Thèse sur les aspects thérapeutiques de la grossesse extra-utérine

Thèse sur les aspects thérapeutiques de la grossesse extra-utérine

Informations sur le document

Auteur

Amal Elyounsi

École

Université Cadi Ayyad, Faculté de Médecine et de Pharmacie Marrakech

Spécialité Médecine
Lieu Marrakech
Type de document Thèse
Langue French
Format | PDF
Taille 703.12 KB
  • Grossesse extra-utérine
  • Médecine
  • Chirurgie

Résumé

I.Facteurs de Risque de la Grossesse Extra Utérine GEU

Cette étude rétrospective, menée au CHU Mohamed IV de Marrakech entre 2005 et 2008 sur 138 cas de grossesse extra-utérine (GEU), a analysé les principaux facteurs de risque. L'âge maternel avancé, les infections sexuellement transmissibles (IST), notamment les infections à Chlamydia trachomatis, et les salpingites sont identifiés comme des facteurs augmentant significativement le risque de GEU. L'utilisation de la micropilule progestative et les antécédents de chirurgie abdomino-pelvienne sont également associés à un risque accru. Le tabagisme, avec une relation dose-effet, représente un autre facteur de risque important. Dans cette étude, l'incidence des IST et salpingites était de 11,6%, reflétant potentiellement un diagnostic tardif dans le contexte marocain.

1. Âge Maternel

L'âge maternel avancé est identifié comme un facteur de risque majeur de grossesse extra-utérine (GEU). Plusieurs auteurs soulignent cette corrélation, expliquée par une plus longue exposition aux facteurs de risque tels que les infections sexuellement transmissibles (IST) au cours de la vie reproductive. De plus, le vieillissement tubaire lui-même semble contribuer à l'augmentation du risque de GEU chez les femmes plus âgées. L'étude ne précise pas de données chiffrées sur la répartition des âges dans sa cohorte de 138 patientes, mais l'analyse des facteurs de risque met clairement en avant l'importance de cet élément dans la survenue de la GEU. Il est crucial de prendre en compte cet aspect lors de l'évaluation du risque individuel de GEU chez les femmes en âge de procréer, surtout celles ayant dépassé une certaine limite d'âge, même si cette limite n’est pas précisée dans le document. La prise en charge et la surveillance doivent être adaptées en fonction de ce facteur de risque avéré.

2. Salpingites et Infections Sexuellement Transmissibles IST

Les salpingites et les infections sexuellement transmissibles (IST), en particulier les infections à Chlamydia trachomatis, sont des facteurs de risque importants pour la grossesse extra-utérine (GEU). Ces infections provoquent un processus inflammatoire chronique qui altère la fonction tubaire, affectant la captation et le transport de l'œuf. Des études ont démontré que le risque de GEU est multiplié par 2 à 8 après une infection. Les mécanismes impliqués incluent la soudure des franges ampullaires, la déciliation, l'épaississement de la paroi tubaire et l'élargissement de la lumière tubaire. L'étude met en lumière le rôle causal des infections génitales, comme le démontre la diminution de l'incidence de GEU en Suède après des campagnes de prévention ciblant les infections à Chlamydia. Dans l'étude marocaine, le taux de salpingites et d'IST était de 11,6%, soulignant une possible méconnaissance et un retard diagnostique de ces affections dans ce contexte.

3. Contraception Orale et Chirurgie Abdomino Pelvienne

L'utilisation de la micropilule progestative est associée à une augmentation du risque relatif de grossesse extra-utérine (GEU) d'environ 10%. Ceci serait dû à une atteinte des trompes sans inhibition de l'ovulation, car la micropilule agit principalement sur la glaire cervicale, l'endomètre et le péristaltisme tubaire, mais pas sur l'ovulation. Par ailleurs, la chirurgie abdomino-pelvienne est considérée comme un facteur de risque non négligeable en raison des adhérences qu'elle peut causer. Un retard de migration de l'œuf est observé après chirurgie tubaire, avec une fréquence de GEU variant de 3 à 10% selon les études. L'étude n'a pas identifié de cas liés à la chirurgie abdomino-pelvienne dans sa série, mais cela ne peut exclure son implication compte tenu du contexte endémique au Maroc. D'autres facteurs comme la tuberculose génitale et le tabagisme (avec une relation dose-effet) sont aussi mentionnés comme augmentant le risque de GEU.

