Thèse sur l'Épidémiologie des Cas de Traumatologie-Orthopédie au CHU Mohammed VI de Marrakech

Thèse sur l'Épidémiologie des Cas de Traumatologie-Orthopédie au CHU Mohammed VI de Marrakech

Informations sur le document

Langue French
Format | PDF
Taille 2.30 MB
  • Épidémiologie
  • Traumatologie
  • Médecine

Résumé

I.Épidémiologie des cas de traumatologie orthopédique au CHU Mohammed VI de Marrakech

Cette étude épidémiologique, réalisée en 2006 au CHU Mohammed VI de Marrakech, dans la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz, analyse la fréquence des lésions traumatiques et non traumatiques en traumatologie orthopédique. L'étude met en évidence une prédominance significative des pathologies traumatiques (71,83%), affectant principalement les jeunes hommes de moins de 44 ans. Les accidents de la voie publique constituent l'étiologie principale (81,04%), suivis des chutes (10,87%). Les fractures des membres inférieurs, notamment des jambes, sont les lésions les plus fréquentes. Pour les membres supérieurs, les fractures de l'avant-bras sont dominantes. L'étude souligne également l'importance des luxations, notamment de l'épaule. Les résultats sont comparés, en l'absence d'études complètes à l'échelle nationale, à ceux d'autres hôpitaux du royaume (Hôpital régional de Beni-Mellal, centre hospitalier de Tétouan et hôpital Ghassani de Fès).

1. Objectifs de l étude et contexte de la traumatologie

L'étude vise à fournir des données statistiques précises sur la traumatologie au CHU Mohammed VI de Marrakech afin de proposer des actions de prévention et d'optimisation des ressources. L'augmentation des cas de traumatologie orthopédique est liée à la croissance démographique, au développement industriel et à l'accroissement du trafic routier. La région connait une intensité accrue de cas graves et complexes. L'objectif est double : mettre en place un plan de prévention efficace et anticiper les besoins en ressources pour une prise en charge optimale des patients, notamment en cas d'urgence. Le document souligne l'importance croissante de la traumatologie en chirurgie, insistant sur la nécessité d'une meilleure allocation des ressources pour répondre à la demande.

2. Analyse des données épidémiologiques année 2006

L'étude porte sur les données de l'année 2006. Les accidents de la voie publique sont la première cause de traumatismes (81,04%), suivis des chutes (10,87%). La pathologie traumatique représente 71,83% de l'activité globale du service, touchant majoritairement les jeunes hommes de moins de 44 ans. Les fractures des membres inférieurs sont plus nombreuses que celles des membres supérieurs. Les fractures de jambe sont plus fréquentes que celles du fémur ou de l'avant-bras. Pour les luxations, l'épaule est l'articulation la plus touchée. L'étude note un pic d'hospitalisation en été, probablement lié aux vacances, et un autre en fin d'année, peut-être en lien avec les pluies et l'augmentation des accidents de la voie publique. Ces données révèlent un impact socio-professionnel important pour les patients.

3. Types de lésions et traitements

L'analyse détaille les différentes lésions traumatiques, notamment les fractures et les luxations. Concernant les fractures du pied, le traitement orthopédique (réduction et immobilisation plâtrée ou traitement fonctionnel) est privilégié. Pour les fractures ouvertes, une intervention chirurgicale en urgence est nécessaire, incluant un lavage, l'ablation des débris et des corps étrangers, et une fixation osseuse. Le traitement des fractures de l'avant-bras est légèrement plus chirurgical qu'orthopédique. 68 cas de luxations ont été recensés, représentant 5,14% des lésions traumatiques. Ce nombre est probablement sous-estimé car de nombreuses luxations sont traitées en externe. L'étude présente des tableaux détaillés des lésions, par mois, indiquant le nombre total de cas, la répartition par région anatomique (pied, cheville, jambe, rotule, cuisse, cotyle), l'âge, le sexe, le milieu (urbain ou rural), l'étiologie et le traitement.

4. Comparaison des résultats et contraintes du service

Une comparaison avec des hôpitaux de référence au Maroc (Beni-Mellal, Tétouan, Fès) est effectuée, mettant en évidence des similitudes concernant les pics d'hospitalisation saisonniers. Cependant, l'étude souligne un manque de données statistiques précises à l'échelle nationale. De nombreuses contraintes affectent le bon fonctionnement du service : encombrement, manque de lits, d'équipements, de blocs opératoires et de personnel; mauvaises conditions de travail; absence d'unité de traumato-réanimation; défaillance de la prise en charge pré-hospitalière; médiocrité de l'accueil aux urgences; problèmes administratifs allongeant le séjour hospitalier; et problèmes d'archivage. L'étude mentionne un constat dressé par Arnold en 1960 : « trop souvent on dégage un blessé, on transporte un agonique et on hospitalise un mort » soulignant l'importance d'une prise en charge efficace et rapide.

