à l'accouchement par voie basse.
4. Autres facteurs pronostiques Macrosomie fœtale mode de présentation et poids de naissance
La macrosomie fœtale augmente le risque de dystocie des épaules, un traumatisme obstétrical potentiellement grave. Cependant, en l'absence d'autres facteurs de risque (diabète maternel), une simple suspicion de macrosomie ne justifie pas systématiquement une césarienne. Le mode de présentation du siège (complété ou incomplet) n'a pas, selon cette étude, influencé le mode d'accouchement. Le poids de naissance est un facteur étudié par d'autres recherches (Zelop et al., Elkousy et al.). Zelop a trouvé un faible lien entre le poids de naissance (>4000g) et la rupture utérine, alors qu’Elkousy a montré un risque significativement plus élevé de rupture utérine chez les femmes dont le poids de naissance était supérieur à 4000g et n'ayant jamais accouché par voie basse. Dans cette étude, le diamètre bipariétal (BIP) et la longueur du fémur (LF) étaient associés à la décision obstétricale, des valeurs élevées augmentant le risque d'échec de l'épreuve utérine.
IV.Résultats et conclusions
L'étude suggère que l'épreuve du travail est une alternative acceptable à la césarienne systématique pour les patientes présentant une présentation du siège sur utérus cicatriciel, à condition d'une sélection rigoureuse des candidates en fonction des facteurs pronostiques identifiés. L'accouchement par voie basse peut avoir un meilleur pronostic à long terme, mais une surveillance attentive est essentielle pour minimiser les risques de morbidité et de mortalité périnatale. L'étude souligne la nécessité d'une meilleure connaissance des antécédents obstétricaux pour optimiser la prise en charge.
1. Résultats de l étude menée au CHU Mohammed VI de Marrakech
L'étude rétrospective, réalisée au CHU Mohammed VI de Marrakech entre janvier 2005 et juin 2007, a porté sur 42 patientes présentant une présentation du siège après une césarienne antérieure. L'objectif était d'évaluer la faisabilité et la sécurité de l'épreuve du travail comme alternative à la césarienne systématique. Parmi les 42 patientes, 12 (28,6%) ont accouché par voie basse, tandis que 30 (71,4%) ont subi une césarienne. Il est important de souligner l'absence d'incidents maternels rapportés dans l'étude, et le fait que l'état néonatal des nouveau-nés était comparable entre les deux groupes d'accouchement. Ces résultats suggèrent que, sous certaines conditions et après une sélection rigoureuse des patientes, l'épreuve du travail pourrait être envisagée comme une option valable pour ces grossesses à haut risque. L'étude met en lumière l'importance d'identifier les facteurs pronostiques permettant d'optimiser le choix du mode d'accouchement.
2. Comparaison avec la littérature et conclusions
Les résultats de cette étude sont comparés à ceux de la littérature existante. L'analyse permet de dégager des conclusions importantes: à court terme, l'accouchement par voie basse en présence d'un utérus cicatriciel présente un pronostic materno-fœtal similaire à celui d'une césarienne programmée. Cependant, la voie basse pourrait offrir un meilleur pronostic à long terme. Pour améliorer le pronostic materno-fœtal global, il est recommandé de ne pas systématiquement exclure la tentative d'accouchement par voie basse, mais plutôt d'affiner la sélection des patientes candidates à l'épreuve du travail, en se basant sur les facteurs pronostiques identifiés. L'étude souligne la nécessité d'une meilleure sélection des patientes pour optimiser les chances de succès de l'accouchement par voie basse et de réduire le recours à la césarienne, tout en assurant la sécurité maternelle et fœtale. La connaissance approfondie des antécédents obstétricaux et gynécologiques des parturientes s'avère primordiale.
3. Facteurs de risque et recommandations
L'étude identifie plusieurs facteurs de risque associés à l'échec de l'épreuve du travail et qui doivent guider la décision obstétricale. Parmi ceux-ci, on retrouve un âge maternel élevé, l'obésité, la multiparité, un court délai intergénésique et la macrosomie fœtale. Ces données soulignent la nécessité d'une approche personnalisée et d'une évaluation minutieuse de chaque cas avant de décider du mode d'accouchement. Une meilleure sélection des candidates à l'épreuve du travail permettrait de diminuer le taux de césariennes et de leurs complications associées, tout en préservant la sécurité de la mère et de l'enfant. L’étude recommande une meilleure collecte et une meilleure prise en compte des antécédents gynécologiques et obstétricaux dans le suivi des patientes ayant déjà subi une césarienne.