4. Tabagisme

Le tabagisme est clairement identifié comme un facteur de risque important de grossesse extra-utérine (GEU). Des études ont mis en évidence une relation dose-effet entre la consommation de tabac et le risque de GEU. Le risque de GEU est triplé à partir d'une consommation d'un paquet de cigarettes par jour, et le risque de récidive est multiplié par 1,7 pour une consommation supérieure à un paquet par jour. Cette relation est attribuée à la toxicité de la nicotine sur les trompes et à son action anti-œstrogénique, diminuant le péristaltisme tubaire. L'étude menée entre 2005 et 2008 ne fournit pas de données précises sur le nombre de fumeuses parmi les 138 patientes, mais le document souligne l'importance de prendre en compte le tabagisme dans l'évaluation du risque de GEU. La prise en charge globale des patientes doit tenir compte de ce facteur de risque significatif et une prise en charge du sevrage tabagique serait souhaitable.

II.Diagnostic de la Grossesse Extra Utérine GEU

Le diagnostic de GEU repose sur plusieurs éléments: le dosage de la β-HCG, l'échographie (endovaginale et sus-pubienne), et parfois la cœlioscopie. L'aménorrhée (retard de règles) est un symptôme fréquent (présent dans 100% des cas de cette étude). L'échographie permet de visualiser l'absence de sac gestationnel intra-utérin et peut révéler une masse annexielle. Des seuils de β-HCG sont utilisés pour guider le diagnostic échographique. Cependant, le diagnostic précoce de GEU peut être difficile, particulièrement avant 6 SA.

1. Dosage de la β hCG

Le dosage de la β-hCG plasmatique est un élément clé du diagnostic de grossesse extra-utérine (GEU). Cependant, la valeur absolue de la β-hCG ne suffit pas à déterminer le siège ni le terme de la grossesse. Il est crucial de noter qu'il existe plusieurs standards de référence et anticorps monoclonaux pour le dosage de la β-hCG, rendant la comparaison des résultats entre laboratoires difficile. Seuls les taux issus d'un même laboratoire peuvent être comparés. Le concept de seuil de discrimination, initialement fixé à 6000 UI/l en 1981, a évolué grâce aux améliorations des échographes et à l'utilisation de sondes endovaginales, atteignant 1500 UI/l en 2000. Dans l'étude, 42,4% des 106 dosages de β-hCG effectués ont montré des taux compris entre 500 et 6000 UI/L, soulignant l'importance de la corrélation entre le dosage sanguin et les examens complémentaires pour un diagnostic précis.

2. Échographie

L'échographie, notamment l'échographie endovaginale et sus-pubienne, joue un rôle essentiel dans le diagnostic de la grossesse extra-utérine (GEU). L'échographie sus-pubienne a été pratiquée dans tous les cas de l'étude. La vacuité utérine, c'est-à-dire l'absence de sac gestationnel intra-utérin visible à partir de 5 semaines d'aménorrhée, est un signe important. La présence d'une masse annexielle (MLU), souvent un hémosalpinx, peut être détectée, mais sa sensibilité et sa spécificité sont limitées (autour de 50%). Un épanchement liquidien du cul-de-sac de Douglas, se manifestant par une plage anéchogène derrière l'utérus, constitue un signe d'alerte, bien que peu sensible. La difficulté diagnostique réside dans les GEU précoces, où une dilatation tubaire minimale peut passer inaperçue à l'échographie. Le diagnostic par échographie est donc crucial mais doit être corrélé avec d'autres éléments pour une confirmation du diagnostic de GEU.