5. Conclusion et recommandations

L'étude conclut que la pathologie traumatique représente une part importante de l'activité du service de traumatologie orthopédique du CHU Mohammed VI de Marrakech. Elle touche principalement les jeunes hommes. Plusieurs recommandations sont formulées pour améliorer la situation, notamment le renforcement du personnel qualifié et des équipements performants. Il est également essentiel d'améliorer la prise en charge pré-hospitalière, l'accueil aux urgences, et de résoudre les problèmes administratifs afin d'optimiser les ressources et d'améliorer les soins. L'étude souligne la nécessité de promouvoir une éducation routière pour réduire le nombre d'accidents de la voie publique, première cause des traumatismes.

II.Analyse des Lésions Traumatiques Fractures et Luxations

L'analyse détaille les types de fractures et de luxations, leur fréquence, l'âge et le sexe des patients, ainsi que les traitements (orthopédique et chirurgical) appliqués. Les fractures du pied sont traitées principalement par des méthodes orthopédiques (réduction + immobilisation plâtrée ou traitement fonctionnel). Pour les fractures ouvertes, un lavage et une intervention chirurgicale sont nécessaires. L'étude a recensé 68 cas de luxations, représentant 5,14% des lésions traumatiques. Ces chiffres pourraient être sous-estimés car certaines luxations ont été traitées en externe.

1. Fractures Types Traitements et Fréquence

L'étude analyse les fractures, distinguant les fractures du pied, de la jambe, du fémur et de l'avant-bras. Pour les fractures du pied, le traitement orthopédique est majoritairement utilisé: réduction du foyer fracturaire suivie d'une immobilisation par botte plâtrée (30-45 jours avec appui immédiat autorisé) ou un traitement fonctionnel par syndactylisation. En cas de fracture ouverte, un lavage soigneux avec une solution antiseptique ou de l'eau stérile et du savon précède une intervention chirurgicale pour enlever les débris et les corps étrangers, exciser les tissus nécrosés, et effectuer un lavage des extrémités osseuses avant la fixation. Pour les fractures de l'avant-bras, l'étude note 112 cas, soit 6,07% des lésions, et un recours légèrement plus fréquent à la chirurgie qu'à l'orthopédie. Dans certains cas de fractures déplacées, un traitement orthopédique par traction manuelle axillaire sur le poignet proximal suivi d'un bandage thoraco-brachial a été utilisé. Dans d'autres cas, une intervention chirurgicale avec plaque vissée a été nécessaire.

2. Luxations Fréquence Localisation et Prise en Charge

L'étude a identifié 68 cas de luxations, soit 5,14% des lésions traumatiques, avec une moyenne mensuelle de 5,66 cas. Ce chiffre est probablement sous-estimé car de nombreuses luxations ont été traitées en urgence ou en externe. L'analyse précise que l'épaule est l'articulation la plus fréquemment touchée par les luxations. La définition d'une luxation est rappelée : déplacement permanent ou temporaire de deux surfaces articulaires ayant perdu, plus ou moins complètement, leurs rapports normaux. Malgré l'absence de détails sur les protocoles de traitement spécifiques pour les luxations, il est clair que, comme pour les fractures, la prise en charge pouvait inclure des interventions en urgence ou en bloc opératoire, suggérant des approches variées en fonction de la gravité et de la localisation de la luxation.

III.Contraintes et Améliorations du Service de Traumatologie Orthopédique

L'étude identifie plusieurs contraintes affectant le service de traumatologie orthopédique du CHU Mohammed VI. Ces contraintes incluent : un encombrement important, une capacité litière insuffisante, un manque de blocs opératoires et d'équipements, un manque de personnel soignant et des conditions de travail difficiles, l'absence d'unité de traumato-réanimation, une prise en charge pré-hospitalière défaillante, des problèmes administratifs prolongeant le séjour des patients, et des difficultés d'archivage. L'amélioration du niveau de santé de la population nécessite un renforcement du personnel qualifié, du matériel performant et une meilleure gestion des ressources sanitaires. Le modèle européen de SAMU-SMR est proposé comme exemple d'amélioration de la prise en charge pré-hospitalière.

1. Contraintes internes au service de traumatologie orthopédique

L'étude révèle plusieurs contraintes internes affectant le service de traumatologie orthopédique. On observe un encombrement important dû à une insuffisance de la capacité litière et un nombre insuffisant de blocs opératoires. Le plateau technique souffre d'une insuffisance quantitative et qualitative, impactant directement la qualité des soins. Le manque de personnel soignant, médical et paramédical, est une autre contrainte majeure, aggravée par de mauvaises conditions de travail et un climat social défavorable. L'absence d'une unité de traumato-réanimation est également mise en évidence comme un facteur limitant la prise en charge optimale des patients. Ces différents points contribuent à un fonctionnement sous-optimal du service, compromettant l'efficacité de la prise en charge des patients et mettant en lumière la nécessité d'un renforcement significatif des ressources internes.