3. Cœlioscopie et Autres Signes Cliniques

La cœlioscopie est un examen qui peut être utilisé pour confirmer le diagnostic de grossesse extra-utérine (GEU), surtout dans les cas difficiles. Cependant, la cœlioscopie a ses propres limites, notamment pour les GEU précoces où une dilatation tubaire minimale peut rendre la visualisation difficile. La cœlioscopie ne permet pas toujours de différencier une localisation primaire ou secondaire de la GEU. L'aménorrhée (retard de règles) est un symptôme très fréquent, présent chez 100% des patientes de cette étude, et correspond à un retard de 2 à 4 semaines dans 75 à 95% des cas. D’autres symptômes moins spécifiques peuvent être observés, comme des métrorragies. La progestéronémie, bien que stable durant les 8 premières semaines de gestation, a une demi-vie courte et n'est pas aussi informative que la β-hCG. En résumé, un diagnostic de GEU repose sur une combinaison d'éléments cliniques, biologiques (β-hCG) et paracliniques (échographie et éventuellement cœlioscopie).

III.Traitement de la Grossesse Extra Utérine GEU Approches Médicale et Chirurgicale

Le traitement de la GEU comprend des approches médicales et chirurgicales. Le méthotrexate (MTX) est un traitement médical fréquemment utilisé, administré par voie systémique (intraveineuse ou intramusculaire) ou par injection locale sous contrôle échographique ou cœlioscopique. Les résultats montrent des taux de succès variables selon le protocole (injection unique ou doses multiples). Le traitement chirurgical, souvent par cœlioscopie, peut être conservateur (salpingotomie) ou radical (salpingectomie). L'expression tubaire est une technique moins fréquente en raison de ses limites. L'étude suggère que la salpingotomie est la technique de choix pour le traitement conservateur. L'approche médicale par injection unique de MTX semble une alternative au traitement chirurgical dans certains cas.

1. Traitement Médical au Méthotrexate MTX

Le méthotrexate (MTX) est une option thérapeutique majeure pour le traitement de la grossesse extra-utérine (GEU). L'étude explore différentes voies d'administration du MTX : voie systémique (intraveineuse ou intramusculaire) et injection locale sous contrôle échographique ou cœlioscopique. Le protocole à dose unique est comparé à des protocoles à doses multiples. L’efficacité du MTX est évaluée par la diminution des taux de β-hCG. Un échec thérapeutique est constaté lorsqu'il y a ascension des taux de β-hCG malgré une deuxième injection, comme cela a été le cas pour une patiente de cette étude qui a nécessité une laparotomie d'urgence suite à une rupture tubaire. Les taux de succès varient selon les protocoles utilisés. Des études mentionnées dans le texte rapportent des taux de succès entre 85,3% et 94%, selon le protocole choisi (dose unique ou multiple avec ou sans acide folique), le taux de trompe perméable ainsi que le risque de récidive de GEU. L'injection locale, bien que prometteuse, nécessite une cœlioscopie. La surveillance post-traitement est essentielle, incluant un suivi clinique et biologique régulier des taux de β-hCG.

2. Traitement Chirurgical

Le traitement chirurgical de la grossesse extra-utérine (GEU) peut être conservateur ou radical. La cœlioscopie est devenue une approche courante, permettant une salpingotomie (conservation de la trompe) ou une salpingectomie (ablation de la trompe). L'étude discute des techniques cœlioscopiques conservatrices, comme la salpingotomie qui est présentée comme la technique de choix pour le traitement conservateur. La salpingectomie cœlioscopique est décrite comme une intervention rétrograde, impliquant la coagulation et la section de l'isthme tubaire, du mésosalpinx et de son arcade tubaire. L'extraction de la pièce opératoire dans un sac est recommandée pour éviter les implants trophoblastiques péritonéaux. Une toilette abdomino-pelvienne minutieuse est un temps opératoire essentiel pour minimiser les risques d'adhérences postopératoires et d'implantation trophoblastique secondaire. L'expression tubaire, une technique moins utilisée, présente des risques d'échec à court terme et d'occlusion tubaire à long terme. Le document mentionne un taux de succès de 81,4% et un taux de perméabilité tubaire de 80,2% pour cette technique, dans une revue de littérature.

3. Comparaison des Approches Thérapeutiques et Considérations sur la Fertilité

L'étude soulève la question du choix entre un traitement conservateur et un traitement radical pour la grossesse extra-utérine (GEU). L'efficacité et les implications sur la fertilité future de chaque approche sont analysées. Une revue de la littérature indique un taux de succès de 91,8% pour le traitement médical par voie parentérale, avec un risque d'effets secondaires plus élevé que pour le traitement par injection unique de méthotrexate. Une étude récente comparant le méthotrexate cœlioscopique et un traitement conservateur cœlioscopique montre des taux d'échec similaires (3/29 vs 3/24). Concernant la fertilité ultérieure, les traitements conservateurs cœlioscopiques semblent donner de meilleurs résultats (environ 60% de grossesse intra-utérine) que la laparotomie (environ 45%), bien que le taux de récidive de GEU soit comparable (environ 13%). L'étude suggère une alternative au traitement chirurgical par une injection unique de MTX, en raison d'une meilleure fertilité ultérieure comparée aux autres techniques. Le document souligne cependant l’importance de la surveillance rigoureuse après le traitement médical.

IV.Pronostic et Fertilité après Grossesse Extra Utérine GEU

Le pronostic de la GEU est lié à la mortalité maternelle (plus élevée dans les pays en développement) et au risque d'infertilité. La fertilité ultérieure dépend de facteurs propres à la patiente (âge, antécédents d'infertilité) et du traitement. Le traitement conservateur, notamment la cœlioscopie, semble offrir de meilleurs résultats en termes de préservation de la fertilité que la laparotomie.

1. Mortalité Maternelle et Risque d Infertilité

Le pronostic de la grossesse extra-utérine (GEU) est désormais évalué non seulement en fonction de la mortalité maternelle, qui représente encore 10% des cas, mais aussi en fonction du risque d'infertilité. Une différence significative est relevée entre les pays développés et les pays sous-développés. Selon Goyaux, le taux de mortalité maternelle lié à une GEU est 10 fois plus élevé dans les pays sous-développés (1-3%) que dans les pays développés. Cette disparité souligne l'importance de la GEU comme indicateur de santé, reflétant la qualité des systèmes de santé en matière de diagnostic et de traitement. L’étude marocaine, menée au CHU Mohamed IV de Marrakech, ne fournit pas de données spécifiques sur la mortalité liée aux 138 cas de GEU étudiés, mais elle met l’accent sur les aspects pronostiques liés à l’infertilité.

2. Fertilité après GEU et Facteurs Influents

La fertilité après une grossesse extra-utérine (GEU) est un enjeu majeur. Une étude citée, basée sur le registre de la communauté urbaine de Lille, montre que 66 femmes sur 100 ayant subi une GEU ont obtenu une grossesse dans l'année suivant l'épisode, dont 10 cas de récidive. Le pronostic de la fertilité après GEU dépend davantage des caractéristiques de la patiente (âge, antécédents d'infertilité, pathologie tubaire) que des caractéristiques de la GEU et de son traitement. Le choix du traitement (conservateur ou radical) a des implications sur la fertilité future, avec le traitement cœliochirurgical conservateur permettant un taux de grossesse intra-utérine supérieur à celui obtenu par laparotomie (environ 60% vs 45%), bien que les taux de récidive de GEU semblent comparables (environ 13%). Cette information est importante pour conseiller les patientes sur leurs chances de grossesse ultérieure après un traitement de GEU.

3. Conclusion sur le Pronostic

La grossesse extra-utérine reste une pathologie fréquente et grave, représentant une urgence fonctionnelle et parfois vitale. La grande variété de présentations cliniques de la GEU impose une forte suspicion diagnostique chez toute femme en âge de procréer présentant des signes évocateurs. Les progrès des méthodes diagnostiques (dosage de β-hCG, échographie, cœlioscopie) permettent un diagnostic plus précoce et ouvrent la voie à des traitements conservateurs, améliorant ainsi le pronostic en termes de fertilité ultérieure. L'étude conclut que la GEU a un impact négatif sur la fertilité future, mais que les approches thérapeutiques modernes, particulièrement les techniques cœlioscopiques conservatrices, permettent de limiter ce risque et d'optimiser les chances de grossesse ultérieure. La prise en charge globale et personnalisée est essentielle, tenant compte des facteurs de risque individuels et du choix du traitement le plus adapté à chaque patiente.