2. Contraintes externes et défaillances de la prise en charge

Outre les contraintes internes, l'étude identifie des défaillances externes impactant négativement le service. La prise en charge pré-hospitalière est défaillante, engendrant des retards et des difficultés dans la prise en charge initiale des patients. La médiocrité de l'accueil au niveau du service des urgences, due à des problèmes internes à ce service, est également soulignée. L'insuffisance de la capacité litière du service de réanimation chirurgicale et le retard dans la réalisation des examens complémentaires, notamment pour la population la plus démunie, sont des obstacles supplémentaires à une prise en charge efficace et rapide. Ces contraintes externes, combinées aux problèmes internes, mettent en lumière la complexité du système et la nécessité d'une approche globale pour améliorer la prise en charge des patients traumatisés. La citation d'Arnold (« trop souvent on dégage un blessé, on transporte un agonique et on hospitalise un mort ») illustre parfaitement les conséquences de ces défaillances.

3. Recommandations pour l amélioration du service

Pour améliorer le niveau de santé de la population et le fonctionnement du service de traumatologie orthopédique, l'étude recommande de résoudre les problèmes liés au personnel et aux équipements. Il est crucial d'augmenter le nombre de personnel qualifié (médical et paramédical) et de moderniser les équipements, afin de garantir une prise en charge adéquate des patients. L'amélioration de l'infrastructure et des ressources est également essentielle pour réduire l'encombrement et les délais de traitement. La mise en place d'une unité de traumato-réanimation permettrait une meilleure prise en charge des cas les plus graves. En outre, l'étude met l'accent sur l'importance d'améliorer la prise en charge pré-hospitalière et l'accueil aux urgences. Enfin, l'étude suggère implicitement la nécessité de faire face aux problèmes administratifs qui entravent le bon déroulement des soins et allongent le séjour hospitalier.

IV.Contexte Régional et Infrastructure Sanitaire de Marrakech Tensift Al Haouz

Le document fournit un bref aperçu de la région Marrakech-Tensift-Al Haouz, son économie (tourisme, industrie), son infrastructure (réseau routier, équipements scolaires et sanitaires), et sa démographie. Le CHU Mohammed VI de Marrakech dessert une population de plus de 7 millions d'habitants de plusieurs régions. L'hôpital Ibn Tofail, intégré au CHU Mohammed VI en 2002, est décrit, soulignant son histoire et ses installations. La région présente des inégalités d'accès aux soins, notamment en milieu rural, aggravées par les difficultés de transport liées à la géographie et à l'état des routes.

1. Description de la région Marrakech Tensift Al Haouz

La région Marrakech-Tensift-Al Haouz est présentée comme l'une des 16 régions du Maroc, créée suite à la loi n°47/96 et au décret n°2-97-246 du 17 août 1997. Son économie repose notamment sur le secteur touristique, disposant d'une capacité hôtelière représentant 18% du total national, ainsi que sur un secteur secondaire, principalement industriel (agro-alimentaire, textile-cuir, cimenterie), générant 16 400 emplois permanents (4% du total national) et un chiffre d'affaires de 5 700 millions de dirhams (3,7% du total national). Son patrimoine culturel et historique est également mis en avant, citant notamment le parc du Toubkal et la ville d'Essaouira. L'Université Cadi Ayyad et le secteur de l'enseignement supérieur privé contribuent au développement de la région. Le taux d'alphabétisation est de 32,9% pour la population d'au moins 10 ans, contre 55% au niveau national. Le réseau routier s'étend sur 4 921 km, mais nécessite des améliorations, notamment en milieu rural et montagneux.

2. Infrastructure et équipements sanitaires

La région dispose d'équipements sanitaires relativement bien dotés, malgré une forte concentration dans la ville de Marrakech. Ce déséquilibre spatial entraîne des déplacements importants de la population, notamment rurale, pour accéder aux soins. Le CHU Mohammed VI de Marrakech dessert une population de plus de 7 millions d'habitants, couvrant plusieurs régions (Marrakech-Tensift-Al Haouz, Souss-Massa-Darâa, Guelmim-Smara, Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, Oued Eddahab-Lagouira, et partiellement Doukala-Abda et Tadla-Azilal). L'hôpital Ibn Tofail, situé à Guéliz (Marrakech), est mentionné. Créé en 1938 par les autorités coloniales françaises, il est devenu un hôpital régional en 1995 (gestion SEGMA) puis un hôpital universitaire du CHU Mohammed VI en 2002. Son infrastructure est décrite, avec deux départements construits en 1938 et 1980, mettant en évidence des disparités d'accès aux soins entre zones urbaines et rurales et des besoins en améliorations des infrastructures routières.